« La Paix chez soi » : différence entre les versions

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{{Titre|La paix chez soi<br/>comédie en un acte|[[Auteur:Georges Courteline|Georges Courteline]]|1903}}
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:::::{{sc|à mon viel ami}}
::::PIERRE WOLFF
:::::::''En toute affection''
:::::::::G.C.
 
 
 
 
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{| style="background:#fafafa;padding:10px;border:1px solid #888" |
|-
| align=left |
<div style="text-align:center;color:#006699;font-weight:bold;font-size:90%;">PERSONNAGES</div>
 
{{personnage|Trielle}}, 36 ans.
 
{{personnage|Valentine}}, sa femme, 25 ans.<br>
|}
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Le cabinet d’un homme de lettres. Une porte au fond, une autre à droite. À gauche, en pan coupé, une fenêtre praticable. Tableaux, estampes, etc. Face au souffleur, une table chargée de papiers. Au premier plan, adossé au mur de gauche, un de ces pupitres hauts sur pieds en usage chez les écrivains qui ont coutume de travailler debout.
 
 
 
 
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TRIELLE, seul, debout devant son pupitre et comptant du bout de sa plume le nombre des lignes qu’il vient de pondre.
274, 276, 278, 280 et 285. -- Encore trente lignes sensationnelles, dont une vingtaine d’alinéas, une décoction de points suspensifs et une coupure à effet pour finir ; si, avec cela, le lecteur ne se déclare pas satisfait, il pourra s’aller coucher. Quel métier ! (Il trempe sa plume dans l’encre, se dispose à écrire, soupire, s étires’étire, bâille longuement.) Ça t’ennuie, hein ?… Allons, vieux, du courage. Prends ton huile de foie de morue !
(Il se décide et se met à la besogne, se dictant à lui-même à haute voix :)
 
Cependant, bien que l’antique horloge de Saint-Séverin eût depuis longtemps, dans le silence de la nuit, sonné, les trois coups de trois heures…
(Il se décide et se met à la besogne, se dictant à lui-même à haute voix :)
(S’interrompant.)
 
''Cependant, bien que l’antique horloge de Saint-Séverin eût depuis longtemps, dans le silence de la nuit, sonné, les trois coups de trois heures…heures''…
 
(S’interrompant.)
 
Les trois coups de trois heures !… Quel métier !
 
(Il ricane, hausse les épaules, puis poursuit :)
 
«… le vieillard continuait sa lente allée et venue. Un manteau de couleur foncée l’enveloppait des pieds à la tête, et des larmes échappées de ses yeux roulaient sur sa barbe de neige. »
 
(S’interrompant.)
 
C’est vertigineux d’ânerie…
 
(Il poursuit :)
 
« OÔ honte ! murmurait-il, ô cruel attentat dont mon honneur, après vingt ans, garde encore la brûlure ardente !
(S’interrompant.)
 
… et troublant d’imbécillité.
(S’interrompant.)
 
… et troublant d’imbécillité.
 
(Il poursuit :)
 
« Quoi, je porterai éternellement le fardeau de mon humiliation ! Quoi, jusqu’aux portes du tombeau, je sentirai le sang de ma blessure couler lentement, goutte à goutte !
 
(S’interrompant.)
Ce petit ouvrage est tellement bête que rien ne l’égale en bêtise, sauf le lecteur qui s’en délecte.
 
(Il poursuit :)
Ce petit ouvrage est tellement bête que rien ne l’égale en bêtise, sauf le lecteur qui s’en délecte.
« La neige s’était mise à tomber…
 
(Il poursuit :)
 
« La neige s’était mise à tomber…
 
(Coups violents frappés dans la porte de droite.)
 
Bon ! ma femme, à présent.
 
(Il dépose sa plume. Nouvelle grêle de coups dans la porte.)
 
Eh ! une minute, que diable !
 
(Il va à la porte qu’il ouvre.)