« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Appareil » : différence entre les versions

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=== APPAREIL ===
 
s. m. C’est le nom que l’on donne à l’assemblage des pierres de taille qui sont employées dans la construction d’un édifice. L’appareil
varie suivant la nature des matériaux, suivant leur place; l’appareil a donc une grande importance dans la construction, c’est lui qui souvent commande la forme que l’on donne à telle ou telle partie de l’architecture, puisqu’il n’est que le judicieux emploi de la matière mise en œuvre, en raison de sa nature physique, de sa résistance, de sa contexture, de ses dimensions et des ressources dont on dispose. Cependant chaque mode d’architecture a adopté un appareil qui lui appartient, en se soumettant toutefois à des règles communes. Aussi l’examen de l’appareil conduit souvent à reconnaître l’âge d’une construction. Jusqu’au XII<sup>e</sup> siècle l’appareil conserve les traditions transmises par les constructeurs du Bas-Empire. Seulement on ne disposait alors que de moyens de transport médiocres, les routes étaient à peine praticables, les engins pour monter les matériaux insuffisants, les constructions sont élevées en matériaux de petites dimensions, faciles à monter; les murs, les contre-forts ne présentent que leurs parements en pierre, les intérieurs sont remplis en blocages (1); les matériaux mis en
de taille qui sont employées dans la
construction d’un édifice. L’appareil
varie suivant la nature des matériaux,
suivant leur place; l’appareil a donc
une grande importance dans la construction,
c’est lui qui souvent commande
la forme que l’on donne à telle
ou telle partie de l’architecture, puisqu’il
n’est que le judicieux emploi de
la matière mise en œuvre, en raison
de sa nature physique, de sa résistance,
de sa contexture, de ses dimensions
et des ressources dont on dispose. Cependant chaque mode d’architecture
a adopté un appareil qui lui appartient, en se soumettant toutefois à
des règles communes. Aussi l’examen de l’appareil conduit souvent
à reconnaître l’âge d’une construction. Jusqu’au XII<sup>e</sup> siècle l’appareil conserve
les traditions transmises par
les constructeurs du Bas-Empire.
Seulement on ne disposait alors que
de moyens de transport médiocres,
les routes étaient à peine praticables,
les engins pour monter les matériaux
insuffisants, les constructions
sont élevées en matériaux de petites
dimensions, faciles à monter; les
murs, les contre-forts ne présentent
que leurs parements en pierre, les intérieurs
sont remplis en blocages (1); les matériaux mis en
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œuvre sont courts, sans queues, et d’une hauteur donnée par les lits de carrière; mais ces lits ne sont pas toujours observés à la pose; parfois les assises sont alternées hautes et basses, les hautes en délit et les basses sur leur lit. Ce mode d’appareil appartient plus particulièrement au midi de la France. Dans ce cas, les assises basses pénètrent plus profondément que les assises
œuvre sont
hautes dans le blocage, et relient ainsi les parements avec le noyau de la maçonnerie. Les arcs sont employés dans les petites portées, parce que les linteaux exigent des pierres d’une forte dimension, et lourdes par conséquent (2). Les ''tapisseries'' sont souvent faites en moellon piqué,
courts, sans queues, et d’une hauteur
donnée par les lits de carrière; mais ces lits ne sont pas toujours observés à
la pose; parfois les assises sont alternées hautes et basses, les hautes en
délit et les basses sur leur lit. Ce
mode d’appareil appartient plus particulièrement
au midi de la France.
Dans ce cas, les assises basses pénètrent
plus profondément que les assises
hautes dans le blocage, et relient
ainsi les parements avec le noyau de
la maçonnerie. Les arcs sont employés
dans les petites portées, parce
que les linteaux exigent des pierres d’une forte dimension, et lourdes par
conséquent (2). Les ''tapisseries'' sont souvent faites en moellon piqué,
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tandis que les pieds-droits des fenêtres, les angles, les contre-forts sont en pierre appareillée. Ces constructions mixtes en moellon et pierre de taille se rencontrent fréquemment encore pendant le XII<sup>e</sup> siècle dans les bâtisses élevées avec économie, dans les châteaux forts, les maisons particulières, les églises des petites localités. La nature des matériaux influe puissamment sur l’appareil adopté; ainsi dans les contrées où la pierre de taille est résistante, se débite en grands échantillons, comme en Bourgogne, dans le Lyonnais, l’appareil est grand; les assises sont hautes, tandis que dans les provinces où les matériaux sont tendres, où le débitage de la pierre est par conséquent facile, comme en Normandie, en Champagne, dans l’Ouest, l’appareil est petit, serré, les tailleurs de pierre, pour faciliter la pose, n’hésitent pas à multiplier les joints. Une des qualités essentielles de l’appareil adopté pendant les XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, c’est d’éviter les évidements, les déchets de pierre; ainsi, par exemple, les retours d’angles sont toujours appareillés ''en besace'' (3). Les piles cantonnées de
tandis que les pieds-droits des fenêtres,
les angles, les contre-forts sont en
pierre appareillée. Ces constructions
mixtes en moellon et pierre de taille
se rencontrent fréquemment encore
pendant le XII<sup>e</sup> siècle dans les bâtisses
élevées avec économie, dans les châteaux
forts, les maisons particulières,
les églises des petites localités. La
nature des matériaux influe puissamment
sur l’appareil adopté; ainsi dans
les contrées où la pierre de taille est
résistante, se débite en grands échantillons,
comme en Bourgogne, dans
le Lyonnais, l’appareil est grand; les assises sont hautes, tandis que dans
les provinces où les matériaux sont tendres, où le débitage de la pierre est
par conséquent facile, comme en Normandie, en Champagne, dans l’Ouest,
l’appareil est petit, serré, les tailleurs de
pierre, pour faciliter la pose, n’hésitent pas
à multiplier les joints. Une des qualités essentielles
de l’appareil adopté pendant les
XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, c’est d’éviter les
évidements, les déchets de pierre; ainsi, par
exemple, les retours d’angles sont toujours
appareillés ''en besace'' (3). Les piles cantonnées de
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colonnes sont élevées, pendant les XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles, par assises dont les joints se croisent, mais où les évidements sont soigneusement évités (4). Plus tard, dans la première moitié du XIII<sup>e</sup> siècle, elles sont souvent formées
colonnes sont élevées, pendant les
XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles, par assises dont les joints
se croisent, mais où les évidements sont
soigneusement évités (4). Plus tard, dans la première moitié du XIII<sup>e</sup> siècle, elles sont
souvent formées
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[[Image:Assise.colonne.XIe.XIIe.siecle.png|center]]
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d’un noyau élevé par assises, et les colonnes qui les cantonnent sont isolées et composées d’une ou plusieurs pierres posées en délit (5). Les lits des sommiers des arcs sont horizontaux jusqu’au point où, se dégageant de
d’un noyau élevé par assises,
et les colonnes qui les cantonnent sont
isolées et composées d’une ou plusieurs pierres
posées en délit (5). Les lits des sommiers
des arcs sont horizontaux jusqu’au point où, se dégageant de
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leur pénétration commune, ils se dirigent chacun de leur côté et forment alors une suite de claveaux extradossés (6). Chaque membre d’architecture
suite de claveaux extradossés (6). Chaque membre d’architecture
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[[Image:Colonne.XIIIe.siecle.2.png|center]]
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est pris dans une hauteur d’assise, le lit placé toujours au point le plus favorable pour éviter des évidements et des pertes de pierre;
ainsi l’astragale au lieu de tenir à la colonne, comme dans l’architecture romaine, fait partie
le lit placé toujours au point le plus favorable
pour éviter des évidements et des pertes de pierre;
ainsi l’astragale au lieu de tenir à la colonne,
comme dans l’architecture romaine, fait partie
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[[Image:Colonne.XIIIe.siecle.3.png|center]]
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du chapiteau (7). La base conserve tous ses membres pris dans la même pierre. Le larmier est séparé de la corniche (8). Les lits se trouvent placés au
de la corniche (8). Les lits se trouvent placés au
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point de jonction des moulures de socles avec les parements droits (9). Dans les contrées où les matériaux de différentes natures offrent des
parements droits (9). Dans les contrées où les matériaux de différentes natures offrent des
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échantillons variés comme couleur, en Auvergne, par exemple, on a employé le grès jaune ou le calcaire blanc, et la lave grise; de manière à former des mosaïques sur les parements des constructions; <span id=Issoire><span id=Clermont.Ferrand>les églises de Notre-Dame-du-Port à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Clermont.Ferrand|Clermont]] (10), de Saint-Nectaire,
échantillons variés comme couleur, en Auvergne, par
exemple, on a employé le grès jaune ou le calcaire
blanc, et la lave grise; de manière à former des mosaïques
sur les parements des constructions; <span id=Issoire><span id=Clermont.Ferrand>les églises
de Notre-Dame-du-Port à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Clermont.Ferrand|Clermont]] (10), de Saint-Nectaire,
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[[Image:Parement.Notre.Dame.du.Port.Clermont.png|center]]
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du Puy en Vélay, d’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes I#Issoire|Issoire]], présentent des appareils où les pierres de différentes couleurs forment des dessins par la façon dont elles sont assemblées. Pendant les
XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles on a beaucoup fait usage de ces appareils produits par des combinaisons géométriques; non-seulement ces appareils compliqués ont été employés pour décorer des parements unis, mais aussi dans la construction des arcs, ainsi
où les pierres de différentes couleurs forment des dessins
qu’on peut le voir dans quelques édifices du Poitou, de la Mayenne et des bords de la Loire. <span id=Nevers>La porte occidentale de l’église Saint-Étienne de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Nevers|Nevers]] nous donne un bel exemple de ces arcs appareillés, avec un soin tout particulier (11). Au XIII<sup>e</sup>
par la façon dont elles sont assemblées. Pendant les
XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles on a beaucoup fait usage de ces appareils
produits par des combinaisons géométriques; non-seulement
ces appareils compliqués ont été employés pour décorer des
parements unis, mais aussi dans
la construction des arcs, ainsi
qu’on peut le voir dans quelques
édifices du Poitou, de la
Mayenne et des bords de la Loire.
<span id=Nevers>La porte occidentale de l’église
Saint-Étienne de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Nevers|Nevers]] nous
donne un bel exemple de ces arcs
appareillés, avec un soin tout
particulier (11). Au XIII<sup>e</sup>
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[[Image:Arc.eglise.Saint.Etienne.Nevers.png|center]]
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siècle ces recherches, qui sentent leur origine orientale, disparaissent pour faire place à un appareil purement rationnel, méthodique,
résultat des besoins à satisfaire et de la nature des matériaux; le principe est toujours d’une grande simplicité, l’exécution pure, franche, apparente; les matériaux n’ont que les dimensions exigées pour la place qu’ils occupent. Le corps de la construction est une bâtisse durable, les assises sont posées sur leurs lits, tandis que tout ce qui est remplissage, décoration, meneaux, roses, balustrades, galeries, est élevé en matériaux posés en délit, sorte d’échafaudage de pierre indépendant de l’ossature de l’édifice, qui peut être détruit ou remplacé sans nuire à sa solidité (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]]). Rien ne démontre mieux ce principe que l’étude de l’appareil d’une de ces grandes roses en pierre qui s’ouvrent sous les voûtes des nefs et des transsepts. Ces roses, comme toutes les fenêtres à meneaux, ne sont que de véritables châssis de pierre que l’on peut enlever et remplacer comme on remplace une croisée de bois, sans toucher à la baie dans laquelle elle est enchâssée. Les divers morceaux qui composent ces roses ou ces meneaux ne se maintiennent entre eux que par les coupes des joints et par la feuillure dans laquelle ils viennent s’encastrer. L’appareil de ces châssis de pierre est disposé de telle façon que chaque fragment offre une grande solidité en évitant les trop grands déchets de pierre (12) (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Meneau|Meneau]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 9, Rose|Rose]]). Les
origine orientale, disparaissent
pour faire place à un appareil
purement rationnel, méthodique,
résultat des besoins à satisfaire
et de la nature des matériaux; le
principe est toujours d’une grande simplicité, l’exécution pure, franche,
apparente; les matériaux
n’ont que les dimensions
exigées pour la place qu’ils
occupent. Le corps de la
construction est une bâtisse
durable, les assises sont
posées sur leurs lits, tandis
que tout ce qui est remplissage,
décoration, meneaux,
roses, balustrades,
galeries, est élevé en matériaux
posés en délit,
sorte d’échafaudage de
pierre indépendant de l’ossature
de l’édifice, qui peut
être détruit ou remplacé
sans nuire à sa solidité (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]]). Rien ne démontre mieux ce
principe que l’étude de l’appareil d’une de ces grandes roses en pierre
qui s’ouvrent sous les voûtes des nefs et des transsepts. Ces roses, comme
toutes les fenêtres à meneaux, ne sont que de véritables châssis de pierre
que l’on peut enlever et remplacer comme on remplace une croisée de
bois, sans toucher à la baie dans laquelle elle est enchâssée. Les divers
morceaux qui composent ces roses ou ces meneaux ne se maintiennent
entre eux que par les coupes des joints et par la feuillure dans laquelle
ils viennent s’encastrer. L’appareil de ces châssis de pierre est disposé de
telle façon que chaque fragment offre une grande solidité en évitant les
trop grands déchets de pierre (12) (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Meneau|Meneau]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 9, Rose|Rose]]). Les
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[[Image:Rosace.XIIIe.siecle.png|center]]
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joints tendent toujours aux centres des deux courbes intérieures sans tenir compte souvent des centres des courbes maîtresses (13), afin d’éviter les
souvent des centres des courbes maîtresses (13), afin d’éviter les
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[[Image:Schema.rosace.XIIIe.siecle.png|center]]
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épaufrures qui seraient produites par des coupes maigres. Du reste, les meneaux comme les roses servent de cintres aux arcs qui les recouvrent ou les entourent, et ces châssis de pierre ne peuvent sortir de leur plan vertical à cause de la rainure ménagée dans ces arcs (14). <span id="Amiens12">Quelquefois, comme
meneaux comme les roses servent de cintres aux arcs qui les recouvrent
ou les entourent, et ces châssis de pierre ne peuvent sortir de leur plan
vertical à cause de la rainure ménagée dans ces arcs (14). <span id="Amiens12">Quelquefois, comme
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[[Image:Coupe.meneau.XIIIe.siecle.png|center]]
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dans les fenêtres des bas côtés de la nef de la cathédrale d’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] par exemple, la rainure destinée à maintenir les meneaux dans un plan vertical est remplacée par des crochets saillants ménagés dans quelques-uns des claveaux de l’archivolte (15); ces crochets intérieurs et extérieurs entre lesquels passe le meneau remplissent l’office des ''pattes à scellement'' de nos châssis de bois.
par exemple, la rainure destinée à maintenir les meneaux dans un plan
vertical est remplacée par des crochets saillants ménagés dans quelques-uns
des claveaux de l’archivolte (15); ces crochets intérieurs et extérieurs entre
lesquels passe le meneau remplissent l’office des ''pattes à scellement'' de nos
châssis de bois.
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[[Image:Meneau.cathedrale.Amiens.png|center]]
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Un des grands principes qui ont dirigé les constructeurs des XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles dans la disposition de leur appareil, ç’a été de laisser à chaque partie de la construction sa fonction, son élasticité, sa liberté de mouvement, pour ainsi dire. C’était le moyen d’éviter les déchirements dans des gigantesques monuments. Lorsque des arcs sont destinés à présenter une grande résistance à la pression, ils sont composés de plusieurs rangs de claveaux soigneusement extradossés et d’une dimension ordinaire (de
Un des grands principes qui ont dirigé les constructeurs des XIII<sup>e</sup> et
0<sup>m</sup>,30 à 0<sup>m</sup>,40 environ), sans liaisons entre eux, de manière à permettre à la construction de tasser, de ''s’asseoir'' sans occasionner des ruptures de voussoirs; ce sont autant de cercles concentriques indépendants les uns des autres, pouvant se mouvoir et glisser même les uns sur les autres
XIV<sup>e</sup> siècles dans la disposition de leur appareil, ç’a été de laisser à chaque
partie de la construction sa fonction, son élasticité, sa liberté de mouvement,
pour ainsi dire. C’était le moyen d’éviter les déchirements dans des
gigantesques monuments. Lorsque des arcs sont destinés à présenter
une grande résistance à la pression, ils sont composés de plusieurs rangs
de claveaux soigneusement extradossés et d’une dimension ordinaire (de
0<sup>m</sup>,30 à 0<sup>m</sup>,40 environ), sans liaisons entre eux, de manière à permettre
à la construction de tasser, de ''s’asseoir'' sans occasionner des ruptures de
voussoirs; ce sont autant de cercles concentriques indépendants les uns des
autres, pouvant se mouvoir et glisser même les uns sur les autres
(16).
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[[Image:Claveaux.XIIIe.XIVe.siecle.png|center]]
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De même qu’une réunion de planches de bois cintrées sur leur plat et concentriques, présente une plus grande résistance à la pression, par suite de leur élasticité et de la multiplicité des surfaces, qu’une pièce de bois homogène d’une dimension égale à ce faisceau de planches; de même ces rangs de claveaux superposés et extradossés sont plus résistants, et surtout conservent mieux leur courbe lorsqu’il se produit des tassements ou des mouvements, qu’un seul rang de claveaux dont la flèche serait égale à celle des rangs de
De même qu’une réunion de planches de bois cintrées sur leur plat et concentriques,
claveaux ensemble. Nous devons ajouter que les coupes des claveaux des arcs sont toujours normales à la courbe. Dans les arcs formés de deux portions de cercle, vulgairement désignés sous le nom d’ogives, toutes les coupes des claveaux tendent aux centres de chacun des
présente une plus grande résistance à la pression, par suite de leur
élasticité et de la multiplicité des surfaces, qu’une pièce de bois homogène
d’une dimension égale à ce faisceau de planches; de même ces rangs de claveaux
superposés et extradossés sont plus résistants, et surtout conservent
mieux leur courbe lorsqu’il se produit des tassements ou des mouvements,
qu’un seul rang de claveaux dont la flèche serait égale à celle des rangs de
claveaux ensemble. Nous devons ajouter que les coupes des claveaux des
arcs sont toujours normales à la courbe. Dans les arcs formés de deux portions
de cercle, vulgairement désignés sous le nom d’ogives, toutes les
coupes des claveaux tendent aux centres de chacun des
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[[Image:Claveaux.arc.ogive.png|center]]
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deux arcs (17), de sorte que dans les arcs dits en ''lancettes'' les lits des claveaux présentent des angles très-peu ouverts avec l’horizon (18). C’est ce
angles très-peu ouverts avec l’horizon (18). C’est ce
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[[Image:Arc.en.lancette.png|center]]
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qui fait que ces arcs offrent une si grande résistance à la pression et poussent si peu. L’intersection des deux arcs est toujours divisée par un joint vertical; il n’y a pas, à proprement parler, de ''clef''; en effet, il ne serait pas logique de placer une clef à l’intersection de deux arcs qui viennent buter l’un contre l’autre à leur sommet, et l’ogive n’est pas autre chose.
des deux arcs est toujours divisée par un joint vertical; il n’y a pas, à
proprement parler, de ''clef''; en effet, il ne serait pas logique de placer une
clef à l’intersection de deux arcs qui viennent buter l’un contre l’autre à leur
sommet, et l’ogive n’est pas autre chose.
 
La dernière expression du principe que nous avons émis plus haut se rencontre dans les édifices du XIV<sup>e</sup> siècle. L’appareil des membres de la construction qui portent verticalement diffère essentiellement de l’appareil des constructions qui buttent ou qui contribuent à la décoration. L’église de Saint-Urbain de Troyes nous donne un exemple très-remarquable de l’application de ce principe dans toute sa rigueur logique. La construction de cette église ne se compose réellement que de contre-forts et de voûtes; les contre-forts sont élevés par assises basses posées sur leurs lits; quant aux arcs-boutants, ce ne sont que des ''étais'' de pierre et non point des arcs composés de claveaux; les intervalles entre les contre-forts ne sont que des claires-voies en pierre comme de grands châssis posés en rainure entre ces contre-forts; les chéneaux sont des dalles portant sur la tête des contre-forts et soulagés dans leur portée par des liens en pierre formant des pignons à jour, comme seraient des liens de bois sous un poitrail; les décorations qui ornent les faces de ces contre-forts ne sont que des placages en pierre de champ posée en délit et reliée au corps de la construction de distance en distance, par des assises qui font partie de cette construction. Les murs des bas côtés ne sont que des cloisons percées de fenêtres carrées à meneaux, éloignées des formerets des voûtes. Les arêtes (''arcs ogives'') des voûtes des porches se composent de dalles de champ qui reçoivent sur un ''repos'' les triangles de ces voûtes, et, s’élevant au-dessus d’eux, sont taillées de manière à porter le dallage de la couverture comme le feraient les arêtiers d’une charpente. Il semble que l’architecte de ce charmant édifice ait
La dernière expression du principe que nous avons émis plus haut se
cherché, dans la disposition de l’appareil de ses constructions, à économiser autant que faire se peut la pierre de taille. Et cependant cette église porte ses cinq cents ans sans que sa construction ait notablement souffert, malgré l’abandon et des restaurations inintelligentes. La manière ingénieuse avec laquelle l’appareil a été conçu et exécuté a préservé cet édifice de la ruine, que son excessive légèreté semblait promptement provoquer. L’étude de l’appareil des monuments du moyen âge ne saurait donc être recommandée; elle est indispensable lorsqu’on veut les restaurer sans compromettre leur solidité, elle est utile toujours, car jamais
rencontre dans les édifices du XIV<sup>e</sup> siècle. L’appareil des membres de la
cette science pratique n’a produit des résultats plus surprenants avec des moyens plus simples, avec une connaissance plus parfaite des matériaux, deleur résistance et de leurs qualités.
construction qui portent verticalement diffère essentiellement de l’appareil
des constructions qui buttent ou qui contribuent à la décoration. L’église
de Saint-Urbain de Troyes nous donne un exemple très-remarquable de l’application
de ce principe dans toute sa rigueur logique. La construction de
cette église ne se compose réellement que de contre-forts et de voûtes; les
contre-forts sont élevés par assises basses posées sur leurs lits; quant aux
arcs-boutants, ce ne sont que des ''étais'' de pierre et non point des arcs
composés de claveaux; les intervalles entre les contre-forts ne sont que des
claires-voies en pierre comme de grands châssis posés en rainure entre ces
contre-forts; les chéneaux sont des dalles portant sur la tête des contre-forts
et soulagés dans leur portée par des liens en pierre formant des pignons à
jour, comme seraient des liens de bois sous un poitrail; les décorations
qui ornent les faces de ces contre-forts ne sont que des placages en pierre
de champ posée en délit et reliée au corps de la construction de distance
en distance, par des assises qui font partie de cette construction. Les
murs des bas côtés ne sont que des cloisons percées de fenêtres carrées à
meneaux, éloignées des formerets des voûtes. Les arêtes (''arcs ogives'') des
voûtes des porches se composent de dalles de champ qui reçoivent sur
un ''repos'' les triangles de ces voûtes, et, s’élevant au-dessus d’eux, sont
taillées de manière à porter le dallage de la couverture comme le feraient les
arêtiers d’une charpente. Il semble que l’architecte de ce charmant édifice ait
cherché, dans la disposition de l’appareil de ses constructions, à économiser
autant que faire se peut la pierre de taille. Et cependant cette église
porte ses cinq cents ans sans que sa construction ait notablement souffert,
malgré l’abandon et des restaurations inintelligentes. La manière ingénieuse
avec laquelle l’appareil a été conçu et exécuté a préservé cet édifice
de la ruine, que son excessive légèreté semblait promptement provoquer.
L’étude de l’appareil des monuments du moyen âge ne saurait
donc être recommandée; elle est indispensable lorsqu’on veut les restaurer
sans compromettre leur solidité, elle est utile toujours, car jamais
cette science pratique n’a produit des résultats plus surprenants avec des
moyens plus simples, avec une connaissance plus parfaite des matériaux, de
leur résistance et de leurs qualités.
 
Dans les édifices du XI<sup>e</sup> au XVI<sup>e</sup> siècle, les linteaux ne sont généralement employés que pour couvrir de petites ouvertures, et sont alors d’un seul morceau. Dans les édifices civils particulièrement, où les fenêtres et les portes sont presque toujours carrées, les liteaux sont hauts, quelquefois taillés en triangle (19) pour mieux résister à la pression, ou
employés que pour couvrir de petites ouvertures, et sont alors d’un seul
morceau. Dans les édifices civils particulièrement, où les fenêtres et les portes
sont presque toujours carrées, les liteaux sont hauts, quelquefois taillés en
triangle (19) pour mieux résister à la pression, ou
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[[Image:Linteau.triangulaire.png|center]]
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cheminées dont les manteaux souvent jusqu’à quatre ou cinq mètres de portée, les linteaux sont appareillés en plates-bandes (21) à joints simples ou à crossettes (22), ou à tenons (23).
cheminées dont les manteaux
souvent jusqu’à quatre ou cinq mètres de portée, les linteaux sont appareillés
en plates-bandes (21) à joints simples ou à crossettes (22), ou à tenons (23).
</div>
[[Image:Linteau.en.plate.bande.png|center]]
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[[Image:Linteau.a.tenons.png|center]]
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Les constructeurs connaissaient donc alors la plate-bande appareillée, et s’ils ne l’employaient que dans des cas exceptionnels et lorsqu’ils ne pouvaient faire autrement, c’est qu’ils avaient reconnu les inconvénients de ce genre d’appareil. D’ailleurs il existe du côté du Rhin, là où les grès rouges des Vosges donnent des matériaux très résistants et tenaces, un grand nombre de plates-bandes appareillées dans des édifices des XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles. <span id=Coucy>Dans la portion du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], qui date du XV<sup>e</sup> siècle, on voit encore d’immenses fenêtres carrées dont les linteaux, qui n’ont pas moins de quatre mètres de portée, sont appareillés en claveaux, sans aucun ferrement pour les empêcher de glisser. Mais ce sont là des exceptions; les portions d’arcs de cercle sont toujours préférées par les appareilleurs anciens (24), du moment que les portées sont trop grandes pour permettre l’emploi de linteaux d’un seul morceau.
Les constructeurs connaissaient
donc alors la plate-bande appareillée, et
s’ils ne l’employaient que dans des cas
exceptionnels et lorsqu’ils ne pouvaient
faire autrement, c’est qu’ils avaient reconnu
les inconvénients de ce genre d’appareil.
D’ailleurs il existe du côté du
Rhin, là où les grès rouges des Vosges donnent des matériaux très
résistants et tenaces, un grand nombre de plates-bandes appareillées dans
des édifices des XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles. <span id=Coucy>Dans la portion du château
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]], qui date du XV<sup>e</sup> siècle, on voit encore d’immenses fenêtres carrées
dont les linteaux, qui n’ont pas moins de quatre mètres de portée, sont
appareillés en claveaux, sans aucun ferrement pour les empêcher de
glisser. Mais ce sont là des exceptions; les portions d’arcs de cercle sont
toujours préférées par les appareilleurs anciens (24), du moment que les
portées sont trop grandes pour permettre l’emploi de linteaux d’un seul
morceau.
</div>
[[Image:Linteau.en.arc.de.cercle.png|center]]
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Depuis l’époque romane jusqu’au XV<sup>e</sup> siècle exclusivement on ne ravalait pas les édifices, les pierres n’étaient point posées épannelées, mais complètement taillées et achevées. Tout devait donc être prévu par l’appareilleur sur le chantier avant la pose. Aussi jamais un joint ne vient couper gauchement un bas-relief, un ornement ou une moulure. Les preuves de ce fait intéressant abondent: 1° les marques de tâcherons qui se rencontrent sur les pierres; 2° les coups de ''bretture'', qui diffèrent à chaque pierre; 3° l’impossibilité de refouiller certaines moulures ou sculptures après la pose comme dans la fig. 8, par exemple; 4° les tracés des fonds de moulures que l’on retrouve dans les joints derrière les ornements (25); 5° les erreurs de mesures, qui ont forcé les poseurs de couper parfois une portion d’une feuille d’une sculpture pour faire entrer à sa place une pierre taillée sur le chantier; 6° les combinaisons et pénétrations de moulures de meneaux, qu’il serait impossible d’achever sur le tas si la pierre eût été posée épannelée
Depuis l’époque romane jusqu’au XV<sup>e</sup> siècle exclusivement on ne ravalait
seulement; 7° enfin, ces exemples si fréquents d’édifices non terminés, mais dans lesquels les dernières pierres posées sont entièrement achevées comme taille ou sculpture.
pas les édifices, les pierres n’étaient point posées épannelées, mais complètement
taillées et achevées. Tout devait donc être prévu par l’appareilleur
sur le chantier avant la pose. Aussi jamais un joint ne vient couper gauchement
un bas-relief, un ornement ou une moulure. Les preuves de ce fait intéressant
abondent: 1° les marques de tâcherons qui se rencontrent sur les
pierres; 2° les coups de ''bretture'', qui diffèrent à chaque pierre; 3° l’impossibilité
de refouiller certaines moulures ou sculptures après la pose
comme dans la fig. 8, par exemple; 4° les tracés des fonds de moulures
que l’on retrouve dans les joints derrière les ornements (25);
5° les erreurs de mesures, qui ont forcé les
poseurs de couper parfois une portion d’une feuille
d’une sculpture pour faire entrer à sa place une pierre
taillée sur le chantier; 6° les combinaisons et pénétrations
de moulures de meneaux, qu’il serait impossible
d’achever sur le tas si la pierre eût été posée épannelée
seulement; 7° enfin, ces exemples si fréquents
d’édifices non terminés, mais dans lesquels les dernières
pierres posées sont entièrement achevées comme taille ou sculpture.
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Au XV<sup>e</sup> siècle le système d’appareil se modifie profondément. Le désir de produire des effets extraordinaires, la profusion des ornements, des pénétrations de moulures, l’emportent sur l’appareil raisonné prenant pour base la nature des matériaux employés. C’est alors la décoration qui commande l’appareil souvent en dépit des hauteurs de bancs; il en résulte de fréquents ''décrochements'' dans les lits et les joints, des déchets considérables de pierre, des moyens factices pour maintenir ces immenses galbes à jour, ces porte-à-faux; le fer vient en aide au constructeur pour accrocher ces décorations qui ne sauraient tenir sans son secours, et par les règles naturelles de la statique. Cependant encore ne voit-on jamais un ornement coupé par un lit, les corniches sont prises dans une hauteur d’assise, les arcs sont extradossés, les meneaux appareillés suivant la méthode employée par les constructeurs antérieurs, bien qu’ils affectent des formes qui se concilient difficilement avec les qualités ordinaires de la pierre. <span id=Gaillon><span id=Ecouen>On ne peut encore signaler ces énormités si fréquentes un siècle plus tard, où l’architecte du château d’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes E#Ecouen|Écouen]] appareillait des colonnes au moyen de
Au XV<sup>e</sup> siècle le système d’appareil se modifie profondément. Le désir
deux blocs posés en délit avec un joint vertical dans toute la hauteur, ou comme au château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gaillon|Gaillon]] on trouvait ingénieux de construire des arcs retombant sur un cul-de-lampe suspendu en l’air, où l’on prodiguait ces clefs pendantes dans les voûtes d’arêtes, accrochées aux charpentes.
de produire des effets extraordinaires, la profusion des ornements, des pénétrations
de moulures, l’emportent sur l’appareil raisonné prenant pour
base la nature des matériaux employés. C’est alors la décoration qui commande
l’appareil souvent en dépit des hauteurs de bancs; il en résulte de
fréquents ''décrochements'' dans les lits et les joints, des déchets considérables
de pierre, des moyens factices pour maintenir ces immenses galbes à jour,
ces porte-à-faux; le fer vient en aide au constructeur pour accrocher ces
décorations qui ne sauraient tenir sans son secours, et par les règles naturelles
de la statique. Cependant encore ne voit-on jamais un ornement
coupé par un lit, les corniches sont prises dans une hauteur d’assise, les
arcs sont extradossés, les meneaux appareillés suivant la méthode employée
par les constructeurs antérieurs, bien qu’ils affectent des formes
qui se concilient difficilement avec les qualités ordinaires de la pierre. <span id=Gaillon><span id=Ecouen>On
ne peut encore signaler ces énormités si fréquentes un siècle plus tard, où
l’architecte du château d’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes E#Ecouen|Écouen]] appareillait des colonnes au moyen de
deux blocs posés en délit avec un joint vertical dans toute la hauteur, ou
comme au château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gaillon|Gaillon]] on trouvait ingénieux de construire des arcs
retombant sur un cul-de-lampe suspendu en l’air, où l’on prodiguait ces
clefs pendantes dans les voûtes d’arêtes, accrochées aux charpentes.
 
Constatons, en finissant, ce fait principal qui résume toutes les observations de détail contenues dans cet article. Du XI<sup>e</sup> siècle à la fin du XIV<sup>e</sup>, quand la décoration des édifices donne des lignes horizontales, la construction est horizontale; quand elle donne des lignes verticales, la construction est verticale; l’appareil suit naturellement cette loi. Au XV<sup>e</sup> siècle la décoration est toujours verticale, les lignes horizontales sont rares, à peine indiquées, et cependant la construction est toujours horizontale, c’est-à-dire en contradiction manifeste avec les formes adoptées.
Constatons, en finissant, ce fait principal qui résume toutes les observations
de détail contenues dans cet article. Du XI<sup>e</sup> siècle à la fin du XIV<sup>e</sup>,
quand la décoration des édifices donne des lignes horizontales, la construction
est horizontale; quand elle donne des lignes verticales, la construction
est verticale; l’appareil suit naturellement cette loi. Au XV<sup>e</sup> siècle la décoration
est toujours verticale, les lignes horizontales sont rares, à peine indiquées,
et cependant la construction est toujours horizontale, c’est-à-dire en
contradiction manifeste avec les formes adoptées.