« La Débâcle/Partie 3/Chapitre II » : différence entre les versions
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bavarois, qui fumait, tranquillement assis à
califourchon sur une chaise.
—
passer ?
L’officier, par exception, ne comprenait-il pas le
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Cependant, la crainte d’être surpris par la nuit
noire, lui fit reprendre ses recherches.
Peut-être le
basses, au delà du village. Il n’y découvrit que des
rôdeurs, il se décida à faire le tour de
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il résolut d’en achever le tour. Et, comme il se
retrouvait au bord du canal, il aperçut les débris
du
que protégeait seule une file maigre de peupliers.
La veille, s’il avait tourné à gauche, au lieu
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troupeaux, au seuil des bergeries, contre la porte.
Jean eut un cri de joie.
—
rivière !
Il était là, avec ce qui restait de l’escouade,
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par petits groupes, chantant d’une voix lente
et haute, pour célébrer le dimanche.
—
exaspéré. Elles m’entrent dans la peau !
Moins nerveux, Jean haussa les épaules.
—
puis, peut-être qu’ils croient nous distraire… la
journée n’a pas été mauvaise, ne nous plaignons pas.
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le hangar, Jean, malgré son calme habituel,
s’emportait.
—
quand il n’y a rien ? Du tonnerre de dieu si je me
dérange encore !
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de folie, galopaient, se perdaient au travers
des champs vides de la presqu’île.
—
douloureusement Maurice, qui se rappelait la
quantité inquiétante de chevaux, rencontrée par lui.
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Heureusement, le soleil avait reparu, et Maurice en
était tout réchauffé.
—
—
avons de l’argent, c’est bien le diable si nous ne
trouvons pas quelque chose à acheter. Et ne nous
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Trois zouaves appelèrent Maurice et Jean. à cinq,
on ferait de la besogne.
—
on avait seulement du bois sec…
puis, ils se ruèrent sur une maison de paysan,
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Iges aussi misérables et affamés que les soldats,
regretta d’avoir dédaigné la farine, au moulin.
—
Mais Maurice commençait à être si las, si épuisé
d’inanition, que Jean le laissa dans un trou des
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Puis, comme Jean proposait de rester là
l’après-midi, Maurice eut un geste violent.
—
d’avoir ça longtemps sous les yeux…
de sa main tremblante, il indiquait l’horizon
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bois de la Garenne, ces champs exécrables du
massacre et de la défaite.
—
dû me décider à tourner le dos, car j’aurais fini
par hurler de rage, oui ! Hurler comme un chien
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égarement de folie qu’il avait remarqué déjà. Il
affecta de plaisanter.
—
Alors, ils errèrent jusqu’à la fin du jour, au
hasard des sentiers. Ils visitèrent la partie
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comploter là quelque mauvais coup. Loubet, tout de
suite, les appela, et Chouteau leur dit :
—
allons crever, voici trente-six heures que nous ne
nous sommes rien mis dans le ventre… alors, comme
il y a là des chevaux, et que ce n’est pas
mauvais, la viande des chevaux…
—
Loubet, parce que plus nous serons, mieux ça
vaudra, avec une si grosse bête… tenez ! Il y en
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moments la tête, promenait ses yeux mornes,
avec un grand souffle triste.
—
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les quatre, ils étaient dans le fossé, à guetter,
les yeux luisants, ne quittant pas la bête.
—
tremblante, vous qui avez de l’idée, si vous pouviez
le tuer sans lui faire du mal ?
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ragaillardir un peu à l’espoir qu’on dînerait, il
dit lui-même de son air de bonne humeur :
—
le tuer, sans lui faire du mal…
—
Vous allez voir !
Quand les deux nouveaux venus se furent assis dans le
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regardant de toutes parts, avec une inquiétude
effarée, si personne ne les voyait.
—
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Chouteau, c’est le moment !
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trop, les coups ne portaient plus, Lapoulle
ne pouvait le finir.
—
donc, que je le crève !
Jean et Maurice, glacés, n’entendaient pas les
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genoux, joignit les mains, se mit à bégayer des
prières, comme on en dit au chevet des agonisants.
—
une fois encore, Lapoulle frappa à faux,
n’enleva qu’une oreille au misérable cheval,
qui se renversa, avec un grand cri.
—
finir, il nous ferait pincer… ne le lâche pas,
Loubet !
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les hommes hagards qui attendaient qu’il fût mort.
Ils se troublèrent et s’éteignirent.
—
secourez-le, ayez-le en votre sainte garde…
ensuite, quand il ne remua plus, ce fut un gros
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des loups qui fouillaient à pleins crocs la
carcasse d’une proie.
—
dit enfin Loubet en se relevant, les bras chargés
d’un lambeau énorme de viande. Mais voilà tout de
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haleine, comme poursuivis.
Tout d’un coup, Loubet arrêta les autres.
—
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est bête, faudrait savoir où nous allons faire
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l’eau de la Meuse, dont la berge se trouvait
de l’autre côté de la route.
—
Tous se récrièrent.
—
c’est plein de morts !
La Meuse, en effet, roulait des cadavres d’hommes
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que l’eau, après avoir bouilli, ne serait plus
dangereuse.
—
Lapoulle. Lorsque la marmite fut enfin au feu,
pleine d’eau,
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de quitter cet effroyable camp de la misère. Ah !
Si leur tour pouvait être venu ! Et, quand
ils retrouvèrent le
berge, dans le désordre croissant de tant de
souffrances, ils en eurent un véritable désespoir.
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de drap eût pu lui-même se rendre compte de cet
arrachement.
—
bouleversé, lui qui arrivait le sourire aux lèvres,
l’air bonhomme et pas fier, dans son désir de
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accablement, bien que sa mère continuât à lui
tenir compagnie du matin au soir.
—
—
c’était elle qui portait les deux pains.
Seulement, elle a dû rester là-bas, de l’autre
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morgue de l’ennemi héréditaire, grandi dans
la haine de la race qu’il châtiait.
—
mangé, ce soir ; et ce qui me désespère, c’est que
je crains bien de ne pouvoir obtenir une autre
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Puis, comme Maurice et Jean l’accompagnaient
jusqu’au pont, Delaherche s’écria :
—
la voyez bien qui agite son mouchoir.
Au delà de la ligne des sentinelles, en effet,
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surtout. Hein ? Quel sale individu, s’il avait à
manger, de ne pas partager avec les camarades !
—
suivre… nous verrons s’il ose s’emplir tout seul,
quand de pauvres bougres crèvent à côté de lui.
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arbres de la tour à Glaire, et les trois autres,
prudemment, filèrent derrière lui.
—
Méfiez-vous, s’il se retourne.
Mais, cent pas plus loin, Pache, évidemment, se
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ses provisions, il avait encore de quoi faire
un repas.
—
donc pourquoi tu te caches ! … tu vas me donner
ça, c’est ma part !
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le morceau de toutes ses forces sur son cœur. Lui
aussi avait faim.
—
Puis, devant le poing levé de Lapoulle, il prit
sa course, galopant, dévalant des carrières dans
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jurant, hurlant, fouettés par la course, pareils
à des loups lâchés sur une proie.
—
fais ton affaire !
Et il levait de nouveau le poing, lorsque Chouteau
lui passa, grand ouvert, le couteau mince, qui lui
avait servi à saigner le cheval.
—
Mais Jean s’était précipité, pour empêcher un
malheur, perdant la tête lui aussi, parlant de les
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puisqu’il n’y avait plus de chefs et que les
prussiens seuls commandaient.
—
me donner ça !
Malgré la terreur dont il était blême, Pache
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son obstination de paysan affamé qui ne lâche rien
de ce qui est à lui.
—
Alors, ce fut fini, la brute lui planta le couteau
dans la gorge, si violemment, que le misérable ne
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à prix d’argent, revêtiraient leurs uniformes,
pour franchir les lignes prussiennes.
—
ça me fait peur de t’entendre dire des bêtises.
Est-ce que c’est raisonnable, est-ce que c’est
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larmes, suppliant et grondant. Puis, tout d’un
coup :
—
Un clapotement d’eau venait de se faire entendre.
Ils virent Lapoulle, qui s’était décidé à se
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Maurice au campement du
espoir qu’on partirait ce jour-là. Mais il n’y
avait pas d’ordre, le régiment semblait comme
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Lorsque l’aube parut, l’un des soldats était mort,
l’autre râlait toujours.
—
douceur. Nous allons prendre l’air, ça vaudra mieux.
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Saint-Menges à gauche, le bois de la Garenne à
droite.
—
ça ! C’est d’avoir ça devant moi qui me troue
le cœur et me fend le crâne… emmène-moi,
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Ce jour-là était encore un dimanche, des volées de
cloche venaient de Sedan, tandis qu’on entendait
déjà au loin une musique allemande. Mais le
n’avait toujours pas d’ordre, et Jean, effrayé du
délire croissant de Maurice, se décida à tenter
un moyen qu’il mûrissait depuis la veille. Devant
le poste prussien, sur la route, un départ
se préparait, celui d’un autre régiment, le
ligne. Une grande confusion régnait dans la
colonne, dont un officier, parlant mal le français,
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