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femmes perdues, grommelait Grantaire en aparté. Marius
femmes perdues, grommelait Grantaire en aparté. Marius
laissa ses amis au bal, et s’en retourna à pied, seul, las, fiévreux, les yeux troubles et tristes dans la nuit, ahuri de bruit et de poussière par les joyeux coucous pleins d’êtres chantants qui revenaient de la fête et passaient à côté de lui, découragé, aspirant pour se rafraîchir la tête l’âcre senteur des noyers de la route.
laissa ses amis au bal, et s’en retourna à pied, seul, las,
fiévreux, les yeux troubles et tristes dans la nuit, ahuri de
bruit et de poussière par les joyeux coucous pleins d’êtres
chantants qui revenaient de la fête et passaient à côté de lui,
découragé, aspirant pour se rafraîchir la tête l’âcre senteur
des noyers de la route.


Il se remit à vivre de plus en plus seul, égaré, accablé,
Il se remit à vivre de plus en plus seul, égaré, accablé, tout à son angoisse intérieure, allant et venant dans sa douleur comme le loup dans le piége, quêtant partout l’absente, abruti d’amour.
tout à son angoisse intérieure, allant et venant dans sa douleur
comme le loup dans le piége, quêtant partout l’absente,
abruti d’amour.


Une autre fois, il avait fait une rencontre qui lui avait produit un effet singulier. Il avait croisé dans les petites rues qui avoisinent le boulevard des Invalides un homme vêtu comme un ouvrier et coiffé d’une casquette à longue visière qui laissait passer des mèches de cheveux très blancs. Marius fut frappé de la beauté de ces cheveux blancs et considéra cet homme qui marchait à pas lents et comme absorbé dans une méditation douloureuse. Chose étrange, il lui
Une autre fois, il avait fait une rencontre qui lui avait
parut reconnaître M. Leblanc. C’étaient les mêmes cheveux, le même profil, autant que la casquette le laissait voir, la même allure, seulement plus triste. Mais pourquoi ces habits d’ouvrier ? qu’est-ce que cela voulait dire ? que signifiait ce déguisement ? Marius fut très étonné. Quand il revint à lui, son premier mouvement fut de se mettre à suivre cet homme ; qui sait s’il ne tenait point enfin la trace qu’il cherchait ? En tout cas, il fallait revoir l’homme
produit un effet singulier. Il avait croisé dans les petites rues
de près et éclaircir l’énigme. Mais il s’avisa de cette idée trop tard, l’homme n’était déjà plus là. Il avait pris {{tiret|quel|que}}
qui avoisinent le boulevard des Invalides un homme vêtu
comme un ouvrier et coiffé d’une casquette à longue visière
qui laissait passer des mèches de cheveux très blancs. Marius
fut frappé de la beauté de ces cheveux blancs et considéra
cet homme qui marchait à pas lents et comme absorbé
dans une méditation douloureuse. Chose étrange, il lui
parut reconnaître M. Leblanc. C’étaient les mêmes cheveux,
le même profil, autant que la casquette le laissait voir, la
même allure, seulement plus triste. Mais pourquoi ces
habits d’ouvrier ? qu’est-ce que cela voulait dire ? que signifiait
ce déguisement ? Marius fut très étonné. Quand il
revint à lui, son premier mouvement fut de se mettre à
suivre cet homme ; qui sait s’il ne tenait point enfin la
trace qu’il cherchait ? En tout cas, il fallait revoir l’homme
de près et éclaircir l’énigme. Mais il s’avisa de cette idée
trop tard, l’homme n’était déjà plus là. Il avait pris