« Sur la teinture de Bestuchef » : différence entre les versions

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{{journal|Bulletin de pharmacie, 1810|M. Desertine , Pharmacien-major|Sur la Teinture de Bestuchef}}
 
Cette préparation, trop oubliée et trop peu en usage en France, est admise dans la Pharmacopée de Prusse , sous le nom d'esprit sulfurique éthéré martial. Ses synonymes sont : liqueur anodine de'' Klaproth''; teinture nervine de ''Bestuchef''; teinture d'or nervino-tonique de ''Lamotte'' ; liqueur ou gouttes d'or du général Lamotte. J'ai donné, dans un des N° de l'année précédente, la manière de la préparer, et promis l'histoire de cette teinture devenue fameuse chez nous, par le général qui lui donna son nom ; ce que je vais dire est précisé dans Dorfurt.
 
Parmi cette foule de médicaments secrets dont le siècle précédent fut inondé , il en est peu qui aient fait autant de bruit, qui aient joui d'une plus grande faveur chez les malades et chez les médecins, qui aient été aussi avantageux a leurs inventeurs et à ceux qui ont ensuite possédé la recette qui enfin aient plus excité l'esprit de recherche des chimistes que l'éther sulfurique martial, dont la préparation simple que nous avons donnée est conforme aux principes de la saine chimie moderne.
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Le général, à son retour à Paris , vendit, comme produit de son invention, cette teinture à un louis le flacon d'une demi-once, sous le nom dé gouttes d'or du général Lamotte, élixir d'or, élixir blanc.
 
Comme ce médicament acquit rapidement une grande célébrité, il fut bientôt en faveur à la cour, et en usage<ref>Outre cette teinture, le comte en donnait également une autre, sans couleur, sous le nom de Gouttes blanches : nous ne parlerons point de cette dernière , parce qu'elle n'était, comme nous le verrons plus bas autre chose que du bon éther muriatique.</ref> chez tous ceux qui pouvaient le payer; le Roi même accorda au général Lamotte le débit, exclusif du médicament , lui donna une pension annuelle de 4oo400 francs , et l'éleva au grade de major-général. Une récompense aussi brillante, un écrit qui parut en 1751 , et qui n'était rempli que d'attestations de guérison, le présent que fit Louis XV de deux cents flacons de celte teinture au Pape , alors malade de la goutte, présent porté à Rome par une personne de marque ; toutes ces choses ne firent que répandre encore davantage la réputation des fameuses gouttes , mais déterminèrent en même temps le comte Bestuchef à comparer la teinture de Lamotte avec la sienne. Il la trouva, quant à l'essentiel , de la même nature , mais la saveur plus âpre. Il vit aussi qu'elle déposait un peu d'oxyde de fer, parce que Lembke n'avait probablement pu donner toutes les manipulations à observer, ou parce que le général Lamotte avait voulu abréger le procédé.
Comme ce médicament acquit rapidement une grande célébrité, il fut bientôt en faveur à la cour, et en usage
 
Après la mort de ce dernier, plusieurs chimistes français s'efforcèrent inutilement d'imiter cette teinture recommandée comme spécifique dans les maladies des nerfs , les paralysies, les crampes, les rhumatismes, l'épilepsie , l'hypocondrie , etc., et qui avait déjà fixé depuis long-temps l'attention des chimistes, en ce qu'elle offrait un phénomène alors nouveau en chimie , celui de se décolorer au soleil, et de reprendre sa couleur jaune à l'ombre. Séduits par le prix exorbitant de cette teinture, tous étaient persuadés que c'était à l'or qu'elle devait ses vertus. Baume prétendit que la teinture- blanche et la teinture jaune se préparaient en faisant une dissolution d'or dans l'acide nitro-muriatique : on précipitait l'or par la potasse , on dissolvait l'oxyde précipité dans l'acide nitrique , et l'on distillait avec l'alcool. La liqueur du récipient était la teinture blanche, et le résidu la teinture jaune. Comme on distribuait cette espèce de préparation pour la véritable teinture, ou gouttes d'or de Lamotte, cela explique pourquoi le directeur-margraff' de Berlin , et le Pharmacien de la cour de Pétersbourg ''Jean George Model'', reçurent, l'un et l'autre , un éther sulfurique tenant de l'or. Il est vraisemblable que Boerhaave avait opéré sur la teinture véritable; ce qui semble le prouver, c'est qu'il a essayé de l'imiter en faisant digérer de l'acide muriatique dulcifié sur du sulfate de fer calciné.
(l) Outre cette teinture , le comte en donnait également une autre, sans couleur, sous le nom de Gouttes blanches : nous ne parlerons point de cette dernière , parce qu'elle n'était, comme nous le verrons plus bas autre chose que du bon éther muriatique.
 
chez tous ceux qui pouvaient le payer; le Roi même accorda au général Lamotte le débit, exclusif du médicament , lui donna une pension annuelle de 4oo francs , et l'éleva au grade de major-général. Une récompense aussi brillante, un écrit qui parut en 1751 , et qui n'était rempli que d'attestations de guérison, le présent que fit Louis XV de deux cents flacons de celte teinture au Pape , alors malade de la goutte, présent porté à Rome par une personne de marque ; toutes ces choses ne firent que répandre encore davantage la réputation des fameuses gouttes , mais déterminèrent en même temps le comte Bestuchef à comparer la teinture de Lamotte avec la sienne. Il la trouva, quant à l'essentiel , de la même nature , mais la saveur plus âpre. Il vit aussi qu'elle déposait un peu d'oxyde de fer, parce que Lembke n'avait probablement pu donner toutes les manipulations à observer, ou parce que le général Lamotte avait voulu abréger le procédé.
 
Après la mort de ce dernier, plusieurs chimistes français s'efforcèrent inutilement d'imiter cette teinture recommandée comme spécifique dans les maladies des nerfs , les paralysies, les crampes, les rhumatismes, l'épilepsie , l'hypocondrie , etc., et qui avait déjà fixé depuis long-temps l'attention des chimistes, en ce qu'elle offrait un phénomène alors nouveau en chimie , celui de se décolorer au soleil, et de reprendre sa couleur jaune à l'ombre. Séduits par le prix exorbitant de cette teinture, tous étaient persuadés que c'était à l'or qu'elle devait ses vertus. Baume prétendit que la teinture- blanche et la teinture jaune se préparaient en faisant une dissolution d'or dans l'acide nitro-muriatique : on précipitait l'or par la potasse , on dissolvait l'oxyde précipité dans l'acide nitrique , et l'on distillait avec l'alcool. La liqueur du récipient était la teinture blanche, et le résidu la teinture jaune. Comme on distribuait cette espèce de préparation pour la véritable teinture, ou gouttes d'or de Lamotte, cela explique pourquoi le directeur-margraff' de Berlin , et le Pharmacien de la cour de Pétersbourg ''Jean George Model'', reçurent, l'un et l'autre , un éther sulfurique tenant de l'or. Il est vraisemblable que Boerhaave avait opéré sur la teinture véritable; ce qui semble le prouver, c'est qu'il a essayé de l'imiter en faisant digérer de l'acide muriatique dulcifié sur du sulfate de fer calciné.
 
Depuis 1748 le ''comte Bestuchef'' faisait préparer sa teinture par le conseiller 7. ''G. Model'', mais on lui remettait les ingrédients déjà mélangés. ''Bestuchef'' étant tombé en disgrace, et l'impératrice Elisabeth qui faisait usage de cette teinture ne voulant point se servir de celle du comte, celui-ci confia , sous le sceau du secret, au conseiller Model, la véritable préparation comme sa propriété. Model distribua alors, sous le nom de gouttes jaunes et blanches de Bestuchef, cette teinture dans des flacons de six gros de capacité, à deux roubles le flacon : et son débit annuel était de 200 L., poids de médecine.
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L'éther sulfurique martial et l'alcohol sulfurique éthéré martial s'employent comme toniques , stimulants, sédatifs. Mais de ces deux teintures , est-ce de la blanche, qui con tient du muriate suroxigéné de fer oxidé, ou de la colorée, qui contient du muriate suroxigéné de fer oxidulé, que proviennent les vertus médicinales ? Voilà une chose à laquelle on n'a jusqu'aujourd'hui point assez fait attention. On a indistinctement mis en usage la teinture blanche et la jaune, celle colorée depuis peu et celle qui l'était depuis longtemps , quoique cette dernière contienne vraisemblablement du muriate de fer oxidulé et oxydé dans des proportions variables. Quoi qu'il en soit, les vertus du muriate de fer oxidulé ne peuvent être les mêmes que celles du muriate oxidé. Il est donc essentiel de désoxider par la lumière, de blanchir la teinture de ''Bestuchef'', quand la Pharmacopée le prescrit. Autrement le médecin obtiendrait un médicament différent de celui qu'il veut prescrire. Il serait également important que les médecins chargés des établissements publics, s'occupassent d'examiner la différence de l'action spécifique de ces deux médicaments.
 
== Notes ==
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