« La Débâcle/Partie 2/Chapitre V » : différence entre les versions

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était parvenu à faire cesser le feu, cette furieuse
et inutile fusillade contre le petit bois d’en
face, où pas un prussienPrussien ne paraissait être resté.
Le soleil devenait accablant, on brûlait, ainsi
allongé par terre, sous le ciel en flammes.
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d’un néant infini et délicieux.
— Tiens ! Est-ce drôle, murmura-t-il, j’ai
dormi !
ah ! ça m’a fait du bien.
 
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face ardente ; et, d’un grand geste de son épée,
montrant le calvaire :
— Enfin, mes enfants, c’est notre tour ! enEn
avant, là-haut !
Le 106{{e}}, entraîné, s’ébranla. Une des premières, la
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pliant l’échine.
— Mon petit, répétait Jean à Maurice, attention !
C’est le coup de chien… neNe montre pas le bout de
ton nez, car pour sûr on te le démolirait… etEt
ramasse bien tes os sous ta peau, si tu ne veux pas
en laisser en route. Ceux qui en reviendront,
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— Voyons, mes enfants, vous ne me ferez pas cette
peine, vous n’allez pas vous conduire comme des
lâches… souvenezSouvenez-vous ! Jamais le 106{{e}} n’a
reculé, vous seriez les premiers à salir notre
drapeau…
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coups de pied, répugnaient au colonel.
— Non, non, lieutenant, ils vont tous me
suivre… n’estN’est-ce pas, mes enfants, vous n’allez
pas laisser votre vieux colonel se débarbouiller
tout seul avec les prussiensPrussiens ? enEn avant,
là-haut !
Et il partit, et tous en effet le suivirent,
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cette odeur de roussi, de laine brûlée ?
Jean hocha la tête.
çaÇa sentait la même chose à Solférino. Peut-être
bien que c’est l’odeur de la guerre… attendsAttends,
j’ai encore de l’eau-de-vie, nous allons boire
un coup.
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Rochas, debout, immobile, haussa les épaules.
— Oh ! Mon capitaine, ici ou là-bas, allez !
La danse est la même… leLe mieux est encore
de ne pas bouger.
Alors, le capitaine Beaudoin, qui ne jurait
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Il avait connu le jeune homme dès sa sortie de
Saint-Cyr, il l’aimait et se montrait très ému.
— Mon pauvre enfant, ayez du courage… ceCe ne sera
rien, on vous sauvera…
le capitaine eut un geste de soulagement, comme si
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le brûler et peser lourd, au bout de sa jambe.
— Oui, oui, murmura-t-il, j’ai attrapé ça tout à
l’heure… ceCe n’est rien, ça ne m’empêche pas de me
tenir à cheval…
et il ajouta, en retournant prendre sa place, à la
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pouvait se taire, la pièce d’Honoré est dans la
section du centre. Le voilà qui se penche avec le
pointeur… c’estC’est le petit Louis, le pointeur :
nous avons bu la goutte ensemble à Vouziers,
tu te souviens ? etEt, là-bas, le conducteur de
gauche, celui qui se tient si raide sur son
porteur, une bête alezane superbe, c’est
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poussait insensiblement la pièce plus à droite
ou plus à gauche.
çaÇa doit y être, dit-il en se relevant.
Le capitaine, son grand corps plié en deux, vint
vérifier la hausse. à chaque pièce, l’aide-pointeur
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le fulminate. Et les ordres furent criés, par
numéros, lentement :
— Première pièce, feu ! deuxièmeDeuxième pièce,
feu !
les six coups partirent, les canons reculèrent,
furent ramenés, pendant que les maréchaux des logis
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Parmi le 106{{e}}, des acclamations avaient accueilli la
première salve. Enfin, on allait donc leur clouer le
bec, aux canons prussiensPrussiens ! Tout de suite, il y
eut pourtant une déception, lorsqu’on se fut
aperçu que les obus restaient en chemin,
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cachait l’artillerie ennemie.
— Honoré, reprit Maurice, dit que les autres sont
des clous, à côté de la sienne… ahAh ! La sienne, il
coucherait avec, jamais on n’en trouvera la
pareille ! Vois donc de quel oeilœil il la couve, et
comme il la fait essuyer, pour qu’elle n’ait pas
trop chaud !
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penser tout haut Maurice. Le voilà qui pointe, et
il doit être blessé pourtant, car il ne se sert que
de son bras gauche… ahAh ! Ce petit Louis, dont le
ménage allait si bien avec Adolphe, à la
condition que le servant, l’homme à pied,
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replier. D’une minute à l’autre, des masses
considérables pouvaient attaquer le plateau.
écouteÉcoute, dit-il à Jean, il faut que je mange…
j’aime mieux manger et qu’on me tue tout de suite !
Il avait ouvert son sac, il prit le pain de ses
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Maurice, alors, comprit l’étreinte lente,
invincible, qui achevait de s’accomplir. Le matin,
il avait vu les prussiensPrussiens déboucher par le défilé de
Saint-Albert, gagner Saint-Menges, puis
Fleigneux ; et, maintenant, derrière le bois de la
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ils s’étaient ingéniés à envelopper chaque feu
d’un manteau, afin de ne pas donner l’éveil aux
prussiensPrussiens. Puis, ils n’avaient plus rien su, ils
entendaient le canon, ils voyaient des fumées, de
lointains mouvements d’infanterie, ignorant tout de
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agita le bras, là-bas, vers l’ennemi.
La clameur grandissait toujours.
— Notre général… vengeonsVengeons-le, vengeons-le !
Alors, le colonel du premier régiment, levant en
l’air son sabre, cria d’une voix de tonnerre :
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descendre de l’autre côté, vers la vaste plaine, il
aperçut très nettement, à un millier de mètres, les
carrés prussiensPrussiens sur lesquels on les jetait.
D’ailleurs, il trottait comme dans un rêve, il avait
une légèreté, un flottement d’être endormi, un
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deux ou trois cents mètres. On allait être pris.
— Ne vous pressez pas, retournez-vous et lâchez
votre coup… nousNous nous rallierons là-bas,
derrière ce petit mur.
Mais Maurice se désespérait.
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caporal ?
— S’il a son compte, que voulez-vous y faire ?
— Non, non ! Il respire… emportonsEmportons-le !
D’un haussement d’épaules, Rochas sembla dire
qu’on ne pouvait s’embarrasser de tous ceux qui
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conservation. Déjà, ils se glissaient sur les
genoux, disparaissaient, au galop, vers le petit
mur. Les prussiensPrussiens n’étaient plus qu’à cent mètres.
Et, pleurant de rage, Maurice, resté seul avec
Jean évanoui, l’empoigna dans ses bras, voulut