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pluie et au soleil. Jamais habit de bal ne fut médité avec plus de tendresse, et, ce qu’il y a de certain,

pluie et au soleil. Jamais habit de bal ne fut médité
avec plus de tendresse, et, ce qu’il y a de certain,
porté avec aussi peu de gêne.
porté avec aussi peu de gêne.


Le canon tonnait pour fêter le roi, les gardes nationaux s’apprêtaient à se hausser le menton dans leur habit et les allumeurs de la liste civile préparaient leur suif pour la solennité du soir, quand, après avoir dit adieu à nos deux amis Fritz et Louis, nous sommes montés dans notre wagon ; on a fermé la portière, la bête de fer a renâclé comme un cheval qui piaffe, et nous sommes partis.
Le canon tonnait pour fêter le roi, les gardes
nationaux s’apprêtaient à se hausser le menton dans
leur habit et les allumeurs de la liste civile prépa-
raient leur suif pour la solennité du soir, quand,
après avoir dit adieu à nos deux amis Fritz et
Louis, nous sommes montés dans notre wagon;
on a fermé la portière, la bête de fer a renâclé
comme un cheval qui piaffe, et nous sommes
partis.


Autrefois, quand vous vous transportiez d’un lieu à un autre, soit en voiture ou en bateau, vous aviez le temps de voir quelque chose et d’avoir des aventures ; un voyage de Paris à Rouen pouvait fournir un livre. J’ai connu des gens qui avaient mis dans leur jeunesse trois jours à l’accomplir : on s’en allait coucher, le premier, à Pont-de-l’Arche ; le deuxième, à Meulan et on s’estimait heureux si, le troisième, on était arrivé à Paris à
Autrefois, quand vous vous transportiez d’un
temps pour souper. Je lis dans un vieil itinéraire de la France publié vers la fin du règne d’Henri IV :
lieu à un autre, soit en voiture ou en bateau, vous
« Pour aller de Rouen à Dieppe, il y a un messager qui part trois fois par semaine ; on est un jour ; la dînée se fait à Tôtes où l’on reste trois heures ». Les hommes, qui maintenant jouent au gendarme, et les femmes, qui font des dines-dines dans le jardin, ne sauront que par tradition ce que c'était seulement que la diligence, avec son conducteur en veste bordée d’astrakan et les {{tiret|postil|lons}}
aviez le temps de voir quelque chose et d’avoir
des aventures; un voyage de Paris à Rouen pou-
vait fournir un livre. J’ai connu des gens qui
avaient mis dans leur jeunesse trois jours à l’accom-
plir : on s’en allait coucher, le premier, à Pont-
de-I’Arche; le deuxième, à Meulan et on s’estimait
heureux si, le troisième, on était arrivé à Paris à
temps pour souper. Je lis dans un vieil itinéraire
de la France publié vers la fin du règne d’Henri IV :
« Pour aller de Rouen à Dieppe, il y a un messa-
ger qui part trois fois par semaine ; on est un jour ;
la dînée se fait à Tôtes où l’on reste trois heures ».
Les hommes, qui maintenant jouent au gen-
darme, et les femmes, qui font des dines-dines
dans le jardin, ne sauront que par tradition ce que
c était seulement que la diligence, avec son con-
ducteur en veste bordée d’astrakan et les postil-
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