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un whist préférence, mais les parties se terminaient ordinairement par de telles fureurs du général que Madame et ses amis brûlaient des cierges, disaient des prières, faisaient des réussites, distribuaient des pains dans les prisons pour écarter d’eux ce redoutable whist de l’après-midi qui ne leur valait que des injures, et parfois même des coups au sujet de la moindre erreur. Le général ne se gênait devant personne et, pour un rien qui le contrariait, il braillait comme une femme, jurait comme un charretier, jetait sur le plancher les cartes déchirées et mettait ses partenaires à la porte. Resté seul, il pleurait de rage et de dépit, tout cela parce qu’on avait joué un valet au lieu d’un neuf. Sur la fin, sa vue s’étant affaiblie, il lui fallut un lecteur et l’on vit apparaître Foma Fomitch Opiskine.

J’avoue annoncer ce personnage avec solennité, car il est sans conteste le héros de mon récit. Je n’expliquerai pas les raisons qui lui méritent l’intérêt, trouvant plus décent de laisser au lecteur lui-même le soin de résoudre cette question.

Foma Fomitch, en s’offrant au général Krakhotkine, ne demanda d’autre salaire que sa nourriture ! D’où sortait-il ? Personne ne le savait. Je me suis renseigné et j’ai pu recueillir certaines particularités sur le passé de cet homme remar-