« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Sculpture » : différence entre les versions

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développement, elle conserve à ses traductions la physionomie
monumentale.
</div>
 
[[Image:Detail.archivolte.porte.Vierge.Notre.Dame.Paris.png|center]]
[Illustration: Fig. 54.]
<div class=prose>
 
Ainsi, ce rinceau d'archivolte provenant de la porte de la Vierge, sur
la façade occidentale de Notre-Dame de Paris (fig. 55), rappelle encore la
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réel, c'est de l'art, dans la véritable acception du mot. On peut faire la
même observation à propos des bestiaires. Quoique les sculpteurs de la
 
[Illustration: Fig. 55.]
 
fin du XII<sup>e</sup> siècle fussent déjà plus avares de représentations d'animaux
dans leur ornementation que leurs devanciers<span id="note51"></span>[[#footnote51|<sup>51</sup>]], quand ils croient
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d'une partie de celle de Lisieux, des chœurs des églises abbatiales de
Saint-Remi de Reims, de Saint-Leu d'Esserent, d'Eu, de Vézelay, etc.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.cathedrale.Lisieux.png|center]]
<div class=prose>
Il y eut en effet, à ce moment, un développement d'art merveilleux.
La nouvelle école étendait son influence dans toute la partie de la France
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développait dans l'Île-de-France, pour trouver cette juste et sage mesure
qui est la marque d'un goût éclairé et d'un jugement sûr. Ce n'est pas
 
[Illustration: Fig. 56.]
 
seulement le principe de la sculpture décorative qui se modifie au sein
de ces populations de deux ou trois provinces de la France, c'est aussi
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cette école, balançant entre les traditions romanes et les nouveaux principes
admis par les sculpteurs de l'Île-de-France.
</div>
 
[[Image:Sculpture.cathedrale.Langres.png|center]]
Le fragment (fig. 57} d'un chapiteau, est encore tout gréco-romain, mais
<div class=prose>
 
Le fragment (fig. 57) d'un chapiteau, est encore tout gréco-romain, mais
[Illustration: Fig. 57.]
 
avec un modelé plus délicat, plus voisin de la nature; l'ornement (fig. 58)
d'une archivolte, est roman quant à la composition et se rapproche
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si profondément empreint dans celle de Notre-Dame de Paris.
Ces artistes de Vézelay n'ont pas ce choix judicieux des plantes qui leur
</div>
 
[[Image:Sculpture.cathedrale.Langres.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 58.]
<div class=prose>
 
servent d'exemples, et ne tiennent point compte de l'échelle comme le
savent faire les sculpteurs parisiens. Certains ornements sont d'une largeur
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simples, si grassement galbées, se trouvent des chapiteaux dont la sculpture
est traitée à une autre échelle (fig. 60)<span id="note53"></span>[[#footnote53|<sup>53</sup>]].
</div>
[[Image:Chapiteau.sanctuaire.Vezelay.png|center]]
 
[[Image:Chapiteau.sanctuaire.Vezelay.2.png|center]]
<div class=prose>
En tant qu'exécution, le caractère monumental est observé dans l'un
et l'autre de ces exemples; comme composition dans un même vaisseau,
 
[Illustration: Fig. 59.]
 
le caractère monumental, qui tient essentiellement à l'observation de
l'échelle, n'est pas respecté. Dans aucun édifice de l'Île-de-France et
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meilleures écoles françaises de la fin du XII<sup>e</sup> siècle égale la pureté du
ciseau grec.
 
[Illustration: Fig. 60.]
 
Produire un effet voulu à l'aide des moyens les plus simples et les
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simple,
large, les masses sont accentuées, les saillies vivement senties.
</div>
 
[[Image:Bandeau.facade.occidentale.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
La façade occidentale de la cathédrale d'Amiens, dans ses parties
anciennes,
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de l'œil pour permettre d'en saisir toutes les parties; le second, placé au
sommet d'une large façade, d'une dimension plus grande, est remarquable par sa simplicité, la largeur, la clarté et la hardiesse du modelé.
</div>
 
[[Image:Frise.facade.occidentale.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
Cette sculpture date de 1230 environ. C'est alors que l'inspiration
d'après la flore incline déjà vers le réel, mais cependant avec une profonde
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principaux, et qui forment une composition des plus larges et des plus
hardies (fig. 63).
</div>
 
[[Image:Sculpture.arcature.cathedrale.Amiens.png|center]]
[Illustration: Fig. 61.]
<div class=prose>
 
Cet exemple est remarquable à plus d'un titre. Il n'est point aisé déjà
pour le dessinateur de combiner ce mélange de formes architectoniques,
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Il y a là matière à méditations, surtout si l'on considère la
rapidité extraordinaire avec laquelle certains édifices étaient élevés<span id="note54"></span>[[#footnote54|<sup>54</sup>]].
 
[Illustration: Fig. 62.]
 
C'est à cette époque, au moment du développement de l'école laïque,
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pour mettre de l'ordre dans le travail, dût éviter les encombrements, par
conséquent les chances d'accident, et permît une grande rapidité
d'exécution, du moment que l'organisation première était bonne, et que l'architecte
d'exécution,
 
[Illustration: Fig. 63.]
 
du moment que l'organisation première était bonne, et que l'architecte
avait tout prévu d'avance: or, il fallait bien qu'il en fût ainsi,
pour que ces rouages pussent fonctionner. Sous ce rapport, il n'y a pas
Ligne 5 225 ⟶ 5 217 :
 
C'est au moment de l'épanouissement de l'école laïque, que les
animaux, si fréquents dans l'ornementation romane, délaissés dans la
animaux,
sculpture de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, reparaissent dans la décoration extérieure des
si fréquents dans l'ornementation romane, délaissés dans la
sculpture
de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, reparaissent dans la décoration extérieure des
édifices. À côté de la flore, ils forment une faune ayant sa physionomie
bien caractérisée. Les animaux figurés dans la sculpture de 1210 à 1250
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parements extérieurs des édifices, et particulièrement de nos grandes
cathédrales? Il ne faut pas perdre de vue ce que nous avons dit
précédemment à propos des tendances de l'école laïque qui élevait ces monuments.
précédemment
à propos des tendances de l'école laïque qui élevait ces monuments.
Ceux-ci étaient comme le résumé de l'univers, un véritable
<i>Cosmos</i>, une encyclopédie, comprenant toute la création,
non-seulement dans sa forme sensible, mais dans son principe intellectuel. Là encore
non-seulement
dans sa forme sensible, mais dans son principe intellectuel. Là encore
nous retrouvons la trace effacée, mais appréciable encore, du
panthéisme splendide des Aryas. Le vieil esprit gaulois perçait ainsi à travers
panthéisme
splendide des Aryas. Le vieil esprit gaulois perçait ainsi à travers
le christianisme, et revenait à ses traditions de race, en sautant d'un
bond par-dessus l'antiquité gallo-romaine. Le dogme chrétien domine, il
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difficile de pousser plus loin l'étude de la nature appliquée à un être qui
n'existe pas.
</div>
 
[[Image:Tete.gargouille.Sainte.Chapelle.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Vers 1240, il se produit dans la sculpture d'ornement, comme dans la
statuaire, un véritable épanouissement. Ainsi les frises, les chapiteaux,
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monumental, ne sont bientôt plus que des formes architectoniques sur
lesquelles le sculpteur semble appliquer des feuillages ou des fleurs.
</div>
 
[[Image:Sculpture.portail.nord.cathedrale.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
L'exemple que nous donne la figure 65, tiré du portail nord de la
cathédrale
Ligne 5 326 ⟶ 5 317 :
de feuillages, qui paraissent attachés aux corbeilles, et remplacer ainsi
les membres décoratifs que nous désignons par le mot crochets.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.choeur.cathedrale.Troyes.png|center]]
[Illustration: Fig. 64.]
<div class=prose>
 
En présence de cette marche rapide de l'art de la sculpture, et surtout
de la perfection de l'exécution qui se développe de plus en plus, on ne
Ligne 5 353 ⟶ 5 344 :
du moyen âge, même alors que d'autres provinces, comme la Picardie,
la Bourgogne, la Champagne, tombaient dans le maniéré et le laid.
 
[Illustration: Fig. 65.]
 
On confond avec trop peu d'attention généralement ces écoles à leur
Ligne 5 363 ⟶ 5 352 :
au XVI<sup>e</sup> siècle, les Jean Goujon, les Germain Pilon, et cette
pléiade de sculpteurs dont les œuvres rivalisent avec celles des
meilleurs temps.
temps.
 
[Illustration: Fig. 66.]
 
À dater de 1250, l'art est formé; dans la voie qu'il a parcourue il ne
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règne de Louis IX. Jamais l'observation de la nature ne fut poussée plus
loin. Au milieu de tant d'œuvres, il est difficile de choisir un exemple.
</div>
 
[[Image:Statue.portail.Saint.Etienne.Auxerre.png|center]]
<div class=prose>
Cependant nous présentons ici une des statues du portail occidental
de Saint-Étienne d'Auxerre<span id="note57"></span>[[#footnote57|<sup>57</sup>]] (fig. 67). C'est une Bethsabée assise aux
côtés de David. La tête et les mains ont été brisées. On n'a jamais mieux
 
[Illustration: Fig. 67.]
 
rendu le nu sous les draperies. Jamais on n'a mieux exprimé une
attitude
Ligne 5 500 ⟶ 5 485 :
sut mieux, sinon dans la belle antiquité grecque, donner aux draperies
le mouvement, la vie, l'aisance.
</div>
 
[[Image:Statue.cathedrale.Carcassonne.png|center]]
<div class=prose>
Et quand même ces artistes reproduisaient les vêtements portés de
leur temps, avec quel art savaient-ils les arranger, leur donner la noblesse,
Ligne 5 533 ⟶ 5 520 :
Le tout est fondu d'un seul jet et admirablement fondu. Seules,
les crosses étaient des pièces rapportées.
 
[Illustration: Fig. 68.]
 
Il existait à Saint-Denis une tombe de Charles le Chauve, datant de la
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au lieu de s'y soumettre. Elle est d'ailleurs taillée avec une verve et un
entrain qui placent cette école au premier rang dans l'art monumental.
</div>
[[Image:Statue.pignon.occidental.eglise.Vezelay.png|center]]
 
[[Image:Statue.pignon.occidental.eglise.Vezelay.2.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons (fig. 69) une tête d'un des anges thuriféraires de
dimension
Ligne 5 766 ⟶ 5 755 :
Certes, le naturalisme en sculpture ne peut guère être poussé plus loin:
quelle différence de style entre cette sculpture et celle du chapiteau de
 
[Illustration: Fig. 69.]
 
Vézelay, et comme, en partant d'un principe commun, on peut obtenir
des caractères d'art variés! La vie, le mouvement, existent aussi dans
Ligne 5 778 ⟶ 5 764 :
d'interpréter
la nature.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.pignon.occidental.eglise.Vezelay.png|center]]
[Illustration: Fig. 70.]
<div class=prose>
 
Nous ne saurions trop le redire, ces époques brillantes de l'art, par
cela même qu'elles ont atteint la splendeur en cherchant le mieux, ne
Ligne 5 801 ⟶ 5 787 :
C'est l'heure du naturalisme, heure qui a sonné pour la Grèce et pour
nos écoles du XII<sup>e</sup> siècle.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.salle.synodale.Sens.png|center]]
[Illustration: Fig. 71.]
<div class=prose>
 
Mais dans ce naturalisme de la sculpture, l'art n'entre-t-il pour rien?
Si fait: la composition, l'agencement de ces charmants modèles
Ligne 5 817 ⟶ 5 803 :
de génie pour en produire, se préoccupent médiocrement de ces règles.
Mais c'est précisément en s'appuyant sur ces œuvres des maîtres que l'on
 
[Illustration: Fig. 72.]
 
formule des règles pour le commun des artistes. Dans l'album de Villard
de Honnecourt, qui date du milieu du XIII<sup>e</sup> siècle, on voit apparaître
Ligne 5 831 ⟶ 5 814 :
parce qu'elle semble indiquer une application libre de formules qui, jusqu'au
commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, avaient un caractère hiératique.
</div>
[[Image:Croquis.Villard.de.Honnecourt.png|center]]
 
[[Image:Croquis.Villard.de.Honnecourt.2..png|center]]
[Illustration: Fig. 73.]
<div class=prose>
 
Nous avons dit comme les imagiers du moyen âge avaient su observer
et rendre le geste dans les compositions des figures. Si grossière parfois
Ligne 5 851 ⟶ 5 836 :
général, pendant les XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, de ces moyens
géométriques
 
[Illustration: Fig. 74]
 
propres à donner aux figures, non-seulement leurs proportions,
mais la justesse de leur mouvement et de leur geste, sans sortir de la
Ligne 5 877 ⟶ 5 859 :
pour donner des mouvements à leurs figures, lorsque ces mouvements
ne se présentent pas absolument de profil.
</div>
 
[[Image:Croquis.Villard.de.Honnecourt.3..png|center]]
[Illustration: Fig. 75. 1.]
<div class=prose>
 
[Illustration: Fig. 75. 2.]
 
[Illustration: Fig. 75. 3.]
 
Premier exemple (75): il s'agit de faire porter la figure sur une jambe.
La ligne <i>be</i> (du canon, fig. 74) est verticale, dès lors l'axe de la figure
Ligne 5 916 ⟶ 5 894 :
métopes du Parthénon, des frises du temple de Thésée, sont tracés
d'après ce principe.
</div>
 
[[Image:Croquis.Villard.de.Honnecourt.4.png|center]]
[Illustration: Fig. 76.]
<div class=prose>
 
Examinons les dessins qui décorent les vases grecs, et nous verrons
que les artistes de l'antiquité employaient certainement des méthodes
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de la Rivière est, outre l'intérêt qu'elle présente, une œuvre de statuaire
non moins remarquable. Ces statues ont deux mètres et demi de hauteur.
</div>
[[Image:Croquis.statue.cardinal.de.la.Grange.png|center]]
 
[[Image:Statue.cardinal.de.la.Grange.png|center]]
[Illustration: Fig. 77.]
<div class=prose>
 
Charles V laissait dans sa famille un goût éclairé pour les arts, et, à
dater de ce règne, nous voyons les princes du sang royal se mettre à la
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Bavière, les affaires du royaume. Ce fut pendant cette période que
Louis d'Orléans acheta Coucy, et y fit faire d'immenses travaux, qu'il bâtit
 
[Illustration: Fig. 78.]
 
Pierrefonds, la Ferté-Milon, Vées; qu'il répara les châteaux de Béthisy,
de Mont-Épilloy, de Crespy, toutes forteresses importantes destinées à faire