« Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/340 » : différence entre les versions

MarcBot (discussion | contributions)
m Bot: Création de la page avec le texte extrait du fichier DjVu
 
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<poem>
330 LA PU CELLE. [m]
Qui sous ses pas fait retentir la terre,

Qui SOUS ses pas fait retentir la terre,
Quand la Discorde, et Bellone, et le Sort,
Quand la Discorde, et Bellone, et le Sort,
Arment son bras, ministre de la mort.
Arment son bras, ministre de la mort.


La présidente avait une ouverture
La présidente avait une ouverture
Dans son logis auprès d'une masure.
Dans son logis auprès d’une masure.
Et par ce trou contemplait son amant.
Et par ce trou contemplait son amant.
Ce casque d'or, ce panache ondoyant.
Ce casque d’or, ce panache ondoyant.
Ce bras armé, ces vives étincelles
Ce bras armé, ces vives étincelles
Qui s'élançaient du rond de ses prunelles.
Qui s’élançaient du rond de ses prunelles.
Ce port altier, cet air d'un demi-dieu.
Ce port altier, cet air d’un demi-dieu.
La présidente en était tout en feu,
La présidente en était tout en feu,
Hors de ses sens, de honte dépouillée.
Hors de ses sens, de honte dépouillée.
Telle autrefois, d'une loge grillée,
Telle autrefois, d’une loge grillée,
Madame Audou^ dont l'Amour prit le cœur.
Madame Audou^ dont l’Amour prit le cœur.
Lorgnait Baron, cet immortel acteur;
Lorgnait Baron, cet immortel acteur;
D'un œil ardent dévorait sa figure.
D’un œil ardent dévorait sa figure.
Son beau maintien, ses gestes, sa parure ;
Son beau maintien, ses gestes, sa parure ;
Mêlait tout bas sa voix à ses accents.
Mêlait tout bas sa voix à ses accents.
Et recevait l'amour par tous les sens.
Et recevait l’amour par tous les sens.


Chez la Louvet vous savez que le diable
Chez la Louvet vous savez que le diable
Était entré sans se rendre importun ;
Était entré sans se rendre importun ;
Et que le diable et l'Amour, c'est tout un.
Et que le diable et l’Amour, c’est tout un.
L'archange noir, de mal insatiable.
L’archange noir, de mal insatiable.
Prit la cornette et les traits de Suzon,
Prit la cornette et les traits de Suzon,
Qui dès longtemps servait dans la maison ;
Qui dès longtemps servait dans la maison ;
Fille entendue, active, nécessaire,
Fille entendue, active, nécessaire,
</poem>


(1). On sent bien qu’ici le nom de {{Mme}} Audou est substitué au nom d’une grande dame de la cour qui, en effet, avait eu de la passion pour Baron le comédien. (Note de Voltaire, ni3.) — Cest probablement {{Mlle}} de La Force que Voltaire veut désigner ici. Il était trop au courant de la chronique scandaleuse de la cour de Louis XIV pour ignorer l’anecdote suivante, dont le récit, extrait d’un recueil manuscrit fermé par M. de Brienne, a été communiqué par M. Van Praet à M. Walckenaer. « La
■J. On sent bien qu'ici le nom de M""= Audou est substitué au nom d'une grande
célèbre {{Mlle}} de La Force, parmi toutes ses galanteries, connues de tout le monde, en a eu une avec Baron le père, qui fit beaucoup de bruit. Un jour, après avoir passé la nuit avec elle, il était sorti de grand matin pour éviter le scandale: mais, ayant oublié de lui dire quelque chose qui était très-pressé, il retourna chox elle à son lever, et comme il était fort familier, il entra dans la chambre où elle était,
dame de la cour qui, en effet, avait eu de la passion pour Baron le comédien. {Note
encore au lit, sans se faire annoncer. La demoiselle se crut obligée de se fâcher, parce qu’elle avait auprès d’elle deux prudes qui auraient pu s’en scandaliser; en
de Voltaire, ni3.) — Cest probablement M"« de La Force que Voltaire veut désigner
sorte que, prenant un ton sérieux, elle demanda brusquement à Baron de quoi droit il se donnait les airs d’entrer si familièrement chez elle, et dans sa chambre.
ici. Il était trop au courant de la chronique scandaleuse de la cour de Louis XIV
pour ignorer l'anecdote suivante, dont le récit, extrait d'un recueil manuscrit fermé
par M. de Brienne, a été communiqué par M. Van Praet à M. Walckenaer. « La
célèbre M^'*' de La Force, parmi toutes ses galanteries, connues de tout le monde,
en a eu une avec Baron le père, qui fit beaucoup de bruit. Un jour, après avoir
passé la nuit avec elle, il était sorti de grand matin pour éviter le scandale: mais,
ayant oublié de lui dire quelque chose qui était très-pressé, il retourna chox elle à
son lever, et comme il était fort familier, il entra dans la chambre où elle était,
encore au lit, sans se faire annoncer. La demoiselle se crut obligée de se fâcher,
parce qu'elle avait auprès d'elle deux prudes qui auraient pu s'en scandaliser; en
sorte que, prenant un ton sérieux, elle demanda brusquement à Baron de quoi
droit il se donnait les airs d'entrer si familièrement chez elle, et dans sa chambre.
Baron, piqué de la réprimande, répondit froidement: «Je vous demande excuse;
Baron, piqué de la réprimande, répondit froidement: «Je vous demande excuse;
« c'est queje venais chercher mon bonnet de nuit que j'avais oublié ici ce matin. »
« c’est que je venais chercher mon bonnet de nuit que j’avais oublié ici ce matin. »
Voyez Histoire de la vie et des ouvrages de J. de La Fontaine; Paris, 1820, in-8",
Voyez Histoire de la vie et des ouvrages de J. de La Fontaine; Paris, 1820, in-8",
page 475. (R.)
page 475. (R.)
Pied de page (noinclude) :Pied de page (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :

<references/>
<references/>