« Michel Strogoff/Partie 1/Chapitre 11 » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Correction des redirects après renommage |
|||
Ligne 1 :
{{TextQuality|100%}}<div class="text">
{{Navigateur|[[Michel Strogoff/Partie 1/Chapitre 10|Chapitre 10]]|[[Michel Strogoff]]|[[Michel Strogoff/Partie 1/Chapitre 12|Chapitre 12]]}}
Ligne 9 :
En effet, pendant cette courte accalmie, des cris se faisaient
entendre vers la partie supérieure de la route, et à une distance
assez rapprochée de
en détresse.
Michel Strogoff, prêtant
eût semblé impossible de répondre à cet appel.
« Des voyageurs qui demandent du secours !
en pareille circonstance, ne devons-nous pas le faire pour eux ?
le laisser seul....
Michel Strogoff serra la main de sa compagne, et, franchissant le
tournant du talus, il disparut aussitôt dans
« Ton frère a tort, dit
Cependant, Michel Strogoff remontait rapidement la route.
grande hâte de porter secours à ceux qui jetaient ces cris de
détresse, il avait grand désir aussi de savoir quels pouvaient être
ces voyageurs que
montagne, car il ne doutait pas que ce ne fussent ceux dont la télègue
précédait toujours son tarentass.
Ligne 57 :
La pluie avait cessé, mais la bourrasque redoublait de violence. Les
cris, apportés par le courant atmosphérique, devenaient de plus en
plus distincts. De
ne pouvait rien voir. La route était sinueuse, et la lueur des éclairs
ne laissait apparaître que le saillant des talus qui coupaient le
Ligne 66 :
Mais il fut bientôt évident que les voyageurs, dont les cris se
faisaient entendre, ne devaient plus être éloignés. Bien que Michel
Strogoff ne pût encore les voir, soit
de la route, soit que
paroles, cependant, arrivaient assez distinctement à son oreille.
Or, voici ce
certaine surprise :
« Butor ! reviendras-tu ?
chancellerie, et je le ferai pendre ! »
Celui qui parlait ainsi était véritablement dans une grosse colère.
Mais tout à coup, il sembla à Michel Strogoff que le second
interlocuteur prenait son parti de ce qui se passait, car
rire le plus inattendu, au milieu
et fut suivi de ces paroles :
« Eh bien ! non ! décidément,
Royaume-Uni.
mieux à faire ! Je vous engage à en faire autant ! Parole
En ce moment, un violent coup de tonnerre remplit le défilé
fracas effroyable, que les échos de la montagne multiplièrent dans une
proportion grandiose. Puis, après que le dernier roulement se fût
éteint, la voix joyeuse retentit encore, disant :
« Oui, extraordinairement drôle ! Voilà certainement qui
pas en France !
Sur la route, largement éclairée alors par les éclairs, Michel
Strogoff aperçut, à vingt pas, deux voyageurs, juchés
paraissait âtre profondément embourbé dans quelque ornière.
Michel Strogoff
rire et
journaux, qui, embarqués sur le ''Caucase'', avaient fait en sa
compagnie la route de Nijni-Novgorod à Perm.
« Eh ! bonjour, monsieur !
dans cette circonstance ! Permettez-moi de vous présenter mon ennemi
intime, monsieur Blount. »
Le reporter anglais salua, et peut-être allait-il, à son tour,
présenter son confrère Alcide Jolivet, conformément aux règles de la
politesse, quand Michel Strogoff lui dit :
« Inutile, messieurs, nous nous connaissons, puisque nous avons déjà
voyagé ensemble sur le Volga.
Mais
plaisante pour
Imaginez-vous que notre postillon est parti avec
infernal véhicule, nous laissant en panne sur
absurde équipage ! La pire moitié
guide, plus de chevaux !
drôle ?
leur bon côté !
demanda Harry Blount.
atteler à ce qui nous reste de voiture ; moi, je prendrai les guides,
je vous appellerai mon petit pigeon, comme un véritable iemschik, et
vous marcherez comme un vrai postier !
bornes, et
et vous aurez droit de me traiter
se pâme, si je ne vous mène pas
Alcide Jolivet disait toutes ces choses avec une telle bonne humeur,
que Michel Strogoff ne put
« Messieurs, dit-il alors, il y a mieux à faire. Nous sommes arrivés,
ici, au col supérieur de la chaîne de
nous
Ma voiture est là, à cinq cents pas en arrière. Je vous prêterai un de
mes chevaux, on
si aucun accident ne se produit, nous arriverons ensemble à
Ekaterinbourg.
qui part
offre pas de monter dans mon tarentass,
deux places, et que ma sœur et moi, nous les occupons déjà.
et moi, avec votre cheval et
nous irions au bout du monde !
obligeante. Quant à cet iemschik !...
aventure lui arrive ! répondit Michel Strogoff.
nous a laissés en arrière, le misérable !
deux parties de sa télègue ?
avant-train à Ekaterinbourg !
confrère !
nous rejoindrons ma voiture, et....
Jolivet. La voilà si bien enracinée dans le sol, que si on
laissait, au printemps prochain il y pousserait des feuilles !
le tarentass. »
Le Français et
ainsi siège de devant, suivirent Michel Strogoff.
Ligne 228 :
sa bonne humeur, que rien ne pouvait altérer.
« Ma foi, monsieur Korpanoff, dit-il à Michel Strogoff, vous nous tirez
là
autre eût fait à ma place. Si les voyageurs ne
il
il est possible que nous nous rencontrions encore, et...
Alcide Jolivet ne demandait pas
où il allait, mais celui-ci, ne voulant pas avoir
répondit aussitôt :
« Je vais à Omsk, messieurs.
devant nous, là où il y aura peut-être quelque balle, mais, à coup
sûr, quelque nouvelle à attraper.
empressement.
y rencontrerons pas !
coups de fusil ou de coups de lance, et trop pacifique de mon naturel
pour
regretter de nous séparer sitôt ! Mais, en quittant Ekaterinbourg,
peut-être notre bonne étoile voudra-t-elle que nous voyagions encore
ensemble, ne fût-ce que pendant quelques jours ?
réfléchi un instant.
très
là, nous agirons selon les événements.
Michel Strogoff eût évidemment mieux aimé voyager seul, mais il ne
pouvait, sans que cela parût au moins singulier, chercher à se séparer
de deux voyageurs qui allaient suivre la même route que lui.
de
avait aucun inconvénient à faire avec eux cette partie du voyage.
« Eh bien, messieurs, répondit-il, voilà qui est convenu. Nous ferons
route ensemble.»
Puis, du ton le plus indifférent :
« Savez-vous avec quelque certitude où en est
demanda-t-il.
répondit Alcide Jolivet. Les Tartares de Féofar-Khan ont envahi toute
la province de Sémipalatinsk, et, depuis quelques jours, ils
descendent à marche forcée le cours de
hâter si vous voulez les devancer à Omsk.
frontière sous un déguisement, et
le chef tartare au centre même du pays soulevé.
nouvelles, plus ou moins véridiques, intéressaient directement.
dans
est en Sibérie ?
Ekaterinbourg.
Blount.
se rappela la présence du vieux tsigane à Nijni-Novgorod, son voyage à
bord du ''Caucase'' et son débarquement à Kazan.
répondit en souriant Alcide Jolivet.
Michel Strogoff
Alcide Jolivet échangeaient entre eux. Il songeait à cette troupe de
bohémiens, à ce vieux tsigane dont il
femme étrange qui
jeté sur lui, et il cherchait à rassembler dans son esprit tous les
détails de cette rencontre,
une courte distance.
« Ah ! messieurs, en avant !
Alcide Jolivet, il court bien vite à
Et, suivi
il se précipita sur les pas de Michel Strogoff.
Ligne 353 :
Le bouquet de pins allumé par la foudre brûlait, encore. La route
était déserte. Cependant, Michel Strogoff
bruit
Soudain, un formidable grognement se fit entendre, et une seconde
détonation éclata au delà du talus.
« Un ours !
grognement. Nadia ! Nadia ! »
Et, tirant son coutelas de sa ceinture, Michel Strogoff
un bond formidable et tourna le contrefort derrière lequel la jeune
fille avait promis de
Les pins, alors dévorés par les flammes du tronc à la cime,
Ligne 370 :
Au moment où Michel Strogoff atteignit le tarentass, une masse énorme
recula
qui hérissaient ce talus de
dans cette excavation, sa retraite habituelle, sans doute, que Nadia
occupait alors.
Deux des chevaux, effrayés de la présence de
leurs traits, avaient pris la fuite, et
ses bêtes, oubliant que la jeune fille allait rester seule en présence
de
La courageuse Nadia
Michel Strogoff, et, marchant hardiment sur
feu à bout portant.
jeune fille, qui avait cherché
du tarentass, dont le cheval cherchait à briser ses liens. Mais ces
chevaux, une fois perdus dans la montagne,
compromis. Nadia était donc revenue droit à
sang-froid surprenant, au moment même où les pattes de
allaient
seconde fois.
de Michel Strogoff. Mais il était là.
en haut, et
sol comme une masse inerte. »
qui tiennent à ne pas endommager cette précieuse fourrure des ours,
dont ils tirent un haut prix.
« Tu
vers la jeune fille.
En ce moment apparurent les deux journalistes.
Alcide Jolivet se jeta à la tête du cheval, et il faut croire
avait le poignet solide, car il parvint à le contenir. Son compagnon
et lui avaient vu la rapide manœuvre de Michel Strogoff.
« Diable !
Korpanoff, vous maniez joliment le couteau du chasseur !
de faire un peu de tout ! »
Alcide Jolivet regarda alors le jeune homme.
Vu en pleine lumière, le couteau sanglant à la main, avec sa haute
taille, son air résolu, le pied posé sur le corps de
venait
« Un rude gaillard ! » se dit Alcide Jolivet.
saluer la jeune fille.
Nadia
Alcide Jolivet, se tournant alors vers son compagnon :
« La sœur vaut le frère ! dit-il. Si
pas à ce couple redoutable et charmant ! »
Harry Blount, droit comme un piquet, se tenait, chapeau bas, à quelque
distance. La désinvolture de son compagnon avait pour effet
encore à sa raideur habituelle.
En ce moment reparut
deux chevaux. Il jeta tout
animal, gisant sur le sol,
oiseaux de proie, et il
Michel Strogoff lui fit alors connaître la situation des deux
Ligne 458 :
disposition.
« Comme il te plaira, répondit
lieu
te payera double.
Nadia était remontée dans le tarentass, que suivaient à pied Michel
Ligne 473 :
défilé, et la route fut remontée rapidement.
Aux premières lueurs de
télègue, qui était consciencieusement embourbée
roues. On comprenait parfaitement
son attelage eût opéré la séparation des deux trains.
Un des chevaux de flanc du tarentass fut attelé à
la caisse de la télègue. Les deux journalistes reprirent place sur le
banc de leur singulier équipage, et les voitures se mirent aussitôt en
mouvement. Du reste, elles
Six heures après, les deux véhicules,
à Ekaterinbourg, sans
partie de leur voyage.
Ligne 492 :
Ce digne Russe avait vraiment une bonne figure, et, sans plus
tendant la main, il réclama son pourboire.
La vérité oblige à dire que la fureur
violence toute britannique, et si
reculé, un coup de poing, porté suivant toutes les règles de la boxe,
lui eût payé son « na vodkou » en pleine figure.
Alcide Jolivet, lui, voyant cette colère, riait à se tordre, et comme
il
« Mais il a raison, ce pauvre diable !
droit, mon cher confrère ! Ce
trouvé le moyen de le suivre ! ».
Et tirant quelques kopeks de sa poche :
« Tiens,
les as pas gagnés, ce
Ceci redoubla
maître de poste et lui faire un procès.
« Un procès, en Russie !
savez donc pas
mois
quand fut rendu le jugement qui lui donnait gain de cause ?
Et, sur cette réponse, tous
Quant à Alcide Jolivet, enchanté de sa repartie, il tira son carnet de
sa poche et y inscrivit en souriant cette note, destinée à figurer au
dictionnaire moscovite :
« Télègue, voiture russe à quatre roues, quand elle part,
roues, quand elle arrive ! »
|