« Poètes et romanciers modernes de la Grande-Bretagne/02 » : différence entre les versions

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En feuilletant les histoires antiques, je me suis bien souvent demandé pourquoi la biographie, c’est-à-dire l’élément individuel, le portrait et l’analyse de l’âme humaine aux prises avec les mille obstacles de la vie familière et quotidienne, y tenait si peu de place ; pourquoi Xénophon et Thucydide, Tite-Live et Tacite lui-même accordaient tant aux choses et si peu à l’humanité ; pourquoi, malgré les lueurs éclatantes qui se projettent sur les caractères mystérieux de Néron et de Tibère, le plus hardi penseur de la Rome impériale répugne si obstinément aux peintures d’intérieur. Plutarque lui-même, qui s’intitule biographe des hommes illustres, ne laisse échapper qu’à regret de sa plume de rhéteur les détails naïfs et simples, plus instructifs cent fois que ces solennels parallèparallèles
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les entre les généraux d’Athènes et de Lacédémone, dont il a légué le modèle aux pédans de collège.
 
N’est-ce pas que le polythéisme, en plaçant les dieux eux-mêmes sous la domination du destin, enlevait à l’homme son plus beau privilège, le libre arbitre ? N’est-ce pas que dans une société où Thémistocle invoquait le sens obscur d’un oracle, pour décider une expédition, où les plus lointaines campagnes dépendaient de l’ignorance ou de la fourberie d’un aruspice, l’homme n’avait qu’un rôle secondaire, et n’était qu’un instrument au lieu d’être une volonté ? N’est-ce pas que, dans le monde antique, les générations, au lieu d’être livrées au gouvernement de la raison, n’étaient, aux yeux du philosophe, qu’un océan docile, sillonné douloureusement selon le caprice qu’ils appelaient ''fatum ? ''