« Histoire et description naturelle de la commune de Meudon » : différence entre les versions
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Est-ce donc pour acquérir plus de gloire que l'homme entreprend de longues et périlleuses pérégrinations ? Mais qu'il faut de recherches aujourd'hui, ou plutôt combien le hasard doit favoriser, pour que, dans des courses ordinairement précipitées, l'on mette la main sur des choses remarquables ; ou bien est-ce pour faire des collections dans l'espoir d'attirer l'attention, de captiver la curiosité ? Mais, quels que soient les objets recueillis avec tout le soin désirable, les musées auxquels ils sont adressés regorgent les trois quarts du temps d'objets semblables à ceux que l'on a rapportés, peut-être avec trop d'empressement. L'indifférence en histoire naturelle, comme en toute autre chose qui prend une grande extension, est un mal inévitable. Que de déceptions attend maintenant le naturaliste-voyageur qui, sur des promesses dorées, ou pour satisfaire de vaines espérances, sacrifie repos, santé, position assurée. De tous ceux qui s'adonnent aux voyages ou font partie d'expéditions scientifiques, le géologue endure, je ne crains pas de le dire, le plus de fatigue, et se trouve le moins bien partagé ; on n'y fait guère plus d'attention que n'y pensait certes Virgile, lorsqu'il a écrit ces mots : « ''Labor improbus omnia vincit.'' » Cet aphorisme, que l'on jette à la tête de tout le monde comme une fiche de consolation, ne se réalise presque jamais pour celui qui s'occupe sérieusement de l'histoire matérielle du globe et des grandes révolutions qu'ont subies les corps bruts avant la présence de l'homme, pour celui qui, par l'importance de ses matériaux, a largement contribué à des publications générales ; le géologue reste comme enfoui sous les débris de la montagne, qu'il a remués péniblement et souvent au risque de sa vie, ''experto crede Roberto !''
En vérité, si j'aimais moins mon pays, je donnerais volontiers aux naturalistes, et surtout au géologue, le conseil de s'expatrier ; il existe encore de vastes contrées à peine sorties des langes de la barbarie, où l'on ne manquerait pas de l'accueillir avec empressement. Je l'engagerais cependant à ne pas se lancer aveuglément dans toutes les expéditions qui se présentent ; car, à moins d'être dirigées par des hommes justes appréciateurs des individus qu'ils ont sous leurs ordres, et assez bons avocats pour leur rendre justice aux travaux de qui de droit, un naturaliste sans appui, s'il ne sait pas jeter aux yeux un peu de la poudre qu'il fait en brisant la roche
Tout bien raisonné, ne vaut-il pas mieux rester près de ses pénates, employer son temps d'une manière quelconque, là où l'on respire l'air natal, ne fût-ce qu'à ''planter ses choux ?'' Pour peu que l'on soit honnête homme, des amis d'enfance ne manqueront pas de vous encourager et de vous entourer de leur estime croissante jusqu'à la fin de vos jours. Telle est la pensée qui m'a inspiré cet ouvrage. Je crois avoir mené comme un autre la vie d'observateur nomade, dans le désir de servir ma patrie en suivant la première voie qui s'est ouverte devant moi ; mais, craignant de m'être trompé à cet égard, de n'être arrivé à aucun résultat utile, toute mon attention s'est dirigée vers une fraction infiniment petite de la surface de notre planète ; je me suis pris de passion pour un humble village, dont la colline ne répète pas le cri de la mouette, mais au pied de laquelle coule paisiblement un fleuve et vient mourir le bruit d'une immense cité. N'est-ce donc pas d'ailleurs, si l'on veut absolument satisfaire la manie d'écrire ses impressions de voyage, un devoir assez grand que de s'occuper de son pays avant les contrées lointaines qui ne sont pas destinées à recevoir vos ossements ?
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Dans le dénombrement de l'an 1709, Meudon et Fleury (ce hameau ne faisait pas alors entièrement partie de la paroisse de Meudon) formaient 200 feux ; en 1745, d'après celui de Doisy, 305 feux ; on trouve, dans le ''Dictionnaire de la France ancienne et moderne'' imprimé en 1726, le chiffre de 1,380 habitants, et, dans le ''Dictionnaire universel de la France'' (1771), on en compte 120 de plus.
D'après le recensement de la commune, fait en 1841, la population s'élevait à 3,174 âmes dont 1,504 pour le sexe masculin<ref>Garçons, 118 ; hommes mariés, 740 ; veufs, 46.</ref>, et 1,670 pour le sexe féminin<ref>Filles, 130 ; femmes mariées
La population flottante est de 3,600 âmes environ ; elle s'est accrue considérablement depuis l'établissement du chemin de fer de Paris à Versailles, sur la rive gauche de la Seine.
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A part le château, Meudon ne se fait guère remarquer par ses monuments ; malgré son ancienneté, il est resté dans toute la simplicité du premier village venu ; ses rues même, loin d'être belles, sont au contraire généralement en pente, étroites et tortueuses.
L'église paroissiale est construite dans le goût d'architecture qui succéda au gothique, aussi ne remonte-t-elle que vers l'année 1570. Rien ne prouve, comme on l'a avancé, que le grand dauphin, fils de Louis XIV, l'ail fait rebâtir plus solidement ainsi que son clocher<ref>Il paraîtrait cependant que, vers la fin du XVI<sup>e</sup> siècle, il était pointu, et qu'il aurait été rasé afin de ne pas nuire à la vue de la terrasse du château.</ref>; ce qu'il y a seulement de certain, c'est qu'après l'échange de la terre de Choisy-sur-Seine pour celle de Meudon
Quoi qu'il en soit, cette église, digne de l'attention des connaisseurs, passe pour être une des plus ornées des environs de Paris ; on y remarque un grand nombre de tableaux, notamment celui de l'adoration des Mages, fait par M. Ed. Odier, et donné par lui en 1840 ; et deux toiles de M. Descamps, représentant : l'une, le beau trait de charité chrétienne de saint Martin, rapporté par Sulpice-Sévère ; et l'autre, saint Blaise, guérissant un enfant du croup ; elles ont été, sur la demande de M. le général Jacqueminot qui s'intéresse vivement à la commune, accordées en 1841 par le ministère de l'intérieur. La chaire fait honneur au goût de M. Provost, architecte honoraire de la chambre des pairs, qui en a donné le plan, exécuté habilement par un ouvrier de Fleury.
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Afin de rendre un compte aussi fidèle que possible de l'industrie et du commerce des habitants de la commune de Meudon, je ne puis mieux faire que de reproduire ici, presque entièrement, le rapport de M. Obeuf adressé à M. le préfet de Seine-et-Oise, pour le 2<sup>e</sup> semestre de 1841, et qu'il a bien voulu me communiquer<ref>J'ai dû aussi à l'obligeance empressée de M. Lantin, greffier de la mairie de Meudon, plusieurs renseignements sur la statistique actuelle de la commune.</ref>.
« La culture de la vigne, qui réclame les bras d'une grande partie de la population de la commune de Meudon, est dans un état on ne peut plus prospère
« Les établissements de blanchisseurs de linge, au nombre de 98
« Meudon possède 50 carrières de moellon dont on tire un bien faible produit, faute de facilité pour le transport, car la qualité de cette pierre est excellente ; mais le pays plat et les bonnes routes des autres communes qui avoisinent Paris, sont une concurrence que le pays ne peut soutenir.
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:::On danse autour du corps. » <br /></small>
La population n'est pas belle, je le dis à regret ; cela dépend d'une cause qui règne, dans toute la banlieue, de l'excès de travail ; les besoins de Paris sont tellement variés et multipliés, les producteurs ont un débouché si facile et si avantageux sur les marchés, que, pour peu qu'ils soient stimulés par la présence d'une Famille nombreuse, ils se livrent à un travail au dessus de leurs forces. Tout produit et se vend aux abords de la capitale : les plantes potagères y poussent comme par enchantement ; le sol, aussi bien que dans les colonies, rapporte deux ou trois fois dans le cours d'une année ; à l'orge, au seigle, coupés en vert pour les nourrisseurs, succèdent immédiatement d'autres céréales ou des légumes ; les plus mauvaises terres ne cessent de donner
Il résulte de cette grande activité qui règne autour de la capitale, que plus on approche de ses murs, plus on voit l'homme prendre de peine et s'exténuer ; sa constitution physique se détériore de bonne heure, et il la transmet à ses enfants : de là, ces populations dégénérées où il est si difficile aujourd'hui de signaler quelques beaux types. Les paysannes elles-mêmes
::<small>« Quis post vina gravem militiam, aut <br />
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Il y a peu d'endroits, je crois, dont le nom latin ou latinisé, ait subi plus de modifications que celui de Meudon. Dans tous les ouvrages qui font mention de ce village, il s'appelle indifféremment ''Metiosedum'', ''Moldunum'', ''Meodum'', ''Modunum'', ''Meudum'', ''Meudun'', ''Campum meudoninse''. Malgré cette richesse de désignations et les efforts des étymologistes notamment de Valois et Sanson, l'origine de Meudon ne paraît pas être aussi ancienne qu'on serait porté à le croire. La première de ces désignations qui se rencontre dans les commentaires de Jules-César<ref>''Nam, et prœsidio è régione castrorum relicto
La plus grande obscurité enveloppe donc les premières traditions de Meudon. Avant le commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, à peine en est-il fait mention, et encore depuis cette époque jusqu'à l'apparition d'un château vers l'an 1539, tout se réduit-il à de simples listes de bénéficiers et de seigneurs. Nul doute cependant que la commune de Meudon ait pu fournir un bon contingent à l'histoire de l'île-de-France ; son village est trop avantageusement situé pour qu'il n'ait pas été témoin de quelques événements militaires au temps des Romains ou des Normands, alors que les premiers étaient toujours en lutte avec les Gaulois, et que les seconds, sous la conduite de Roll le Norvégien, ravageaient tout le pays compris entre la Loire et la Seine et remontaient deux fois ce fleuve pour faire le siège de Paris et rançonner vers le commencement du X<sup>e</sup> siècle le faible Charles III ; mais, à cette époque déjà reculée de nos annales, notre village était trop peu important pour que l'histoire se soit donné la peine de nous transmettre ce dont il a pu être le théâtre.
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La cure de ce village a été desservie par quelques hommes remarquables, notamment Jacques de Beaulieu qui plaida contre les marguilliers en 1384, Antoine Grandet, prévôt de l'église de Saint-Nicolas-du-Louvre, connu par ses prédications et ses écrits.
On cite surtout le fameux François Rabelais à qui, en 1545, le cardinal Jean de Bellay, évêque de Paris, accorda la cure de Meudon. D'après les registres de l'évêché, il paraît n'avoir jamais rempli les fonctions curiales par lui-même, ce qui ne l'empêcha pas de jouir jusqu'à sa mort arrivée à Paris en 1553, des produits et des bénéfices attachés à son titre. Cette sinécure a eu au moins cela de bon, qu'elle a valu au pays une certaine célébrité ; elle ne pourra que s'accroître depuis qu'indépendamment d'un portrait du spirituel et caustique écrivain, dont le presbytère paraît avoir été en possession, on a donné son nom à l'une des nouvelles rues du village<ref>Dans une savante notice sur la vie et les ouvrages de F. Rabelais le bibliophile L. Jacob, n'élève aucun doute sur le séjour de l'illustre curé à Meudon et donne même des détails sur sa vie intime. « II s'acquittait autant que possible des devoirs de son ministère ; il ne laissait entrer aucune femme dans le presbytère, afin de ne pas donner prétexte à des calomnies que son grand âge aurait d'ailleurs démenties ; mais il recevait sans cesse la visite des savants et des personnages les plus distingués de Paris ; il s'occupait lui-même d'orner son église, il apprenait le plain-chant à ses enfants de chœur, et il montrait à lire aux pauvres gens. » — plus haut : « Il était bien accueilli au château par le duc et la duchesse de Guise qu'il appeIait ''ses bons paroissiens'' ; il les visitait souvent et familièrement, » etc. Tous ces détails sont en grande partie tirés d'un volumineux et indigeste manuscrit d'Antoine Leroy, chanoine de Sens, en 1649, et qui porte le titre d'''Elogia Rabelaesina'' ; mais l'autorité de ce pangéyriste, qui a pris ses renseignements à Meudon, 50 ou 60 ans après la mort de Rabelais, n'est pas d'un grand poids pour l'abbé Lebeuf qui révoque en doute une partie des choses que Leroy a avancées. Quoi qu'il en soit, Meudon devint, à l'époque où Rabelais vivait et longtemps après sa mort, un but de promenade pour les Parisiens, selon ce dicton proverbial qu'on répétait encore au XVII<sup>e</sup> siècle : « Allons à Meudon ; nous y verrons le château, la terrasse, les grottes et M. le curé, l'homme du monde le plus revenant en figure, de la plus belle humeur, qui reçoit le mieux ses amis et tous les honnêtes gens, et du meilleur entretien. » Enfin, longtemps après sa mort, on a vu sur la porie du presbytère ces deux vers, qui font allusion aux différents états qu'il a exercés durant sa vie : <br />''Cordiger, hinc medicus, tùm pastor et intus obivi :<br /> Si nomen quœris
A Rabelais qui avait été constamment remplacé dans ses fonctions par Pierre Richard, son vicaire, assisté de quatre autres prêtres, succéda Gilles de Serres, clerc du diocèse de Beauvais. Moréri cite un des curés les plus renommés de Meudon, comme ayant fait imprimer tout ce qui a été écrit à la louange du célèbre Tourangeau.
« Quoiqu'il n'y ait point de titre qui fasse mention des droits de l'abbaye de Saint-Germain à Meudon avant le XIII<sup>e</sup> siècle, il faut cependant reconnaître que ce monastère y possédait une seigneurie au moins dès le XII<sup>e</sup> siècle, et que, sur ce territoire, se trouvait un vignoble. En 1245
Les seigneurs de la paroisse de Meudon sont connus depuis 500 ans environ ; les plus anciens portaient même le nom du village. « Le premier qu'il soit permis de citer avec confiance, est Erkembod de Meudon, chevalier désigné ainsi dans une charte de Maurice, évêque de Paris en l'an 1180. Le deuxième, Mathieu de Meudon, l'est comme témoin dans une lettre du même évêque 16 ans plus tard. Vers le même temps, un Pierre de Meudon ''de Muldonio'', se trouva parmi les chevaliers de la Châtellenie de MontIheri qui tenaient quelques fiefs du roi ; un Amaury de Meudon, chevalier qui avait beaucoup de censives à Sèvres, vivait en 1236. »
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Dès que le roi de Navarre, depuis Henri IV et son beau-frère Henri III, eurent opéré dans les environs de Paris la jonction de leurs forces contre celles de la Ligue, le premier de ces rois établit, le 30 juillet 1589, son camp à Meudon. Il y était encore le 2 août suivant, lors de l'attentat de Jacques Clément qui le fit monter sur le trône de France.
Charles et Henri de Lorraine héritèrent successivement du château, et le dernier de ce nom le vendit, en 1654, au comte Abel Servien, sur-intendant des finances de la baronnie de Meudon
On doit surtout à Servien la magnifique et imposante terrasse qui domine tout le village ; elle n'a pas moins de 130 toises de longueur sur 70 de largeur ; elle a coûté des sommes immenses, car il a fallu égaliser le terrain, retrancher d'un côté de hautes pointes de rochers en pierre dure, et de l'autre combler des creux assez profonds, et, outre cela, élever des murs solides pour soutenir les terres et conserver le niveau ; on dit même que Servien fut forcé de rebâtir plus loin le village de Meudon et même l'église qui auraient été ensevelis par les terres rapportées.
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Cependant ce vaste château ne suffit pas aux besoins du dauphin ; il en fit construire un autre à 50 toises environ au sud-est du deuxième, et sur l'emplacement de la fameuse grotte de Philibert Delorme. La chapelle fut bénite en 1709. Quand il fut avancé, le roi, qui n'avait fait que l'entrevoir, ne voulut pas y mettre les pieds ; il trouva qu'il ressemblait plutôt à la maison d'un riche financier qu'à celle d'un grand prince.
Malgré ce dédain du souverain, le dauphin, qui aimait passer sa vie obscurément entre la table, la chasse et quelques maîtresses, fit un long séjour à Meudon, et finit, comme son père, d'après ce que donne à entendre Saint-Simon, par un mariage de conscience, en épousant mademoiselle Choin, « grosse camarde brune qui, avec toute la physionomie d'esprit, et aussi le jeu, n'avait l'air que d'une suivante, et qui, longtemps avant cet événement, était devenue excessivement grasse, et encore vieille et puante<ref>Mémoires du duc de Sainl-Simon
« Du reste, pour l'honneur de mademoiselle Choin, il faut ajouter que lorsqu'elle était la maîtresse du dauphin, elle n'eut jamais de maison montée, pas même d'équipage
Le grand dauphin tomba malade dans les premiers jours d'avril 1711. Louis XIV, ayant appris, le 9, qu'il était réellement atteint de la petite vérole qui faisait alors de grands ravages, se rendit à Meudon pour demeurer auprès de son fils pendant toute sa maladie, et de quelque nature qu'elle pût être. Par un motif très louable, le roi défendit à ses enfants d'y aller, et même à quiconque n'avait pas encore ou la petite vérole. Malgré les soins des médecins Boudin et Fagon, le dauphin succomba, âgé de cinquante ans, à la petite vérole pourprée, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 du même mois. Louis XlV partit immédiatement avec madame de Maintenon pour Marly. Bientôt le château de Meudon se trouva désert ; l'infection du cadavre fut si prompte et devint si grande, que la Vallière, le seul des serviteurs qui soit resté constamment auprès de son maître, les capucins et autres personnes, furent obligés de passer la nuit dehors<ref>Durant sa maladie, on avait eu quelque espoir de le conserver ; aussi, les harengères de Paris, amies fidèles du dauphin, qui s'étaient déjà signalées à une forte indigestion qu'on avait prise pour une apoplexie
Depuis que Meudon a appartenu au roi, ce lieu a été favorisé de quelques privilèges ; en 1704, on réunit au bailliage les prévôtés de Clamart, de Fleury et de Châville, et il fut dit que les appellations ressortiraient dûment au parlement.
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Meudon et Belleville furent choisis, en 1695, pour faire le premier essai d'une machine qui n'est autre que le télégraphe actuel, inventée par Amontons, membre de l'Académie des Sciences, et qui avait alors pour but de correspondre avec un ami éloigné de huit ou dix lieues, et pourvu que le lieu où se trouvait cet ami pût être aperçu. Le dauphin voulut être présent à l'essai de Belleville, comme il l'avait été à celui de Meudon<ref>Le secret, dit Fontenelle, consistait à disposer dans plusieurs postes consécutifs des gens qui, par des lunettes de longue vue, apercevaient certains signaux, lesquels étaient autant de lettres d'un alphabet dont on n'avait le chiffre qu'à Paris et à Rome. La plus grande portée des lunettes réglait la distance des postes, dont le nombre devait être le moindre qu'il fût possible ; et, comme le second poste faisait des signaux au troisième, à mesure qu'il les voyait faire au premier, la nouvelle se trouvait portée de Paris à Rome presque en aussi peu de temps qu'il eu fallait pour faire les signaux à Paris.</ref>.
Pendant la révolution
Une activité incroyable régnait dans l'atelier de Meudon ; les ouvriers y travaillaient nuit et jour, et, à tous moments, des charriots chargés de machines de guerre en sortaient pour se rendre aux frontières. Là, furent confectionnés ces aérostats, au moyen desquels on pouvait sans danger reconnaître les forces et les dispositions de l'ennemi ; c'est à l'emploi de ces nouvelles machines qu'est due, en très grande partie, la victoire de Fleurus en 1794.
« La découverte d'une méthode pour tanner en peu de jours les cuirs qui exigeaient ordinairement plusieurs années de préparation, a été, dans cette circonstance, inappréciable. On tannait à Meudon la peau humaine
L'année suivante, dans la fameuse journée du 13 vendémiaire (5 octobre) qui mit Bonaparte en évidence et le fit parvenir plus tard au commandement en chef de l'armée, le général Barras, qui, le matin, avait été investi de celui de l'armée intérieure, envoya à Meudon deux cents hommes de la légion de police qu'il tira de Versailles, cinquante cavaliers des quatre armes, et deux compagnies de vétérans ; il ordonna l'évacuation des effets qui étaient à Marly sur Meudon, fit venir des cartouches, et établit un atelier pour en faire à Meudon<ref>''Mémoires de Bourienne'', tom. I<sup>er</sup>, pag. 91.</ref>.
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Dans ces derniers temps, pendant les troubles du Brésil et du Portugal, il a servi de demeure à don Pedro, roi de Portugal, à la reine sa femme et à sa fille dona Maria, aujourd'hui régnante. Le duc d'Orléans l'a aussi habité ; enfin il a été occupé depuis deux étés, par un illustre guerrier, le maréchal Soult, ministre de la guerre.
On arrive au château actuel de Meudon, par
Il existait, il n'y a pas encore bien longtemps, sur la droite de cette avenue, en allant au château, une magnifique propriété connue sous le nom des Capucins ; l'enclos de plus de trente arpents qui en faisait partie leur fut donné, vers l'an 1570, par le cardinal de Lorraine ; c'est le premier établissement qu'ils eurent en France.
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Après avoir appartenu en dernier lieu à M. Pérat, banquier, cette propriété est divisée, à l'heure qu'il est, en une foule de petites maisons de plaisance plus jolies les unes que les autres.
Depuis le 9 septembre 1840, le village de Meudon jouit de tous les avantages d'un chemin de
Si, d'un côté, la commune a été défigurée, par suite de la tranchée profonde faite dans ses collines, pour obtenir une ligne de niveau sur tout le parcours du rail-way, d'un autre, elle s'en dédommage bien par la beauté du viaduc du Val-de-Fleury qui sert à franchir le profond vallon de ce nom ; voici, au reste, la description que donne M. Forgame de cette gigantesque construction<ref>''Voyage pittoresque sur le chemin de fer de Paris à Versailles.''</ref>.
« Ce viaduc, aussi remarquable par la pureté de son architecture que pour l'étonnante grandeur de ses proportions, comprend deux rangs d'arcades superposées ; chaque rang est composé de sept arches. Les arches inférieures présentent une ouverture de 7 mètres entre les culées et une hauteur sous clef également de 7 mètres. L'ouverture des arches supérieures est de 10 mètres, et leur hauteur sous clef est de 20 mètres; les piles qui séparent ces dernières ont 3 mètres d'épaisseur ; l'épaisseur des piles du rang inférieur est de 4 mètres 80 centimètres. Le viaduc est terminé par des culées et présente une longueur totale de 142 mètres 70 centimètres. La hauteur de l'ouvrage au dessus du sol est de 36 mètres, mais l'élévation apparente est réduite à 31 mètres 55 centimètres au moyen d'un remblai qui sert à niveler transversalement le vallon.
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Fleury a eu une suite de seigneurs non interrompue, je me contenterai d'énumérer les principaux :
* Jean de Saint-Benoit, drapier et bourgeois de Paris
* Jean Gentian, général et maître des monnaies du roi, avait le fief de Fleury en 1363 et 1371.
* Oudart Gentian en 1391, 1399 et 1401.
* Milet de Biancourt, seigneur en partie de Fleury. Pierre Gentian, Jean de Gentian, Guillemette, La Genlian, Jean Catin, Giles de Biancourt, etc., etc.
* Marie de Feugerais
* Jean Catin, etc., etc.
* François de Machault, conseiller au parlement et commissaire aux requêtes du palais, obtint la permission de faire célébrer en l'oratoire de sa maison située à Fleury. Son fils aîné céda la seigneurie de Fleury à Servien, moyennant le prix de 4,666 livres.
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Le prince de Wagram, le duc de Bassano, etc., ont, ainsi que je l'ai déjà dit, habité le Bas-Meudon ; joignons à ces grandes célébrités militaires le général Schérer, le maréchal Ney qui, après la retraite de Russie, a occupé au Val, non loin des résidences de l'ambassadeur M. Bresson et de la princesse Charlotte, une propriété appartenant aujourd'hui à M. Duret ; M. Redouté, ce fameux peintre de fleurs, mort récemment à Paris ; l'éditeur, non moins connu, de la grande commission scientifique d'Egypte, aussi distingué par sa littérature profonde que par ses connaissances archéologiques et ethnographiques, madame Panckoucke, le général Barbou, la marquise de Pastoret, l'auteur des ''Messéniennes'', Michelot, du Théâtre-Français, ont fait et font encore les délices de Fleury, tandis que le village de Meudon réclame : le général Montserrat, le député Méchin, M. Séné, ancien notaire, M. G. Odier<ref>M. Odier occupe l'ancien potager du château.</ref>, M. de Saint-Chéron, connu par ses écrits religieux, le général Lejeune, qui maniait si bien le pinceau malgré la cruelle blessure qu'un braconnier, dans le parc de Grosbois, lui avait faite à la main droite, M. Jacqueminot, général en chef de la Garde nationalede Paris, qui emploie un grand nombre d'ouvriers dans sa magnifique propriété naguère en la possession de M. Boucher ; c'est la seule du pays, pour le dire en passant, qui ait été complètement pillée et saccagée, en 1814, par les Russes et les Cosaques, irrités de ce qu'on y avait caché un trésor révélé par un de ces misérables comme il s'en trouve partout.
Bellevue, les Capucins, Montalet, etc., rivalisent aujourd'hui avec la partie la plus grande de la commune que nous venons de parcourir ; citons d'abord M. Lemaire, auteur des classiques latins, qui occupait dans la première de ces localités l'une des plus belles propriétés résultant du démembrement du parc ; dans celle de M. Obeuf, si heureusement exposée au bord de l'avenue conduisant au châleau de Meudon, M. Biol poursuit avec une rare activité la solution des problèmes les plus élevés de la physique ; un peu plus bas, à Montalet, M. Scribe a sans doute composé quelques-unes de ces nombreuses pièces qui paraissent tous les jours, comme par enchantement sur nos théâtres qu'elles ne cessent de charmer ; un peu plus haut, un autre auteur dramatique, non moins distingué, mais plus châtié et plus sobre, écrit de délicieuses comédies et place souvent la scène de ses pièces dans le lieu où il les a rêvées. Mademoiselle Rachel, vient s'inspirer sous les frais ombrages de Bellevue ; Monrose père y avait retrempé cette gaité à jamais perdue pour nous ; c'est aussi la résidence habituelle de MM. Thierry, Pichot, rédacteur en chef de la ''Revue Britannique'', Emile Souvestre le romancier, et Bois-Milon, ancien secrétaire des commandements de S. A. R. le duc d'Orléans. A Bellevue encore, M. Joly, peintre distingué, a exécuté, d'après les beaux dessins de M. Auguste Mayer, ces lithographies où l'on retrouve si bien l'aspect des contrées septentrionales et qui l'ont l'ornement de l'atlas de l'expédition en Islande et au
=== <center>Invasions étrangères.</center> ===
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Toutes ces dispositions étant prises, le général Excelmans se porta sur Versailles à la rencontre des Prussiens, et là se passa l'un des plus brillants faits d'armes qui aient illustré la chute de Napoléon, « expédition qui eût pu, suivant le ''Mémorial de Sainte Hélène'', avoir des suites si importantes, dans le cas où elle eût été soutenue, ainsi que cela avait été décidé. » Quoiqu'elle ait eu lieu un peu loin du village de Meudon, mais cependant presque au milieu de sa forêt, j'ai cru devoir, afin de ne pas laisser une trop grande lacune dans le précis des événements militaires qui se sont passés à l'ouest de Paris, reproduire presqu'en entier le bulletin du 2 juillet qui la mentionne.
« L'ennemi avait occupé Versailles avec quinze cents chevaux. Le général Excelmans, ayant formé le projet de les enlever, dirigea en conséquence le lieutenant-général Pire avec le 1<sup>er</sup> et le 6<sup>e</sup> de chasseurs et le 44<sup>e</sup> régiment d'infanterie de ligne sur Ville d'Avray et Roquencourt, en leur recommandant de s'embusquer pour recevoir l'ennemi quand il repasserait sur ce point. De sa personne, le général Excelmans se porta par le chemin de Montrouge à Vélizy avec l'intention de rentrer à Versailles par trois points. Il rencontra, à la hauteur du buisson de Verrières, une forte colonne ennemie. Le 5<sup>e</sup> et le 15<sup>e</sup> de dragons, qui étaient en tête
« Pendant ce temps-là, le lieutenant-général Pire exécutait son mouvement sur Roquencourt avec autant de vigueur que d'intelligence. La colonne prussienne, poussée par le général Excelmans, fut reçue par le corps du général Pire, et essuya à bout portant une vive fusillade du 44<sup>e</sup> régiment, et fut chargée par le 1<sup>er</sup> et le 6<sup>e</sup> de dragons qui la poursuivaient, et la poussaient fortement à la sortie de Versailles.
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Cependant, le général Excelmans ayant rejoint le corps d'armée à Montrouge, où se trouvait aussi le malheureux général Labédoyère, l'ennemi rentra à Versailles le lendemain au matin de son expulsion.
Enfin, le 3 juillet à trois heures après minuit, les Prussiens, sous les ordres du général Ziéthen (le fils de Blücher avait été tué), s'étant approchés de Saint-Cloud et de Meudon, une vive fusillade s'engagea sur ces hauteurs ; elles furent enveloppées d'une épaisse fumée ; on se battit avec acharnement dans les vignes de ce dernier village, sur lequel pleuvaient les projectiles de tous genres ; mais, je dois le dire, il eut principalement à souffrir des Français qui, placés près de Fleury, tiraient sur les Prussiens retranchés sur la terrasse du château ; les obus
Le même jour, les ennemis s'emparèrent successivement d'Issy où ils s'établirent, de Vanves, Bagneux, Bernis, Bourg-la-Reine, etc., et à midi, les armées respectives étaient en présence ; toutes les dispositions se faisaient de part et d'autre pour une action décisive, lorsque MM. Bignon, chargé du portefeuille des relations extérieures ; de Bondy, préfet du département de la Seine, et Guilleminot, chef de l'état-major-général de l'armée de l'Ouest, d'une part ; le duc de Wellington et le feld-maréchal Blücher, d'une autre, signèrent une convention qui mit fin aux hostilités.
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Un jour, cependant, ces prévisions, du moins les miennes, se réalisèrent d'une manière épouvantable<ref>Tout le monde a été d'accord pour attribuer cet accident à la trop grande vitesse du convoi sur un plan sensiblement incliné de 4 millim. par mètre. Des personnes échappées à ce désastre ont déclaré devant les tribunaux que le convoi allait avec une si grande rapidité, qu'il leur était impossible de remarquer les objets devant lesquels elles passaient, tels que les maisons, les arbres. <br> Dans son rapport au préfet de Seine-et-Oise, M. Obeuf s'exprime ainsi : « Le convoi parti de Versailles à cinq heures et demie, parcourait le rail-way avec une vitesse extraordinaire ; à cinq heures trois quarts, il fut oui à coup arrêté sur notre commune, etc. <br> « Le mécanicien George, Anglais, homme réputé capable, dirigeait le feu de la première locomotive ; ''il se croyait seul en état d'atteindre la vitesse qu'il disait sans cesse bien supérieure dans son pays'' ; il en a été la première victime ! »</ref>. Ce fut précisément un dimanche sur les six heures du soir, le 8 mai 1842, entre les stations de Bellevue et de Meudon qu'eut lieu un événement dont M. Cordier, pair de France, a le lendemain rendu compte à l'Académie des Sciences au nom de MM. Combes et de Sénarmont, ingénieurs en chef des ponts et chaussées, chargés du service des machines à vapeur du département de la Seine. Depuis ce rapport fait à la hâte, l'enquête judiciaire ayant eu le temps de réunir et d'élaborer tous les renseignements concernant cette terrible catastrophe, je vais, en lui donnant la préférence, reproduire presque complètement la pièce qui a servi de base au procès que l'administration du chemin de fer de la rive gauche a soutenu, plus de six mois après, devant le tribunal de police correctionnelle de Paris. « Le convoi<ref>Il y avait 17 voitures, savoir : 2 wagons découverts de 30 places; 3 diligences de 46 places; 9 wagons couverts de 48 places ; 3 wagons à frein de 40 places. Total, 768 voyageurs environ.</ref> qui revenait de Versailles à Paris, entre cinq et six heures du soir, était traîné par deux locomotives, l'Éclair n° 2 et le Mathieu Murray, l'une de petite dimension à quatre roues placée en tête du convoi avec son tender ; l'autre, de grande dimension à six roues, construite par Sharpet et Roberts, suivait immédiatement avec son tender et le reste du convoi.
« II venait de passer sur le pont situé entre la station de Bellevue et la borne portant : 8 kilomètres ; quelques secousses réitérées, dont la cause était alors inconnue<ref> La rupture de l'essieu antérieur de la petite locomotive, tombée à 45 mètres à peu près de distance du point où s'est effectué le fatal dénouement, a eu lieu aux deux extrémités, près des collets contigus aux renflements qui sont encastrés dans les moyeux des roues ; le fer de cette barre, de 9 centimètres de diamètre
« Placé entre la résistance du talus et cette nouvelle secousse, le Mathieu-Murray se couche sur le flanc droit, la petite roue de droite dans le fossé, son foyer sur la voie.
« L'Éclair, dont les roues gauches, dont la roue de derrière du moins
« L'angle que forment les trains d'arrière et les foyers des deux machines barre la voie. Le tender de l'Eclair, brisant son attelage, franchit l'obstacle, et, suivant la projection de gauche à droite imprimée par l'Eclair, va tomber dans sa position naturelle sur la voie de départ de Paris, à 8 ou 10 mètres en avant, sans autre dommage qu'un essieu forcé.
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« Le premier wagon découvert franchit encore dans la première direction ; il va tomber en se brisant sur le flanc droit, et verse au pied du talus de droite des voyageurs plus ou moins contusionnés, que cette chute préserve de l'horrible destruction qui va s'accomplir derrière eux.
« Cependant l'élan s'amortit ; le deuxième wagon découvert ne franchit qu'incomplètement les machines ; son arrière-train reste suspendu sur elle, tandis que l'avant-train porte en avant, à terre, sur les charbons enflammés qu'ont répandus les foyers renversés des deux machines. Le premier wagon couvert s'élève et se pose en entier sur cette base qui va devenir un foyer d'incendie. Le deuxième wagon couvert, qui est la quatrième voiture, après avoir enfoncé de sa barre d'attelage la boite à fumée de l'Eclair, s'intercale encore dans cet échafaudage
« Enfin, le poids du convoi lancé, pressant toujours avec violence les voitures qui, comme la diligence venant après, ne parviennent plus à gravir ce sommet placé devant elles, viennent s'écraser, pour ainsi dire, contre lui. Les parois se rejoignent, les banquettes intérieures se rapprochent presque entre elles, et broient les jambes des voyageurs qu'elles emprisonnent ainsi, non moins que les portières fermées à clef des voitures.
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Je ne dois pas aussi oublier de mentionner MM. Deramond, médecin à Bellevue, et Babie, officier de santé à Meudon, qui, de leur côté, n'avaient pas moins à faire que leurs confrères occupés au château.
On a remarqué également l'empressement avec lequel M. l'abbé Desprez, curé de Meudon, son vicaire, M. Rio, M. l'abbé Blainvel, curé de Sèvres et de Châville
« Le lendemain de l'événement, le lieu où est arrivé l'horrible catastrophe offrait encore un spectacle affreux : les deux locomotives broyées barraient le chemin. Le Mathieu-Murray portait l'empreinte sanglante du corps de son malheureux chauffeur qui avait été broyé contre elle par l'Eclair (quel nom funeste !) ou par une masse de 17,000 kilogrammes pesant, douée de la plus grande vitesse. On voyait ça et là des débris de wagons carbonisés, des ossements calcinés, des fragments de chapeaux, de chaussures, de robes, de châles, de voiles ensanglantés, et la troupe de ligne gardant ces funèbres dépouilles que venaient examiner des familles éplorées.
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