« La Débâcle/Partie 3/Chapitre II » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/436]]==
 
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venu dans la presqu’île, il marcha dès lors à la
découverte,
 
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comme jeté par un coup de vent au fond d’une île
lointaine. D’abord, à gauche, il longea la tour
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mamelon du Hattoy au milieu, Illy très loin,
au fond, Fleigneux enfoncé derrière
 
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un pli de terrain, Floing plus rapproché,
à droite. Il reconnaissait le champ dans lequel
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très vives, au fond des ténèbres bleues. Alors, il
comprit qu’il passerait
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/439]]==
la nuit là, quitte à continuer ses recherches,
le lendemain matin. Il était brisé de fatigue,
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rivière. Tout le cauchemar de l’avant-veille
renaissait en
 
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lui, à ces dures syllabes étrangères traversant
une belle nuit étoilée de France, tout ce qu’il
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la nuit noire ; et il y eut un éclaboussement
d’eau,
 
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la courte lutte d’un corps qui coule à pic. Sans
doute quelque malheureux qui venait de recevoir
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suivre dans les circonstances difficiles. Aussi,
ce matin-là, la concorde et
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/442]]==
la belle humeur régnaient-elles, malgré la bêtise
des uns et la mauvaise tête des autres. Pour
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Vers une heure du matin, Maurice que la fatigue
avait
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/443]]==
assoupi, se réveilla au milieu d’un véritable
lac. Les rigoles, enflées par les averses, venaient
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misère, un nom de détresse dont les plus braves
devaient garder le frisson.
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/444]]==
Au retour de ses longues stations inutiles devant
le hangar, Jean, malgré son calme habituel,
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ayant consisté en deux betteraves pour les
six hommes, qu’ils n’avaient même pu faire cuire,
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/445]]==
faute de bois sec, et dont la fraîcheur sucrée
s’était changée bientôt en une intolérable
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trouvons pas quelque chose à acheter. Et ne nous
embarrassons pas
 
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des autres, ils ne sont pas assez gentils, qu’ils
se débrouillent !
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l’approvisionnement des troupes. Il n’y avait plus
rien, l’argent devenait
 
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inutile. La veille encore, on payait un biscuit
deux francs, une bouteille de vin sept francs,
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de sa main tremblante, il indiquait l’horizon
immense,
 
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le Hattoy, les plateaux de Floing et d’Illy, le
bois de la Garenne, ces champs exécrables du
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des arbres, ensuite ils s’étaient attaqués aux
treillages, aux palissades, à toutes
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/449]]==
les planches qu’ils rencontraient, et maintenant ils
se dévoraient entre eux. On les voyait se jeter les
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avec un grand souffle triste.
— ah ! Comme c’est long ! Grogna Lapoulle, que son
 
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gros appétit torturait. Je vas l’assommer,
voulez-vous ?
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regardant de toutes parts, avec une inquiétude
effarée, si personne ne les voyait.
— ah ! Zut ! Cria Chouteau, c’est le moment !
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/451]]==
Chouteau, c’est le moment !
La campagne restait claire, d’une clarté louche
d’entre chien et loup. Et Lapoulle courut le
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morceaux jusqu’à ce qu’il eût trouvé et tranché
l’artère. D’un bond, il s’était jeté de côté, le
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/452]]==
sang jaillissait, se dégorgeait comme du canon
d’une fontaine, tandis que les pieds s’agitaient et
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haleine, comme poursuivis.
Tout d’un coup, Loubet arrêta les autres.
— c’
— c’est bête, faudrait savoir où nous allons faire
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— c’estest bête, faudrait savoir où nous allons faire
cuire ça.
Jean, qui se calmait, proposa les carrières. Elles
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Lapoulle. Lorsque la marmite fut enfin au feu,
pleine d’eau,
 
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avec la viande dedans, la nuit noire était venue.
Loubet avait épluché les betteraves, pour les faire
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rétablir. Jean décida Maurice, malgré sa
répugnance, à retourner au bord du
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/455]]==
canal, pour voir si leur régiment ne devait pas
partir ce jour-là. Chaque jour, maintenant, il y
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encore. Il y eut deux alertes, deux appels de
clairon, qui
 
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firent courir Jean devant le hangar, où les
distributions étaient censées avoir lieu. Mais, les
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route, le dévoraient à grosses bouchées,
Delaherche donnait des
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/457]]==
nouvelles. Sa femme, dieu merci ! Allait très bien.
Seulement, il avait des inquiétudes pour le
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je crains bien de ne pouvoir obtenir une autre
permission.
 
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Il leur demanda s’ils n’avaient pas de commissions à
lui donner, il se chargea obligeamment de lettres
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suivre… nous verrons s’il ose s’emplir tout seul,
quand de pauvres bougres crèvent à côté de lui.
— oui, oui ! C’est ça, nous le suivrons ! Répéta
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/459]]==
oui, oui ! C’est ça, nous le suivrons ! Répéta
violemment Lapoulle. Nous verrons bien !
Il serrait les poings, le seul espoir de manger
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son bien, qu’il semblait emporté par le vent. Il
avait franchi près
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/460]]==
d’un kilomètre, il approchait du petit bois, au
bord de l’eau, lorsqu’il rencontra Jean et
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du geste, il les traitait d’assassins, avec une
telle véhémence, que tout son corps
 
==[[Page:Zola - La Débâcle.djvu/461]]==
en tremblait. Mais Lapoulle ne semblait même pas
l’entendre. Resté par terre, accroupi près du
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cet enfer, je suis perdu… je t’en prie, partons,
partons tout de suite !
 
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Et il se mit à lui expliquer des plans
extravagants d’évasion. Ils allaient traverser la
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dans le courant.
Le lendemain, un samedi, dès l’aube, Jean ramena
 
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Maurice au campement du 106e, avec le nouvel
espoir qu’on partirait ce jour-là. Mais il n’y
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calmerait peut-être. Mais ce fut la nuit la plus
affreuse de leur séjour, une
 
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nuit d’épouvantement, durant laquelle ils ne
purent fermer les yeux. D’autres soldats
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— allons, viens, mon petit, dit Jean avec
douceur. Nous allons prendre l’air, ça vaudra mieux.
 
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Mais, dehors, par la belle matinée déjà chaude,
lorsque tous deux eurent suivi la berge et se