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La population est un des principaux élémens, et même le principal, d’après lequel on peut mesurer l’importance des états. Nous croyons que l’essai de M. Balbi, sur la population actuelle du globe, peut rectifier bien des erreurs, généralement admises comme des vérités. Il servira de base aux différens articles géographiques et statistiques que nous nous proposons de publier dans ce recueil et contribuera à fixer aussi les idées de nos lecteurs, relativement aux assertions si diverses, émises par les savans sur cet intéressant sujet ; il est extrait de son ''Abrégé de Géographie'' actuellement sous presse
Malgré les opinions les plus contradictoires, publiées depuis deux siècles et reproduites de nos jours, sur la population du globe, la connaissance du nombre approximatif de ses habitans n’est pas un problème insoluble pour ceux qui s’occupent sérieusement de géographie statistique. Dans la recherche de cette vérité comme dans celle de tant d’autres, où il est question de sujets variables en eux-mêmes, et provenant de sources très différentes, il faut, avant tout, commencer par ne mettre ensemble que des élémens comparables, et par faire un choix de ceux qui méritent d’être discutés. On remplit la première condition du problème, en réunissant toutes les opinions qui se rapportent à la même époque, ou à des époques peu éloignées les unes des autres ; on satisfait à la seconde, en rejetant toutes les évaluations, qui n’étant basées ni sur des faits positifs, ni sur des raisonnemens, sont évidemment erronées. En procédant de la sorte, on verra s’évanouir cette étonnante disparité d’opinions sur le nombre d’habitans d’une même contrée, disparité qui a valu plus d’une fois à la géographie statistique d’injustes reproches, et tout récemment, le dédain de quelques savans d’ailleurs estimables, mais étrangers à cette branche de connaissances.
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Le général Andréossi, en faisant un calcul sur la quantité d’eau consommée journellement à Constantinople, trouva que cette ville, sans y comprendre Scutari et les villages de la rive gauche du Bosphore, pouvant avoir 597,600 habitans, nombre presque identique avec les résultats qu’il obtint d’un autre calcul sur la consommation journalière de pain faite dans cette ville. Par ce nouveau procédé, et en y comprenant Scutari et les villages exclus du calcul précédent, Constantinope aurait eu 630,000 habitans.
Ce sont ces différentes méthodes tantôt isolées, tantôt combinées entre elles, que nous avons employées selon les circonstances, pour déterminer le nombre approximatif des habitans de tous les pays compris dans la seconde classe. Nous regrettons que notre cadre ne nous permette pas d’entrer dans de plus grands détails; mais nous renvoyons au mémoire de M. Jomard, sur la ''population comparée de
Le tableau suivant offre les étonnantes contradictions des savans et des géographes, relativement à la population du globe. On sera peut-être supris de ne pas trouver cités les nombreux auteurs des ''géographies modernes'', des ''tableaux'' et ''atlas statistiques'', des ''dictionnaires''et une foule d’autres ouvrages qui depuis quelques années inondent le public. Mais les recherches que nous avons faites pour rédiger le ''Compendio di Geographia universale'', la ''Balance politique du globe'' et et ''abrégé'' nous ayant convaincu que toutes les évaluations renfermées dans ces ouvrages ne sont que la reproduction des calculs des statisticiens allemands, et surtout de Hassel, quoique presque toujours sans les indiquer, nous avons pensé qu’il était inutile de citer les copies, lorsque nous présentions les originaux. Cependant nous nous sommes permis quelques exceptions à l’égard d’un petit nombre de géographes, distingués, qui, tout en adoptant, soit en totalité, soit en partie les évaluation des statisticiens allemands et quelquefois les nôtres, ajoutaient à l’importance des unes ou des autres en se rangeant du côté de leurs auteurs. Nous citerons entre autres, M. Letronne, M. Denaix, et MM. Eyriès et Walckenaer, et les savans rédacteurs de l’''Almanach de Gotha''. Notre silence à l’égard de M. Ritter vient de ce que ce géographe célèbre, ayant dirigé toutes ses recherches sur la configuration physique du globe et ses rapports avec l’homme, est resté pour ainsi-dire étranger aux questions qui forment le domaine de la statistique.
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Les auteurs de l’''histoire universelle anglaise, vers le milieu du dix-huitième siècle : 4,000,000,000 habitans.
Cette prodigieuse disparité d’opinions, qui paraît d’abord inexplicable, n’offre aucune difficulté pour tous ceux qui ont suivi la marche progressive de la géographie et de la statistique. Ils voient d’un coup-d’oeil quelles sont les estimations qui doivent être rejetées comme erronées, et quels sont les élémens qui ont contribué à trop élever ou à trop abaisser d’autres évaluations admises dans ce tableau. Qui ne voit, par exemple, que les évaluations du théologien Canz et du philologue Vossius, de Volney et de Struick, sont évidemment fautives en moins, tandis que celles des auteurs de la grande ''Histoire universelle anglaise'', de Voltaire, de Beausobre, de Sussmilch, et autre savans, le sont en plus? L’examen même le plus superficiel sur la répartition des sommes assignées par ces auteurs à chaque partie du monde démontre l’absurdité de leurs calculs. Le ''Statistischer Umriss'' de Hassel, pour les années 1822 et 1824 malgré les er’reurs partielles qu’on y rencontre, est toujours le plus grand travail que l’on ait encore fait sur ce sujet. Nous ne connaissons que par un extrait donné dans les ''
Mais abandonnant ces récriminations qui n’ont rien à démêler avec la science qui nous occupe, passons à l’examen des faits et à l’analyse des opinions des principaux géographes, sur la population des grandes régions de la terre, qui ont servi de base à nos évaluations.
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