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{{tiret|provoca|teur}} de la destinée, le cerveau qui échafaudait avenir sur avenir, le jeune esprit encombré de plans, de projets, de fiertés, d’idées et de volontés ; c’était un chien perdu. Il tomba dans une tristesse noire. C’était fini ; le travail le rebutait, la promenade le fatiguait, la solitude l’ennuyait ;
provocateur de la destinée, le cerveau qui échafaudait avenir sur
la vaste nature, si remplie autrefois de formes, de clartés, de voix, de conseils, de perspectives, d’horizons, d’enseignements, était maintenant vide devant lui. Il lui semblait que tout avait disparu.
avenir, le jeune esprit encombré de plans, de projets, de
fiertés, d’idées et de volontés ; c’était un chien perdu. Il
tomba dans une tristesse noire. C’était fini ; le travail le
rebutait, la promenade le fatiguait, la solitude l’ennuyait ;
la vaste nature, si remplie autrefois de formes, de clartés,
de voix, de conseils, de perspectives, d’horizons, d’enseignements,
était maintenant vide devant lui. Il lui semblait
que tout avait disparu.


Il pensait toujours, car il ne pouvait faire autrement ;
Il pensait toujours, car il ne pouvait faire autrement ;
mais il ne se plaisait plus dans ses pensées. À tout ce qu’elles
mais il ne se plaisait plus dans ses pensées. A tout ce qu’elles lui proposaient tout bas sans cesse, il répondait dans l’ombre : A quoi bon ?
lui proposaient tout bas sans cesse, il répondait dans l’ombre :
À quoi bon ?


Il se faisait cent reproches. Pourquoi l’ai-je suivie ? J’étais si heureux rien que de la voir ! Elle me regardait ; est-ce que ce n’était pas immense ? Elle avait l’air de m’aimer. Est-ce que ce n’était pas tout ? J’ai voulu avoir quoi ? Il n’y a rien après cela. J’ai été absurde. C’est ma faute, etc., etc. Courfeyrac, auquel il ne confiait rien, c’était sa nature, mais qui devinait un peu tout, c’était sa nature aussi, avait commencé par le féliciter d’être amoureux, en s’en ébahissant d’ailleurs ; puis, voyant Marius tombé dans cette mélancolie, il avait fini par lui dire : — Je vois que tu as été simplement un animal. Tiens, viens à la Chaumière.
Il se faisait cent reproches. Pourquoi l’ai-je suivie ? J’étais
si heureux rien que de la voir ! Elle me regardait ; est-ce que
ce n’était pas immense ? Elle avait l’air de m’aimer. Est-ce
que ce n’était pas tout ? J’ai voulu avoir quoi ? Il n’y a rien
après cela. J’ai été absurde. C’est ma faute, etc., etc. Courfeyrac,
auquel il ne confiait rien, c’était sa nature, mais qui
devinait un peu tout, c’était sa nature aussi, avait commencé
par le féliciter d’être amoureux, en s’en ébahissant d’ailleurs ;
puis, voyant Marius tombé dans cette mélancolie, il
avait fini par lui dire : — Je vois que tu as été simplement
un animal. Tiens, viens à la Chaumière.


Une fois, ayant confiance dans un beau soleil de septembre, Marius s’était laissé mener au bal de Sceaux par Courfeyrac, Bossuet et Grantaire, espérant, quel rêve ! qu’il la retrouverait peut-être là. Bien entendu, il n’y vit pas celle qu’il cherchait. — C’est pourtant ici qu’on trouve toutes les
Une fois, ayant confiance dans un beau soleil de septembre,
Marius s’était laissé mener au bal de Sceaux par
Courfeyrac, Bossuet et Grantaire, espérant, quel rêve ! qu’il
la retrouverait peut-être là. Bien entendu, il n’y vit pas celle
qu’il cherchait. — C’est pourtant ici qu’on trouve toutes les