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==__MATCH__:[[Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/11]]==
 
La population est un des principaux élémens, et même le principal, d’après lequel on peut mesurer l’importance des états. Nous croyons que l’essai de M. Balbi, sur la population actuelle du globe, peut rectifier bien des erreurs, généralement admises comme des vérités. Il servira de base aux différens articles géographiques et statistiques que nous nous proposons de publier dans ce recueil et contribuera à fixer aussi les idées de nos lecteurs, relativement aux assertions si diverses, émises par les savans sur cet intéressant sujet ; il est extrait de son ''Abrégé de Géographie'' actuellement sous presse (<ref>ABRÉGÉ DE GÉOGRAPHIE, d’après les derniers traités de paix et les découvertes les plus récentes, précédé d’un examen raisonné de l’état actuel des connaissances géographiques et des difficultés qu’offre la description de la terre; d’un aperçu sur la géographie astronomique, physique et politique; des définitions les plus importantes, d’observations critiques sur la population actuelle du globe; de la classification de ses habitans d’après les langues et les religions, offrent d’après un nouveau plan pour chaque partie du monde, les principaux faits de la géographie physique et politique, la description de tous les états d’Europe et d’Amérique et des principaux états de l’Asie, de l’Afrique et de l’Océanie, et de leurs villes principales; les divisions politiques de 1789 comparées aux divisions politiques actuelles; l’indication des religions et des langues différentes, des ressources de chaque état, des principaux articles de leur industrie et de leur commerce; leurs divisions administratives actuelles ; et pour leurs villes principales, l’indication des établissemens littéraires et scientifiques les plus importans, des édifices les plus remarquables, du nombre des habitans, etc., etc., ouvrage destiné à la jeunesse française et à tous ceux qui s’occupent de politique, de commerce et de recherches historiques, par ADRIEN BLABI; 1) vol. In-8°, chez Renouard, libraire, rue de Tournon, à Paris.</ref>
 
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<small>(1) ABREGE DE GEOGRAPHIE, d’après les derniers traités de paix et les découvertes les plus récentes, précédé d’un examen raisonné de l’état actuel des connaissances géographiques et des difficultés qu’offre la description de la terre; d’un aperçu sur la géographie astronomique, physique et politique; des définitions les plus importantes, d’observations critiques sur la population actuelle du globe; de la classification de ses habitans d’après les langues et les religions, offrent d’après un nouveau plan pour chaque partie du monde, les princippaux faits de la géographie physique et politique, la description de tous les états d’Europe et d’Amérique et des principaux états de l’Asie, de l’Afrique et de l’Océanie, et de leurs villes principales; les divisions politiques de 1789 comparées aux divisions politiques actuelles; l’indication des religions et des langues différentes, des ressources de chaque état, des principaux articles de leur industrie et de leur commerce; leurs divisions administratives actuelles ; et pour leurs villes principales, l’indication des établissemens littéraires et scientifiques les plus importans, des édifices les plus remarquables, du nombre des habitans, etc., etc., ouvrage destiné à la jeunesse française et à tous ceux qui s’occupent de politique, de commerce et de recherches historiques, par ADRIEN BLABI; 1 vol. In-8°, chez Renouard, libraire, rue de Tournon, à Paris.</small><br />
 
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Malgré les opinions les plus contradictoires, publiées depuis deux siècles et reproduites de nos jours, sur la population du globe, la connaissance du nombre approximatif de ses habitans n’est pas un problème insoluble pour ceux qui s’occupent sérieusement de géographie statistique. Dans la recherche de cette vérité comme dans celle de tant d’autres, où il est question de sujets variables en eux-mêmes, et provenant de sources très différentes, il faut, avant tout, commencer par ne mettre ensemble que des élémens comparables, et par faire un choix de ceux qui méritent d’être discutés. On remplit la première condition du problème, en réunissant toutes les opinions qui se rapportent à la même époque, ou à des époques peu éloignées les unes des autres ; on satisfait à la seconde, en rejetant toutes les évaluations, qui n’étant basées ni sur des faits positifs, ni sur des raisonnemens, sont évidemment erronées. En procédant de la sorte, on verra s’évanouir cette étonnante disparité d’opinions sur le nombre d’habitans d’une même contrée, disparité qui a valu plus d’une fois à la géographie statistique d’injustes reproches, et tout récemment, le dédain de quelques savans d’ailleurs estimables, mais étrangers à cette branche de connaissances.
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Le général Andréossi, en faisant un calcul sur la quantité d’eau consommée journellement à Constantinople, trouva que cette ville, sans y comprendre Scutari et les villages de la rive gauche du Bosphore, pouvant avoir 597,600 habitans, nombre presque identique avec les résultats qu’il obtint d’un autre calcul sur la consommation journalière de pain faite dans cette ville. Par ce nouveau procédé, et en y comprenant Scutari et les villages exclus du calcul précédent, Constantinope aurait eu 630,000 habitans.
 
Ce sont ces différentes méthodes tantôt isolées, tantôt combinées entre elles, que nous avons employées selon les circonstances, pour déterminer le nombre approximatif des habitans de tous les pays compris dans la seconde classe. Nous regrettons que notre cadre ne nous permette pas d’entrer dans de plus grands détails; mais nous renvoyons au mémoire de M. Jomard, sur la ''population comparée de l’Egyptel’Égypte ancienne et moderne'', ceux qui voudraient savoir jusqu’à quel point un statisticien habile peut tirer parti de l’emploi de ces moyens indirects, non-seulement pour connaître la population actuelle d’un pays, mais même pour s’élever à la connaissance de celle qu’il possédait dans l’antiquité la plus reculée. Ils verront de quelle manière lumineuse ce savant a su réduire à leur juste valeur les estimations exagérées et Wallace, de Goguet et d’autres érudits du dernier siècle, qui fondaient leurs calculs sur des renseignements fournis par des passages d’auteurs anciens mal interprétés, sur l’estimation erronée de la superficie de cette contrée, et en admettant des rapports inexacts entre le nombre des naissances et celui des vivans.
 
Le tableau suivant offre les étonnantes contradictions des savans et des géographes, relativement à la population du globe. On sera peut-être supris de ne pas trouver cités les nombreux auteurs des ''géographies modernes'', des ''tableaux'' et ''atlas statistiques'', des ''dictionnaires''et une foule d’autres ouvrages qui depuis quelques années inondent le public. Mais les recherches que nous avons faites pour rédiger le ''Compendio di Geographia universale'', la ''Balance politique du globe'' et et ''abrégé'' nous ayant convaincu que toutes les évaluations renfermées dans ces ouvrages ne sont que la reproduction des calculs des statisticiens allemands, et surtout de Hassel, quoique presque toujours sans les indiquer, nous avons pensé qu’il était inutile de citer les copies, lorsque nous présentions les originaux. Cependant nous nous sommes permis quelques exceptions à l’égard d’un petit nombre de géographes, distingués, qui, tout en adoptant, soit en totalité, soit en partie les évaluation des statisticiens allemands et quelquefois les nôtres, ajoutaient à l’importance des unes ou des autres en se rangeant du côté de leurs auteurs. Nous citerons entre autres, M. Letronne, M. Denaix, et MM. Eyriès et Walckenaer, et les savans rédacteurs de l’''Almanach de Gotha''. Notre silence à l’égard de M. Ritter vient de ce que ce géographe célèbre, ayant dirigé toutes ses recherches sur la configuration physique du globe et ses rapports avec l’homme, est resté pour ainsi-dire étranger aux questions qui forment le domaine de la statistique.
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Les auteurs de l’''histoire universelle anglaise, vers le milieu du dix-huitième siècle : 4,000,000,000 habitans.
 
Cette prodigieuse disparité d’opinions, qui paraît d’abord inexplicable, n’offre aucune difficulté pour tous ceux qui ont suivi la marche progressive de la géographie et de la statistique. Ils voient d’un coup-d’oeil quelles sont les estimations qui doivent être rejetées comme erronées, et quels sont les élémens qui ont contribué à trop élever ou à trop abaisser d’autres évaluations admises dans ce tableau. Qui ne voit, par exemple, que les évaluations du théologien Canz et du philologue Vossius, de Volney et de Struick, sont évidemment fautives en moins, tandis que celles des auteurs de la grande ''Histoire universelle anglaise'', de Voltaire, de Beausobre, de Sussmilch, et autre savans, le sont en plus? L’examen même le plus superficiel sur la répartition des sommes assignées par ces auteurs à chaque partie du monde démontre l’absurdité de leurs calculs. Le ''Statistischer Umriss'' de Hassel, pour les années 1822 et 1824 malgré les er’reurs partielles qu’on y rencontre, est toujours le plus grand travail que l’on ait encore fait sur ce sujet. Nous ne connaissons que par un extrait donné dans les ''EphéméridesÉphémérides géographiques de Weimar'', la brochure publiée à Berlin en 1828 par le docteur Charles-Julius Bergius ''sur la Population de la terre'' dans la même année; mais les résultats généraux que nous avons sous les yeux nous démontrent que ce savant n’a pas fait toutes les recherches que demandait la solution de ce problème difficile. Nous devons porter le même jugement sur un article remarquable, relatif à la même question, publié en 1829 dans l’''Oriental Herald'', dont nous avons cité les estimations principales. Ce que nous dirons dans la suite de cet article, et les faits qui y sont relatés dans l’examen de la population de chaque partie du monde, nous dispensent de poursuivre ces réflexions. Cependant nous ne pouvons nous dispenser de faire observer que des savans d’ailleurs estimables, mais étrangers à ces sortes d’études, dégoûtés des calculs fastidieux de la statistique, et ne se sentant peut-être pas assez forts pour surmonter les difficultés inséparables de l’étude de cette science, ont voulu la déprécier aux yeux du public, en en signalant les doutes et les apparentes contradictions. Mais que diraient les Cuvier, les Humboldt, les Brown, les Decandolle et tant d’autres naturalistes célèbres, si, n’ayant aucun égard à l’époque différente à laquelle ont été imaginés les principaux systèmes de classification, quelque géographe ou quelque statisticien, connaissant à peine les généralités de la zoologie et de la botanique, venait répandre le ridicule sur leurs travaux, et rejeter comme inexactes les listes nombreuses de tant d’espèces animales et végétales, consignées dans ces magnifiques inventaires de l’inépuisable richesse de la nature; et cela, parce que le système de Tournefort est différent de clui de Linnée, et celui-ci du système de Jussieu, parce qu’enfin Linnée porte le nombre des végétaux à 16,000, et celui des animaux à 3,950, tandis que les naturalistes actuels évaluent les premiers à 100,000, et les seconds à 35,500 ?
 
Mais abandonnant ces récriminations qui n’ont rien à démêler avec la science qui nous occupe, passons à l’examen des faits et à l’analyse des opinions des principaux géographes, sur la population des grandes régions de la terre, qui ont servi de base à nos évaluations.