« Michel Strogoff/Partie 1/Chapitre 3 » : différence entre les versions
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<center>'''Michel Strogoff.'''</center>
<br />
▲La porte du cabinet impérial s'ouvrit bientôt, et l'huissier annonça
le général Kissoff.
« Ce courrier ? demanda vivement le czar.
missions difficiles.
— À l’étranger ?
échoueraient peut-être.
faim, la soif, la fatigue.
Quelques instants plus tard, le courrier Michel Strogoff entrait dans
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Ses membres, bien attachés, étaient autant de leviers, disposés
mécaniquement pour le meilleur accomplissement des ouvrages de force.
Ce beau et solide garçon, bien campé, bien planté,
facile à déplacer malgré lui, car,
sur le sol, il semblait
carrée du haut, large de front, se
qui
moscovite. Lorsque sa face, ordinairement pâle, venait à se modifier,
artérielle. Ses yeux étaient
franc, inaltérable, et ils brillaient sous une arcade dont les muscles
sourciliers, contractés faiblement, témoignaient
« ce courage sans colère des héros », suivant
physiologistes. Son nez puissant, large de narines, dominait une
bouche symétrique avec les lèvres un peu saillantes de
et bon.
Michel Strogoff avait le tempérament de
rapidement son parti, qui ne se ronge pas les ongles dans
piétine pas dans
savait rester immobile comme un soldat devant son supérieur ; mais,
remarquable netteté de mouvements,
confiance et la volonté vivace de son esprit.
dont la main semble toujours « pleine des cheveux de
figure un peu forcée, mais qui les peint
Michel Strogoff était vêtu
rapprochait de celui des officiers de chasseurs
bottes, éperons, pantalon demi-collant, pelisse bordée de fourrure et
agrémentée de soutaches jaunes sur fond brun. Sur sa large poitrine
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Michel Strogoff appartenait au corps spécial des courriers du czar, et
il avait rang
particulièrement dans sa démarche, dans sa physionomie, dans toute sa
personne, et ce que le czar reconnut sans peine,
exécuteur
recommandables en Russie, suivant
Tourguèneff, qualité qui conduit aux plus hautes positions de
moscovite.
En vérité, si un homme pouvait mener à bien ce voyage de Moscou à
Irkoutsk, à travers une contrée envahie, surmonter les obstacles et
braver les périls de toutes sortes,
Strogoff,
Circonstance très
Strogoff connaissait admirablement le pays
il en comprenait les divers idiomes, non
parcouru, mais parce
Son père, le vieux Pierre Strogoff, mort depuis dix ans, habitait la
ville
Strogoff, y demeurait encore.
sauvages des provinces
chasseur sibérien avait élevé son fils Michel « à la dure », suivant
était chasseur. Été comme hiver, aussi bien par les chaleurs torrides
que par des froids qui dépassent quelquefois cinquante degrés
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mélèzes et de bouleaux, les forêts de sapins, tendant ses trappes,
guettant le petit gibier au fusil et le gros gibier à la fourche ou au
couteau. Le gros gibier
redoutable et féroce animal dont la taille égale celle de ses
congénères des mers glaciales. Pierre Strogoff avait tué plus de
trente-neuf ours,
coups,
Russie, combien de chasseurs ont été heureux
ours, qui ont succombé devant le quarantième !
Pierre Strogoff avait donc dépassé sans avoir reçu même une
égratignure le nombre fatal. Depuis ce moment, son fils Michel, âgé de
onze ans, ne manqua plus de
« ragatina »,
armé seulement du couteau.
son premier ours, tout seul,
indiquait chez
Cette vie lui profita, et, arrivé à
capable de tout supporter, le froid, le chaud, la faim, la soif, la
fatigue.
homme de fer. Il savait rester vingt-quatre heures sans manger, dix
nuits sans dormir, et se faire un abri en pleine steppe, là où
extrême, guidé par un instinct de Delaware au milieu de la plaine
blanche, quand le brouillard interceptait tout horizon, lors même
polaires se prolonge pendant de longs jours, il retrouvait son chemin,
là où
père lui étaient connus. Il avait appris à se guider sur des symptômes
presque imperceptibles, projection des aiguilles de glaces,
disposition des menues branches
dernières limites de
vagues qui traversaient
jalons pour qui sait les reconnaître. De plus, trempé dans les neiges,
comme un damas dans les eaux de Syrie, il avait une santé de fer,
ainsi que
vrai, un cœur
Marfa, qui
Strogoff, à Omsk, sur les bords de
et elle vécurent si longtemps ensemble. Lorsque son fils la quitta, ce
fut le cœur gros, mais en lui promettant de revenir toutes les fois
Il avait été décidé que Michel Strogoff, à vingt ans, entrerait au
service personnel de
du czar. Le jeune Sibérien, hardi, intelligent, zélé de bonne
conduite, eut
voyage au Caucase, au milieu
remuants successeurs de Shamyl, puis, plus tard, pendant une
importante mission qui
Kamtschatka, à
longues tournées, il déploya des qualités merveilleuses de sang-froid,
de prudence, de courage, qui lui valurent
protection de ses chefs, et il fit rapidement son chemin.
Quant aux congés qui lui revenaient de droit, après ces lointaines
missions, jamais il ne négligea de les consacrer à sa vieille
mère,
rendit-il les routes impraticables. Cependant, et pour la première
fois, Michel Strogoff, qui venait
siècles ! Or, son congé réglementaire allait lui être accordé dans
quelques jours, et il avait déjà fait ses préparatifs de départ pour
Omsk, quand se produisirent les circonstances que
Strogoff fut donc introduit en présence du czar, dans la plus complète
ignorance de ce que
Le czar, sans lui adresser la parole, le regarda pendant quelques
instants et
demeurait absolument immobile.
Puis, le czar, satisfait de cet examen, sans doute, retourna près de
son bureau, et, faisant signe au grand maître de police de
asseoir, il lui dicta à voix basse une lettre qui ne contenait que
quelques lignes.
La lettre libellée, le czar la relut avec une extrême attention, puis
il la signa, après avoir fait précéder son nom de ces mots : « Byt po
sémou, » qui signifient : « Ainsi soit-il, » et constituent la formule
sacramentelle des empereurs de Russie.
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aux armes impériales.
Le czar, se relevant alors, dit à Michel Strogoff de
Michel Strogoff fit quelques pas en avant et demeura de nouveau
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Le czar le regarda encore une fois bien en face, les yeux dans les
yeux. Puis,
« Ton nom ? demanda-t-il.
Le czar suspendit un instant la série de ses questions. Puis, montrant
la lettre
« Voici une lettre, dit-il, que je te charge, toi, Michel Strogoff, de
remettre en mains propres au grand-duc et à nul autre que lui.
par des Tartares, qui auront intérêt à intercepter cette lettre.
rencontrera peut-être sur ta route.
voies ta mère ! »
Michel Strogoff eut une seconde
« Je ne la verrai pas, dit-il.
vas !
courrier, prends donc cette lettre, de laquelle dépend le salut de
toute la Sibérie et peut-être la vie du grand-duc mon frère.
▲—Ainsi tu passeras quand même?
▲Je passerai, ou l'on me tuera.
▲—J'ai besoin que tu vives!
Le czar parut
▲—Je vivrai et je passerai,» répondit Michel Strogoff. Le czar parut
satisfait de
lui avait répondu.
« Va donc, Michel Strogoff, dit-il, va pour Dieu, pour la Russie, pour
mon frère et pour moi ! »
Michel Strogoff salua militairement, quitta aussitôt le cabinet
impérial, et, quelques instants après, le Palais-Neuf.
« Je crois que tu as eu la main heureuse, général, dit le czar.
peut être assurée que Michel Strogoff fera tout ce que peut faire un
homme.
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