« L’Égypte, la Nubie, et autres » : différence entre les versions
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{{journal|L’Egypte, la Nubie, et autres|[[Rifaud]]|[[Revue des Deux Mondes]]T.1, 1830}}
[[Catégorie:Égypte]]▼
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Dédié à S. A. R. Madame, Duchesse de Berry (1)▼
▲Dédié à S. A. R. Madame, Duchesse de Berry
M. Rifaud est rentré en France à la fin de 1827, après une absence de vingt-deux ans. Pendant ce long espace de temps, il a parcouru d’abord l’Italie, l’Espagne, Malte, les îles Baléares, la Turquie, l’Asie-Mineure et l’Archipel. En 1812, il quitta Smyrne pour se rendre en Égypte, et c’est à visiter ce pays, la Nubie et les contrées voisines qu’il a employé les treize années qui se sont écoulées jusqu’à son retour dans sa patrie. Le livre que nous annonçons aujourd’hui n’est que l’avant-coureur d’un grand ouvrage que l’auteur doit publier bientôt et qui contient ses observations et le résultat de ses nombreux et variés travaux sur l’histoire naturelle (botanique et zoologie), les antiquités, la géographie, la topographie, les moeurs, usages, professions, la chirurgie, la médecine, l’agriculture, les arts industriels, les beaux-arts, la météorologie, etc. M. Rifaud revient avec près de huit mille dessins d’objets inédits dans l’antiquité et d’histoire naturelle, coloriés avec le soin le plus scrupuleux. Il a trouvé soixante-six statues ; six monumens et temples ont été déterrés et déblayés par ses soins dans l’enceinte de l’ancienne Thèbes ; et deux cents inscriptions hiéroglyphiques, cubiques, grecques, latines et arabes ont été transcrites de sa main ; il rapporte en outre, de nombreuses collection en nature, et l’on pourra ainsi vérifier l’exactitude de ses dessins. ▼
▲M. Rifaud est rentré en France à la fin de 1827, après une absence de vingt-deux ans. Pendant ce long espace de temps, il a parcouru d’abord l’Italie, l’Espagne, Malte, les îles Baléares, la Turquie, l’Asie-Mineure et l’Archipel. En 1812, il quitta Smyrne pour se rendre en Égypte, et c’est à visiter ce pays, la Nubie et les contrées voisines qu’il a employé les treize années qui se sont écoulées jusqu’à son retour dans sa patrie. Le livre que nous annonçons aujourd’hui n’est que l’avant-coureur d’un grand ouvrage que l’auteur doit publier bientôt et qui contient ses observations et le résultat de ses nombreux et variés travaux sur l’histoire naturelle (botanique et zoologie), les antiquités, la géographie, la topographie, les
''Le tableau de l’Egypte'' peut se diviser en deux parties : la première renferme toutes les instructions générales nécessaires au voyageur qui veut parcourir l’Egypte. Les relations avec les autorités européennes ou du pays, le caractère des diverses classes ou races d’habitans, la manière de traiter avec elles, l’hygiène, le prix des denrées, la manière de se vêtir, de se nourrir, les moyens de transport, les fouilles des monumens, les acquisitions d’objets d’antiquités, l’art de recueillir des renseignemens, de former et de conserver des collections, y sont l’objet de nombreuses et sages observations, et de judicieux conseils. La deuxième partie de l’ouvrage contient une suite d’excursions, d’itinéraires proprement dits, au moyen desquels on peut tracer sa route dans tous les sens. L’auteur indique chaque ville ou village, les objets qu’il y visiter, les précautions à prendre. On pourra juger de l’importance et de l’exactitude presque minutieuse du travail de M. Rifaud, par les deux morceaux suivans.▼
▲''Le tableau de
<center>'''§ I. – Costume du voyageur en Orient.'''</center>
« Malgré l’empire de l’habitude et la commodité de leur costume, les Européens qui visitent
« Le turban des ''musulmans'' est blanc ou rouge. A certaines modifications de ce turban, on juge de la qualité de celui qui le porte ; car y en a à la ''militaire'', à la ''marchande'', à la ''marinière'', à la ''turque'', à ''l’albanaise'', à ''l’arnaute'', à la ''cadi'', à la ''moufti'', à la ''derviche'', etc. Les Francs ont le droit de porter le turban rouge ou le turban blanc, à la manière militaire, ou à la mode marchande. Du reste, ils adoptent la pelisse et les babouches jaunes ou rouges, comme les vrais musulman. Moyennant 7 ou 800 piastres, on se procure un costume turc simple, mais assorti. L’essentiel est de faire en sorte que les diverses parties de l’habillement soient en harmonie entre elles, qu’on ne paraisse pas être militaire par une extrémité, tandis qu’on décèlerait un marchand dans l’autre. Le mieux pour ceci est d’observer ce qui est de convenance, plutôt que d’adopter un costume par fantaisie ou par commodité. Le costume à la mameluk est plus élégant et plus commode pour les cavaliers que le pur costume turc ; rien n’empêche les Francs de le choisir. Chacun est autorisé à porter telles armes qu’il veut ; mais, parmi les Turcs, l’usage est de n’avoir qu’un sabre, à moins que l’on ne soit en voyage, auquel cas on joint au sabre des pistolets et un candjar (poignard). La pipe est un accessoire obligé du costume à la '' turque'' ; mais elle n’est pas de mise lorsqu’on s’habille à la manière des ''
<center>'''§ II. – La ville et la mosquée de Tantah
« Il y a trois foires à Tantah dans l’année. Celle à laquelle j’assistai, se tient au mois d’avril, et c’est la plus considérable : elle dure un mois. On y trouve tout ce qu’on peut désirer : les étoffes, les épices et les parfums de l’Inde, les tissus de Cachemire et les produits de l’Europe. Les marchands qui la fréquentent m’ont paru beaucoup plus nombreux que ceux qui se réunissent à Beaucaire : les baraques construites sur deux rangs, s’étendent dans la plaine sur une longueur de quatre lieues. Presque toute
« SAÏD ''le Bédouin'' fait plus que de consoler les femmes négligées ; il guérit aussi beaucoup d’infirmités et de maladies. Non loin de là se trouve un petit lac qui reçoit les égouts et les immondices de la mosquée. A l’entour sont disposées des lampes que l’on a soin d’allumer la nuit ; et alors ceux qui ont des plaies ou des affections cutanées, s’y viennent plonger pendant une heure. Si une immersion ne suffit pas, on recommence jusqu’à parfaite guérison. Cette méthode curative réussit presque toujours ; mais quoique bien décidé à en laisser le mérite à. Saïd, je regrette de n’avoir pas été à même de faire l’analyse des eaux du lac miraculeux.
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« Le dôme de la mosquée est recouvert à l’extérieur, et couronné par un croissant en bronze qui pose sur plusieurs boules de même métal. Les deux minarets, entre lesquels s’élève le dôme, sont très-élevés et de forme octogone ; l’un est orné de palmettes et surmonté d’un beau croissant ; l’autre de boules en bronze. Ces minarets ont deux galeries. Quinze colonnes de marbre blanc sur trois rangs soutiennent la couverture du réservoir, lequel forme un carré long. Autour sont les privés, où tout le monde, hommes et femmes, vient faire ses ablutions. Ce lieu semble voué à une puanteur perpétuelle, quoique l’eau en soit renouvelée chaque matin. Les chapiteaux des colonnes des minarets ont été tirés de monumens grecs et juifs, et sont en général très-beaux et bien conservés. Il y a des colonnes en granit rose, en marbre blanc, d’autres en pierre calcaire, et le tout d’un seul fût.
« A la partie gauche du puits qui se trouve en entrant par la première porte de la mosquée, à l’ouest, on voit une superbe grille en bronze, ainsi que la fenêtre par laquelle on distribue l’eau aux ''sakas'' (porteurs d’eau), par le moyen d’un grand entonnoir qui s’emplit à l’intérieur et se vide au dehors dans les outres des sakas. Deux hommes font mouvoir les roues d’un appareil qui porte l’eau dans un bassin en pierre, de cinq pieds et demi de diamètre et d’autant de profondeur, situé près de la grille de séparation ; là sont postés les hommes qui livrent l’eau aux sakas. Ce service est parfaitement conduit. La cuisine et le four de la mosquée sont à gauche du puits. On voit dans la cuisine deux grandes chaudières suffisant ensemble à la cuisson de trois bœufs ; elles servent à préparer ce que les dévots apportent pour la nourriture des pauvres et des aveugles. Les offrandes y sont précipitées à mesure qu’elles arrivent, si telle est la volonté des donateurs. Cette ''macédoine'' de
La mosquée de
Tantah renferme aussi de grande ''hanquelles'' (Bazars), bâties avec solidité. Une de ces hanquelles est spécialement affectée à la soierie ; une autre l’est aux toiles de tout genre : on rencontre celle-ci au sud de la mosquée. Plus bas, en face, est celle des toiles peintes, mouchoirs, etc. Pendant la durée de la foire, on vend dans le cloître de la mosquée des jouets d’enfant, en fer-blanc, en bois, en poterie ; la plupart du temps, ce sont des tambours de diverses grandeurs, de divers genres. C’est dans les hanquelles que les marchands étrangers déposent leurs marchandises ; il en arrive de la Turquie, de l’Anatolie, de la Perse, des Indes et de plusieurs parties de l’Afrique. Ces derniers apportent des plumes d’autruche, du tamarin, des nègres, des négresses, etc.
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On trouvera dans mon grand ouvrage des observations plus étendues sur Tantah. J’ajouterai seulement ici que cette ville est déchue de ce qu’elle était naguère, et qu’aussitôt la foire finie et le départ des étrangers, elle ne paraît plus qu’une ville solitaire et abandonnée.
RIFAUD.
▲[[Catégorie:Égypte]]
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