« Ainsi parlait Zarathoustra (édition 1898) » : différence entre les versions

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Nous ne mordons personne et nous évitons celui qui veut mordre; et en toutes choses nous sommes de l'avis que l'on nous donne."
 
==__MATCH__:[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/129]]==
Et il en est d'autres encore qui aiment les gestes et qui pensent: la vertu est une sorte de geste.
 
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pour que vous vous fatiguiez de dire "une action est bonne, parce qu'elle est désintéressée".
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/130]]==
 
Hélas, mes amis! Que votre "moi" soit dans l'action, ce que la mère est dans l'enfant: que ceci soit votre parole de vertu!
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DE LA CANAILLE
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/131]]==
 
 
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Et plus d'un s'en fut au désert et y souffrit la soif parmi les bêtes sauvages, pour ne points s'asseoir autour de la citerne en compagnie de chameliers malpropres.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/132]]==
 
Et plus d'un, qui arrivait en exterminateur et en coup de grêle pour les champs de blé, voulait seulement pousser son pied dans la gueule de la canaille, afin de lui boucher le gosier.
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Péniblement et avec prudence mon esprit a monté des degrés; les aumônes de la joie furent sa consolation; la vie de l'aveugle s'écoulait, appuyée sur un bâton.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/133]]==
 
Que m'est-il donc arrivé? Comment me suis-je délivré du dégoût? Qui a rajeuni mes yeux? Comment me suis-je envolé vers les hauteurs où il n'y a plus de canaille assise à la fontaine?
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Jetez donc vos purs regards dans la source de ma joie, amis! Comment s'en troublerait-elle? Elle vous sourira avec sa pureté.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/134]]==
 
Nous bâtirons notre nid sur l'arbre de l'avenir; des aigles nous apporterons la nourriture, dans leurs becs, à nous autres solitaires!
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DES TARENTULES
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/135]]==
 
 
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Car il faut que l'homme soit sauvé de la vengeance: ceci est pour moi le pont qui mène aux plus hauts espoirs. C'est un arc-en-ciel après de longs orages.
 
Cependant les tarentules veulent qu'il en soit autrement. "C'est précisément ce que nous appelons justice, quand le
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/136]]==
monde se remplit des orages de notre vengeance" - ainsi parlent entre elles les tarentules.
 
"Nous voulons exercer notre vengeance sur tous ceux qui ne sont pas à notre mesure et les couvrir de nos outrages" - c'est ce que jurent en leurs coeurs les tarentules.
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Chacune de leurs plaintes a des accents de vengeance et chacune de leurs louanges à l'air de vouloir faire mal; pouvoir s'ériger en juges leur apparaît comme le comble du bonheur.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/137]]==
 
Voici cependant le conseil que je vous donne, mes amis, méfiez-vous de tous ceux dont l'instinct de punir est puissant!
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C'est avec ces prédicateurs de l'égalité que je ne veux pas être mêlé et confondu. Car ainsi me parle la justice: "Les hommes ne sont pas égaux."
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/138]]==
 
Il ne faut pas non plus qu'ils le deviennent. Que serait donc mon amour du Surhumain si je parlais autrement?
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En vérité Celui qui assembla jadis ses pensées en un édifice de pierre, dressé vers les hauteurs, connaissait le secret de la vie, comme le plus sage d'entre tous!
 
Il faut que dans la beauté, il y ait encore de la lutte et de l'inégalité et une guerre de puissance et de suprématie,
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/139]]==
c'est ce qu'Il nous enseigne ici dans le symbole le plus lumineux.
 
Ici les voûtes et les arceaux se brisent divinement dans la lutte: la lumière et l'ombre se combattent en un divin effort.-
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DES SAGES ILLUSTRES
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/140]]==
 
 
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Et votre coeur s'est toujours dit: "Je suis venu du peuple: c'est de là aussi que m'est revenue la voix de Dieu."
 
Endurants et
Endurants et rusés, pareils à l'âne, vous avez toujours intercédé pour le peuple.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/141]]==
Endurants et rusés, pareils à l'âne, vous avez toujours intercédé pour le peuple.
 
Et maint puissant qui voulait accorder l'allure de son char au goût du peuple attela devant ses chevaux - un petit âne, un sage illustre!
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C'est dans le désert qu'ont toujours vécu les véridiques, les esprits libres, maîtres du désert; mais dans les villes habitent les sages illustres et bien nourris, - les bêtes de trait.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/142]]==
 
Car ils tirent toujours comme des ânes - le chariot du peuple!
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Il faut que ceux qui cherchent la connaissance apprennent à construire avec des montagnes! c'est peu de chose quand l'esprit déplace des montagnes, - le saviez-vous déjà?
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/143]]==
 
Vous ne voyez que les étincelles de l'esprit: mais vous ignorez quelle enclume est l'esprit et vous ne connaissez pas la cruauté de son marteau!
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LE CHANT DE LA NUIT
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/144]]==
 
 
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Je ne connais pas la joie de ceux qui prennent; et souvent j'ai rêvé que voler était une volupté plus grande encore que prendre.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/145]]==
 
Ma pauvreté, c'est que ma main ne se repose jamais de donner; ma jalousie, c'est de voir des yeux pleins d'attente et des nuits illuminées de désir.
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Que sont devenus les larmes de mes yeux et le duvet de mon coeur? O solitude de tous ceux qui donnent! O silence de tous ceux qui luisent!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/146]]==
 
Bien des soleils gravitent dans l'espace désert: leur lumière parle à tout ce qui est ténèbres, - c'est pour moi seul qu'ils se taisent.
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LE CHANT DE LA DANSE
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/147]]==
 
 
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En vérité, il s'est endormi en plein jour, le fainéant! A-t-il voulu prendre trop de papillons?
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/148]]==
 
Ne soyez pas fâchées contre moi, belles danseuses, si je corrige un peu le petit dieu! il se mettra peut-être à crier et à pleurer, - mais il prête à rire, même quand il pleure!
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Et comme je parlais un jour en tête-à-tête à ma sagesse sauvage, elle me dit avec colère: "Tu veux, tu désires, tu aimes la vie et voilà pourquoi tu la loues!"
 
Peu s'en fallut que je ne lui fisse une dure
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/149]]==
réponse et ne dise la vérité à la querelleuse; et l'on ne répond jamais plus durement que quand on dit "ses vérités" à sa sagesse.
 
Car s'est sur ce pied-là que nous sommes tous les trois. Je n'aime du fond du coeur que la vie - et, en vérité, je ne l'aime jamais tant que quand je la déteste!
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Et quand même tu aurais raison - vient-on vous dire en face de pareilles choses! Mais maintenant parle donc de ta propre sagesse!"
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/150]]==
 
Hélas! tu rouvris alors les yeux, ô vie bien-aimée! Et il me semblait que je retombais dans l'abîme insondable. -
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"Là-
"Là-bas est l'île des tombeaux, l'île silencieuse, là-bas sont aussi les tombeaux de ma jeunesse. C'est là-bas que je vais porter une couronne d'immortelles de la vie."
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/151]]==
"Là-bas est l'île des tombeaux, l'île silencieuse, là-bas sont aussi les tombeaux de ma jeunesse. C'est là-bas que je vais porter une couronne d'immortelles de la vie."
 
Ayant ainsi décidé dans mon coeur - je traversai la mer. -
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Hélas! nous étions faits pour demeurer ensemble, étranges et délicieuses merveilles; et vous ne vous êtes pas approchées de moi en de mon désir, comme des oiseaux timides - mais confiantes en celui qui avait confiance!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/152]]==
 
Oui, créés pour la fidélité, ainsi que moi, et pour la tendre éternité: faut-il maintenant que je vous dénomme d'après votre infidélité, ô regards et moments divins: je n'ai pas encore appris à vous donner un autre nom.
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Cette malédiction contre vous, mes ennemis! Car vous avez raccourci mon éternité, comme une voix se brise dans la nuit glacée! Je n'ai fait que l'entrevoir comme le regard d'un oeil divin, - comme un clin d'oeil!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/153]]==
 
Ainsi à l'heure favorable, ma pureté me dit un jour: "Pour moi, tous les êtres doivent être divins."
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Vous avez toujours envoyé vers ma charité les mendiants les plus imprudents; autour de ma pitié vous avez fait accourir les plus incurables effrontés. C'est ainsi que vous avez blessé ma vertu dans sa foi.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/154]]==
 
Et lorsque j'offrais en sacrifice ce que j'avais de plus sacré: votre dévotion s'empressait d'y joindre de plus grasses offrandes: en sorte que les émanations de votre graisse étouffaient ce que j'avais de plus sacré.
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Elle veut marcher de son allure, sur mes propres jambes, mon ancienne volonté; son sens est dur et invulnérable.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/155]]==
 
Je ne suis invulnérable qu'au talon. Tu subsistes toujours, égale à toi-même, toi ma volonté patiente! tu as toujours passé par toutes les tombes!
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DE LA VICTOIRE SUR SOI-MÊME
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/156]]==
 
 
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Vous avez lancé votre volonté et vos valeurs sur le fleuve du devenir; une vieille volonté de puissance me révèle ce que le peuple croit bon et mauvais.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/157]]==
 
C'est vous, ô sages parmi les sages, qui avez placé de tels hôtes dans ce canot; vous les avez ornés de parures et de noms somptueux, - vous et votre volonté dominante!
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Voici ce que j'entendis en troisième lieu: commander est plus difficile qu'obéir. Car celui qui commande porte aussi le poids de tous ceux qui obéissent, et parfois cette charge l'écrase: -
 
Dans tout commandement j'ai vu
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/158]]==
un danger et un risque. Et toujours, quand ce qui est vivant commande, ce qui est vivant risque sa vie.
 
Et quand ce qui est vivant se commande à soi-même, il faut que ce qui est vivant expie son autorité et soit juge, vengeur, et victime de ses propres lois.
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Et où il y a sacrifice et service rendu et regard d'amour, il y a aussi volonté d'être maître. C'est sur des chemins détournés que le plus faible se glisse dans la forteresse et jusque dans le coeur du plus puissant - c'est là qu'il vole la puissance.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/159]]==
 
Et la vie elle-même m'a confié ce secret: "Voici, m'a-t-elle dit, je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même.
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"Il y a bien des choses que le vivant apprécie plus haut que la vie elle-même; mais c'est dans les appréciations elles-mêmes que parle - la volonté de puissance!"
 
Voilà l'enseignement
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/160]]==
que la vie me donna un jour: et c'est par cet enseignement, ô sages parmi les sages, que je résous l'énigme de votre coeur.
 
En vérité, je vous le dis: le bien et le mal qui seraient impérissables - n'existent pas! Il faut que le bien et le mal se surmontent toujours de nouveau par eux-mêmes.
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Il y a une mer en moi, son
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/161]]==
fond est tranquille: qui donc devinerait qu'il cache des monstres plaisants!
 
Inébranlable est ma profondeur, mais elle brille d'énigmes et d'éclats de rire.
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Il demeure là, comme un tigre qui veut faire un bond; mais je n'aime pas les âmes tendues comme la sienne; leurs réticences me déplaisent.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/162]]==
 
Et vous me dites, amis, que "des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter". Mais toute vie est lutte pour les goûts et les couleurs!
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Son action elle-même n'est encore qu'une ombre projetée sur lui: la main obscurcit celui qui agit. Il n'a pas encore surmonté son acte.
 
Je goûte beaucoup chez
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/163]]==
lui l'échine du taureau: mais maintenant j'aimerais voir aussi le regard de l'ange.
 
Il faut aussi qu'il désapprenne sa volonté de héros: je veux qu'il soit un homme élevé et non pas seulement un homme sublime: - l'éther à lui seul devrait se soulever, cet homme sans volonté!
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Quand la puissance se fait clémente, quand elle descend dans le visible: j'appelle beauté une telle condescendance.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/164]]==
 
Je n'exige la beauté de personne autant que de toi, de toi qui es puissant: que ta bonté soit ta dernière victoire sur toi-même.
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DU PAYS DE LA CIVILISATION
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/165]]==
 
 
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Et avec cinquante miroirs autour de vous, cinquante miroirs qui flattaient et imitaient votre jeu de couleurs!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/166]]==
 
En vérité, vous ne pouviez porter de meilleur masque que votre propre visage, hommes actuels! Qui donc saurait vous - reconnaître?
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Car c'est ainsi que vous parlez: "Nous sommes entièrement faits de réalité, sans croyance et sans superstition." C'est ainsi que vous vous rengorgez, sans même avoir de gorge!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/167]]==
 
Oui, comment pourriez-vous croire, bariolés comme vous l'êtes! - vous qui êtes des peintures de tout ce qui a jamais été cru.
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Malheur à moi si je ne pouvais rire de votre étonnement et s'il me fallait avaler tout ce que vos écuelles contiennent de répugnant!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/168]]==
 
Mais je vous prends à la légère, puisque j'ai des choses lourdes à porter; et que m'importe si des mouches se posent sur mon fardeau!
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DE L'IMMACULÉE CONNAISSANCE
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/169]]==
 
 
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Je vous donne cette parabole, à vous autres hypocrites sensibles, vous qui cherchez la "connaissance pure"! C'est vous que j'appelle - lascifs!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/170]]==
 
Vous aimez aussi la terre et tout ce qui est terrestre: je vous ai bien devinés! - mais il y a dans votre amour de la honte et de la mauvaise conscience, - vous ressemblez à la lune.
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En vérité, vous n'aimez pas la terre comme des créateurs, des générateurs, joyeux de créer!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/171]]==
 
Où y a-t-il de l'innocence? Là où il y a la volonté d'engendrer. Et celui qui veut créer au-dessus de lui-même, celui-là possède à mes yeux la volonté la plus pure.
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Il y a toujours de l'air vicié autour de vous et autour de vos festins: car vos pensées lascives, vos mensonges et vos dissimulations sont dans l'air!
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/172]]==
 
Ayez donc tout d'abord le courage d'avoir foi en vous-mêmes - en vous-mêmes et en vos entrailles! Celui qui n'a pas foi en lui-même ment toujours.
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Elle veut aspirer la mer, et boire ses profondeurs: et le désir de la mer s'élève avec ses mille mamelles.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/173]]==
 
Car la mer veut être baisée et aspirée par le soleil; elle veut devenir air et hauteur et sentier de lumière, et lumière elle-même!
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DES SAVANTS
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/174]]==
 
 
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J'aime la liberté et l'air sur la terre fraîche; j'aime encore mieux dormir sur les peaux de boeufs que sur leurs honneurs et leurs dignités.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/175]]==
 
Je suis trop ardent et trop consumé de mes propres pensées: j'y perds souvent haleine. Alors il me faut aller au grand air et quitter les chambres pleines de poussière.
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Ils travaillent, semblables à des moulins et à des pilons: qu'on leur jette seulement du grain! - ils s'entendent à moudre le grain et à le transformer en blanche farine.
 
Avec méfiance, ils se surveillent les doigts les uns aux autres. Inventifs et petites malices, ils épienté
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/176]]==
pient ceux dont la science est boiteuse - ils guettent comme des araignées.
 
Je les ai toujours vu préparer leurs poisons avec précaution; et toujours ils couvraient leurs doigts de gants de verre.
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DES POÈTES
 
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/177]]==
 
"Depuis que je connais mieux le corps, - disait Zarathoustra à l'un de ses disciples - l'esprit n'est plus pour moi esprit que dans une certaine mesure; et tout ce qui est "impérissable" - n'est aussi que symbole."
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Pourtant que tu disais un jour Zarathoustra? Que les poètes mentent trop. - Mais Zarathoustra lui aussi est un poète.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/178]]==
 
Crois-tu donc qu'en cela il ait dit la vérité? Pourquoi le crois-tu?"
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Et s'il leur vient des émotions tendres, les poètes croient toujours que la nature elle-même est amoureuse d'eux:
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/179]]==
 
Et qu'elle se glisse à leur oreille pour y murmurer des choses secrètes et des paroles caressantes. Ils s'en vantent et s'en glorifient devant tous les mortels!
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Je suis fatigué des poètes, des anciens et des nouveaux. Pour moi ils sont tous superficiels et tous des mers desséchées.
 
Ils
Ils n'ont pas assez pensé en profondeur: c'est pourquoi leur sentiment n'est pas descendu jusque dans les tréfonds.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/180]]==
Ils n'ont pas assez pensé en profondeur: c'est pourquoi leur sentiment n'est pas descendu jusque dans les tréfonds.
 
Un peu de volupté et un peu d'ennui: c'est ce qu'il y eut encore de meilleur dans leurs méditations.
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Le buffle regarde avec colère, son âme est tout près du sable, plus près encore du fourré, mais le plus près du marécage.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/181]]==
 
Que lui importe la beauté et la mer et la splendeur du paon! Tel est le symbole que je dédie aux poètes.
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DES GRANDS ÉVÉNEMENTS
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/182]]==
 
 
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"Voyez donc! dit le vieux pilote, voilà Zarathoustra qui va en enfer!" -
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/183]]==
 
Et à l'époque où ces matelots atterrissaient à l'île de flammes, le bruit courut que Zarathoustra avait disparu; et lorsque l'on s'informa auprès de ses amis, ils racontèrent qu'il avait pris le large pendant la nuit, à bord d'un vaisseau, sans dire où il voulait aller.
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Sors de ta profondeur, chien de feu! me suis-je écrié, et avoue combien ta profondeur est profonde! D'où tires-tu ce que tu craches sur nous?
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/184]]==
 
Tu bois abondamment à la mer: c'est ce que révèle le sel de ta faconde! En vérité, pour un chien des profondeurs, tu prends trop ta nourriture de la surface!
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Et j'ajoute encore ces paroles pour les destructeurs de colonnes. C'est bien là la plus grande folie que de jeter du sel dans la mer et des colonnes dans la fange.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/185]]==
 
La colonne était couchée dans la fange de votre mépris: mais sa loi veut que pour elle renaisse du mépris la vie nouvelle et la beauté vivifiante!
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Lorsque j'eus ainsi parlé, le chien de feu parut fou de jalousie. "Comment? s'écria-t-il, la bête la plus importante sur terre? Et l'on croit qu'il l'est". Et il sortit de son gosier tant de vapeurs et de bruits épouvantables que je crus qu'il allait étouffer de colère et d'envie.
 
Enfin, il finit par se taire et ses hoquets diminuèrent; mais dès qu'il se fut tu, je dis en riant: "
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/186]]==
Tu te mets en colère, chien de feu: donc j'ai raison contre toi!
 
Et, afin que je garde raison, laisse-moi t'entretenir d'un autre chien de feu: celui-là parle réellement du coeur de la terre.
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Une chose est certaine: il faut que je la tienne plus sévèrement, autrement elle finira par me gâter ma réputation."
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/187]]==
 
Et encore une fois Zarathoustra secoua la tête avec étonnement: "Que dois-je penser de cela? répéta-t-il.
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"...
"... et je vis une grande tristesse descendre sur les hommes. Les meilleurs se fatiguèrent de leurs oeuvres.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/188]]==
"... et je vis une grande tristesse descendre sur les hommes. Les meilleurs se fatiguèrent de leurs oeuvres.
 
Une doctrine fut mise en circulation et à côté d'elle une croyance: "Tout est vide, tout est pareil, tout est passé!"
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"Hélas! où y a-t-il encore une mer où l'on puisse se noyer?" ainsi résonne notre plainte - cette plainte qui passe sur les plats marécages.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/189]]==
 
En vérité, nous nous sommes déjà trop fatigués pour mourir, maintenant nous continuons à vivre éveillés - dans des caveaux funéraires!"
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Il est encore une énigme pour moi, ce rêve; son sens est caché en lui et voilé; il ne vole pas encore librement au-dessus de lui.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/190]]==
 
J'avais renoncé à toute espèce de vie; tel fut mon rêve. J'étais devenu veilleur et gardien des tombes, là-bas sur la solitaire montagne du château de la Mort.
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Trois fois des coups frappèrent à la porte, semblables au tonnerre, les voûtes retentirent et hurlèrent trois fois de suite: alors je m'approchai de la porte.
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/191]]==
 
Alpa! m'écriais-je, qui porte sa cendre vers la montagne? Alpa! Alpa! qui porte sa cendre vers la montagne?
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N'es-tu pas toi-même le cercueil plein de méchancetés multicolores et plein des angéliques grimaces de la vie?
 
En vérité, pareil à mille éclats de rire d'enfants, Zarathoustra vient dans toutes les chambres mortuaires, riant
==[[Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/192]]==
de tous ces veilleurs et de tous ces gardiens des tombes, et de tous ceux qui agitent leurs clefs avec un cliquetis sinistre.
 
Tu les effrayeras et tu les renverseras de ton rire; la syncope et le réveil prouveront ta puissance sur eux.
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Mais comme tu t'est réveillé d'eux et que tu es revenu à toi-même, ainsi ils doivent se réveiller d'eux-mêmes - et venir à toi!" -
 
Ainsi parlait le disciple; et tous les autres se pressaient autour de Zarathoustra et ils saisissaient ses mains et ils voulaient le convaincre de quitter son lit et sa tristesse, pour revenir à eux. Cependant Zarathoustra était assis droit sur sa couche avec des yeux étranges. Pareil à quelqu'un qui revient d'une longue absence, il regarda ses disciples et interrogea leurs visages; et il ne les reconnaissait pas encore. Mais lorsqu'ils le soulevèrent et qu'ils le placèrent sur ses jambes, son oeil se transforma
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tout à coup; il comprit tout ce qui était arrivé, et en se caressant la barbe, il dit d'une voix forte:
 
"Allons! tout cela viendra en son temps; mais veillez, mes disciples, à ce que nous fassions un bon repas, et bientôt! - c'est ainsi que je pense expier mes mauvais rêves!
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DE LA RÉDEMPTION
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RÉDEMPTION
 
 
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Mais Zarathoustra répondit ainsi à celui qui avait parlé: si l'on enlève au bossu sa bosse, on lui prend en même temps son esprit - c'est ainsi qu'enseigne le peuple. Et si l'on rend ses yeux à l'aveugle, il voit sur terre trop de choses mauvaises: en sorte qu'il maudit celui qui l'a guéri. Celui cependant qui fait courir le boiteux lui fait le plus grand tort: car à peine sait-il courir que ses vices l'emportent. - Voilà ce que le peuple enseigne au sujet des infirmes. Et pourquoi Zarathoustra n'apprendrait-il pas du peuple ce que le peuple a appris de Zarathoustra?
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Mais, depuis que j'habite parmi les hommes, c'est pour moi la moindre des choses de m'apercevoir de ceci: "A l'un manque un oeil, à l'autre une oreille, un troisième n'a plus de jambes, et il y en a d'autres qui ont perdu la langue, ou bien le nez, ou bien encore la tête."
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Lorsque Zarathoustra eut ainsi parlé au bossu et à ceux dont le bossu était l'interprète et le mandataire, il se tourna du côté de ses disciples, avec un profond mécontentement, et il leur dit:
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En vérité, mes amis, je marche parmi les hommes comme parmi des fragments et des membres d'homme!
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Et toutes mes pensées tendent à rassembler et à unir en une seule chose ce qui est fragment et énigme et épouvantable hasard.
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Et comment supporterais-je d'être homme, si l'homme n'était pas aussi poète, devineur d'énigmes et rédempteur du hasard!
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Et c'est pourquoi, par rage et par dépit, elle soulève des pierres et elle se venge de celui qui n'est pas, comme elle, rempli de rage et de dépit.
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Ainsi la volonté libératrice est devenue malfaisante; et elle se venge sur tout ce qui est capable de souffrir de ce qu'elle ne peut revenir elle-même en arrière.
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"Peut-il y avoir rédemption s'il y a un droit éternel? Hélas! on ne peut soulever la pierre du passé: il faut aussi que tous les châtiments soient éternels!" Ainsi a proclamé la folie.
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"Nul acte ne peut être détruit: comment pourrait-il être supprimé par le châtiment! Ceci, oui ceci est ce qu'il y a d'éternel dans l'"existence", ce châtiment, que l'existence doive redevenir éternellement action et châtiment!
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Il faut que la volonté, qui est la volonté de puissance, veuille quelque chose de plus haut que la réconciliation, - : mais comment? Qui lui enseignera encore à vouloir en arrière?
 
Mais en cet endroit de son discours, Zarathoustra s'arrêta soudain, semblable à quelqu'un qui s'effraie extrêmementextrê
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mement. Avec des yeux épouvantables, il regarda ses disciples; son regard pénétrait comme une flèche leurs pensées et leurs arrière-pensées. Mais au bout d'un moment, il recommença déjà à rire et il dit avec calme:
 
"Il est difficile de vivre parmi les hommes, parce qu'il est si difficile de se taire. Surtout pour un bavard." -
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DE LA SAGESSE DES HOMMES
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Je suis assis devant le portique pour tous les coquins et je demande: Qui veut me tromper?
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Ceci est ma première sagesse humaine de me laisser tromper, pour ne pas être obligé de me tenir sur mes gardes à cause des trompeurs.
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Ils se représentent, ils s'inventent; auprès d'eux j'aime à regarder la vie, - ainsi se guérit la mélancolie.
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C'est pourquoi je ménage les vaniteux, puisqu'ils sont les médecins de ma mélancolie, et puisqu'ils m'attachent à l'homme comme à un spectacle.
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Et souvent je me suis demandé en secouant la tête: pourquoi sonnez-vous encore, serpents à sonnettes?
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En vérité, il y a un avenir, même pour le mal, et le midi le plus ardent n'est pas encore découvert pour l'homme.
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Hélas! je me suis fatigué de ces hommes supérieurs, je suis fatigué des meilleurs d'entre eux: j'ai le désir de monter de leur "hauteur", toujours plus haut, loin d'eux, vers le Surhumain!
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Un frisson m'a pris lorsque je vis nus les meilleurs d'entre eux: alors des ailes m'ont poussé pour planer ailleurs dans des avenirs lointains.
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L'HEURE LA PLUS SILENCIEUSE
 
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L'aiguille s'avançait, l'horloge de ma vie respirait, jamais je n'ai entendu un tel silence autour de moi: en sorte que mon coeur s'en effrayait.
 
Soudain j'entendis l'Autre qui me disait sans voix: "Tu le sais Zarathoustra." -
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sans voix: "Tu le sais Zarathoustra." -
 
Et je criais d'effroi à ce murmure, et le sang refluait de mon visage, mais je me tus.
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Alors l'Autre reprit sans voix: "O Zarathoustra, qui a des montagnes à déplacer, déplace aussi des vallées et des bas-fonds." -
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Et je répondis: "Ma parole n'a pas encore déplacé de montagnes etce que j'ai dit n'a pas atteint les hommes. Il est vrai que je suis allé chez les hommes, mais je ne les ai pas encore atteints."
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Alors l'Autre me dit encore comme en un murmure: "Ce sont les paroles les plus silencieuses qui apportent la tempête. Ce sont les pensées qui viennent comme portées sur des pattes de colombes qui dirigent le monde.
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O Zarathoustra, tu dois aller comme le fantôme de ce qui viendra un jour; ainsi tu commanderas et, en commandant, tu iras de l'avant." -
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Cependant je vous ai aussi appris à savoir quel est toujours le plus discret parmi les hommes - et qui veut être discret!
 
Hélas! mes amis! J'aurais encore quelque chose à vous dire, j'aurais encore quelque chose à vous donner! Pourquoi est-ce que je
=== no match ===
ne vous le donne pas? Suis-je donc avare?
 
Mais lorsque Zarathoustra eut dit ces paroles, la puissance de sa douleur s'empara de lui à la pensée de bientôt quitter ses amis, en sorte qu'il se mit à sangloter; et personne ne parvenait à le consoler. Pourtant de nuit il s'en alla tout seul, en laissant là ses amis.