« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Sculpture » : différence entre les versions

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Mont-Dore, à Auxerre, à Lyon, à Reims, à Dijon, dans le Soissonnais,
et qui datent des III<sup>e</sup>, IV<sup>e</sup>, et V<sup>e</sup> siècles, indiquent ces tendances originales.
Voici un de ces fragments, entre autres, un chapiteau (fig. 1})
provenant
du portique de clôture du temple de Champlieu, près de Compiègne,
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de ces reproductions abâtardies des mêmes types, et qu'ils cherchaient à
les abandonner.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.temple.Champlieu.Compiegne.png|center]]
<div class=prose>
Cette tendance,--en admettant qu'elle fût générale sur le sol des
Gaules,--se perdit dans le flot des invasions. L'art de la sculpture
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depuis trop peu de temps mêlés à la vieille civilisation gallo-romaine
pour qu'un art, comme la sculpture, pût éclore.
 
[Illustration: Fig. 1.]
 
Ce n'est en effet qu'à la fin du XI<sup>e</sup> siècle que l'on voit apparaître les
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exemples si nombreux d'objets d'art rapportés d'Orient par le commerce
de la Méditerranée.
</div>
 
[[Image:Sculpture.cloitre.Moissac.png|center]]
<div class=prose>
Au X<sup>e</sup> siècle, les Vénitiens avaient des comptoirs dans un certain
nombre de villes du Midi et jusqu'à Limoges. Ces négociants fournissaient les provinces du Midi et du Centre d'étoffes de soie orientales, de
bijoux, de coffrets et ustensiles d'ivoire et de métal fabriqués à Constantinople,
à Damas, à Antioche, à Tyr. Il suffit de voir les sculptures,
 
[Illustration: Fig. 2]
 
du XI<sup>e</sup> siècle qui existent encore autour du chœur de Saint-Sernin de
Toulouse, et dans le cloître de Moissac, pour reconnaître dans cette statuaire
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au
X<sup>e</sup> siècle présentent, non-seulement des compositions empreintes d'une
 
[Illustration: Fig. 3.]
 
liberté que ne conservent pas les sculptures des ivoires et objets d'orfévrerie,
mais qui reproduisent évidemment des portraits. Ces vignettes
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clunisiens,
à la fin du XI<sup>e</sup> siècle ou pendant les premières années du XII<sup>e</sup>
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.principale.eglise.abbatiale.Vezelay.png|center]]
<div class=prose>
L'ensemble de cette œuvre est présentée dans l'article PORTE (fig. 11).
On remarquera, tout d'abord, qu'il y a dans cette composition un
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dans cette œuvre de sculpture, les types des têtes ont un caractère bien
prononcé et qui n'est nullement byzantin.
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.principale.eglise.abbatiale.Vezelay.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 4.]
<div class=prose>
 
L'une de ces têtes que nous donnons figure 5, et que nous avons pu
avoir entre les mains parce qu'elle avait été brisée et jetée dans
des plâtras, lorsque ce bas-relief fut mûré à la fin du dernier siècle, reproduit
des plâtras,
lorsque ce bas-relief fut mûré à la fin du dernier siècle, reproduit
un des types généralement admis dans cette sculpture. Ce type tout
à fait particulier, n'a rien de romain ou de byzantin, mais possède un
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à cette époque, c'est-à-dire de 1100 à 1150, ces mêmes tendances vers
l'étude de la nature et l'observation des types locaux.
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.principale.eglise.abbatiale.Vezelay.3.png|center]]
[Illustration: Fig. 5.]
<div class=prose>
 
On comprendra qu'il ne nous serait pas possible de fournir la quantité
d'exemples que comporterait un pareil sujet qui demanderait, à lui
Ligne 813 ⟶ 810 :
 
Le petit hôtel de ville de Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne)<span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]] est
un des plus jolis édifices du milieu du XII<sup>e</sup> siècle, c'est-à-dire de 1140 environ.
un des
plus jolis édifices du milieu du XII<sup>e</sup> siècle, c'est-à-dire de 1140 environ.
Il appartient à l'école de Toulouse. Sa sculpture est traitée avec un soin
et une perfection rares.
</div>
 
[[Image:Sculpture.hotel.de.ville.Saint.Antonin.png|center]]
[Illustration: Fig. 6.]
<div class=prose>
 
Entre autres figures, sur l'un des chapiteaux de la galerie du premier
étage de ce monument est sculpté un roi dont nous donnons ici le
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admet un type absolu qu'elle considère comme la perfection, et ne se
préoccupe plus de l'individualisme des personnages.
</div>
 
[[Image:Sculpture.portail.occidental.cathedrale.Chartres.png|center]]
[Illustration: Fig. 7.]
<div class=prose>
 
Il existe encore dans l'église abbatiale de Saint-Denis deux statues
transportées par Alexandre Lenoir au Musée des monuments français et
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nord-est,
les joues plates, le nez bien fait, droit, la bouche petite et bien coupée,
</div>
 
[[Image:Sculpture.Notre.Dame.de.Corbeil.png|center]]
[Illustration: Fig. 8.]
<div class=prose>
 
la lèvre supérieure étant saillante; le front très-large et plat, les
arcades sourcilières charnues et suivant le contour du globe de l'œil, la
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statue de femme du portail de la cathédrale de Chartres et celui de la
statue provenant de Corbeil (fig. 9).
</div>
 
[[Image:Sculptures.cathedrale.Chartres.et.Notre.Dame.Corbeil.png|center]]
[Illustration: Fig. 9.]
<div class=prose>
 
Si l'on demandait laquelle de ces deux femmes est la maîtresse, laquelle
la servante, personne ne s'y tromperait; il y a dans la tête de la reine A,
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diverses
écoles de sculpture du sol français.
</div>
 
[[Image:Sculpture.cathedrale.Notre.Dame.la.Grande.Poitiers.png|center]]
[Illustration: Fig. 10.]
<div class=prose>
 
Les influences byzantines n'ont pas été les seules qui aient permis à
l'art de la sculpture de se relever de l'état de barbarie absolue où il
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nous donnons (fig. 11) un dessin, se rapprocherait plutôt de certains
types d'ornementation de l'Inde.
</div>
 
[[Image:Sculpture.rotonde.Saint.Benigne.Dijon.png|center]]
[Illustration: Fig. 11.]
<div class=prose>
 
C'est un entrelacement d'êtres monstrueux parmi lesquels on distingue
des serpents. Certaines sculptures anciennes de Scandinavie et d'Islande
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de Byzance à un art très-développé bien qu'empreint encore des
données grecques byzantines.
</div>
 
[[Image:Sculpture.XIIe.siecle.musee.Toulouse.png|center]]
<div class=prose>
Le fragment (fig. 12) qui représente un signe du zodiaque et qui fait
 
[Illustration: Fig. 12.]
 
partie du musée de Toulouse date de la première moitié du XII<sup>e</sup> siècle. La
figure est trois quarts de nature. Il y a dans cette sculpture un mouvement,
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voisines
et même sur celles du nord.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.cloitre.Saint.Sernin.png|center]]
[Illustration: Fig. 13.]
<div class=prose>
 
Voici (fig. 13) un fragment d'un de ces chapiteaux représentant
Salomé,
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dans le moule, et par cela même qu'il cherche toujours, qu'il va devant
lui, étant monté aussi haut que l'artiste peut atteindre, il doit
redescendre. C'est ainsi que le Grec tourne le dos à l'hiératisme oriental.
redescendre.
C'est ainsi que le Grec tourne le dos à l'hiératisme oriental.
 
Ce phénomène dans l'histoire de l'art se reproduit identiquement à la
Ligne 1 367 ⟶ 1 361 :
voie très-large, une recherche du beau dans la forme qui n'existe nulle
part ailleurs sur le sol français à la même époque.
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.septentrionale.cathedrale.Cahors.png|center]]
<div class=prose>
En effet, la sculpture ne peut être considérée comme un art que du
jour où elle se met à la recherche de l'idéal. Le XII<sup>e</sup> siècle est une époque
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mais--grâce à cette liberté d'allure qui, en France, finit toujours par
prendre le dessus,--tentent de se soustraire à l'hiératisme byzantin,
 
[Illustration: Fig. 14.]
 
d'abord en cherchant dans la peinture grecque les éléments dramatiques
qui lui manquent dans la statuaire, puis en recourant à la nature.
Ligne 1 556 ⟶ 1 549 :
tout nouveau alors, mais qui pour cela n'en est pas moins
vif. Dans les représentations des vices condamnés à la géhenne
éternelle, les rois, les seigneurs, ni les prélats ne font défaut. Les vertus ne
éternelle,
les rois, les seigneurs, ni les prélats ne font défaut. Les vertus ne
sont plus représentés par des moines, comme sur les chapiteaux de
quelques portails d'abbayes, mais par des femmes couronnées: l'idée symbolique s'est élevée; parmi ces vertus apparaît, comme à Chartres, la
quelques
portails d'abbayes, mais par des femmes couronnées: l'idée symbolique s'est élevée; parmi ces vertus apparaît, comme à Chartres, la
Liberté (<i>Libertas</i>). L'Avarice figurée sur les portails des églises abbatiales
de Saint-Sernin de Toulouse et de Sainte-Madeleine de Vézelay, par un
homme portant au cou une énorme sacoche et tourmenté par deux démons hideux, est représentée au portail de la cathédrale de Sens par une femme les cheveux en désordre, assise sur un coffre qu'elle ferme
une femme les cheveux en désordre, assise sur un coffre qu'elle ferme
avec un mouvement plein d'énergie. L'artiste remplace la représentation
matérielle par une pensée philosophique. Plus de ces scènes repoussantes,
si fréquentes dans les églises abbatiales du commencement du XII<sup>e</sup>
siècle. Le statuaire du XIII<sup>e</sup> siècle, ainsi que l'artiste grec, a sa pudeur, et
siècle.
Le statuaire du XIII<sup>e</sup> siècle, ainsi que l'artiste grec, a sa pudeur, et
s'il figure l'Enfer comme à la grande porte occidentale de Notre-Dame
de Paris, c'est par la combinaison tourmentée des lignes, par les expressions
de
Paris, c'est par la combinaison tourmentée des lignes, par les expressions
de terreur données aux personnages, par leurs mouvements étranges,
qu'il prétend décrire la scène et non par des détails de supplices repoussants
Ligne 1 579 ⟶ 1 567 :
et désordonné qui contraste singulièrement avec le style calme de la
partie réservée aux élus. Toutes ces figures des élus expriment une
placidité, une douceur quelque peu mélancolique qui fait songer et qu'on
placidité,
une douceur quelque peu mélancolique qui fait songer et qu'on
ne trouve pas dans la statuaire du XII<sup>e</sup> siècle, ni même dans celle
de l'antiquité.
Ligne 1 722 ⟶ 1 709 :
pas plus que ne se ressemblent entre eux les visages des personnages
sculptés sur les métopes du Parthénon.
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.de.la.Vierge.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Si nous nous attachons à l'exécution de cette statuaire, nous trouvons
ce <i>faire</i> large, simple, presque insaisissable des belles œuvres grecques;
Ligne 1 730 ⟶ 1 719 :
égale presque celle du marbre de Paros. C'est du liais cliquart, le plus
serré et le mieux choisi.
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.de.la.Vierge.Notre.Dame.Paris.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 15.]
<div class=prose>
 
Nous avons décrit à l'article PORTE cette statuaire, la plus remarquable
du portail de Notre-Dame de Paris. Ce n'est pas seulement par l'expression
Ligne 1 738 ⟶ 1 727 :
composition
elle accuse un art très-profondément étudié et senti. Le bas-relief de la mort de la Vierge est une scène admirablement entendue
[Illustration: Fig. 16.]
 
comme effet dramatique, comme agencement de lignes. Celle du
couronnement
Ligne 1 962 ⟶ 1 948 :
neuf, c'est celui qui traduit les sentiments et les passions de
l'homme, on ne sera pas surpris si, en devinant l'artiste derrière son
œuvre, nous sommes plus *[?touchés] que si l'œuvre n'est qu'un <i>solide</i>
revêtissant une belle forme.
une belle forme.
 
C'est là la question pour nous, au XIX<sup>e</sup> siècle. Devons-nous considérer
Ligne 2 127 ⟶ 2 112 :
voussures et bas-reliefs; peut-être leur jugement serait-il quelque peu
modifié<span id="note19"></span>[[#footnote19|<sup>19</sup>]].
</div>
 
[[Image:Sculpture.cathedrale.Reims.png|center]]
<div class=prose>
Si cette tête d'ange est belle, intelligente, cette beauté
ressemble-t-elle
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Nous n'avons pas suffisamment insisté sur les conditions dans lesquelles
le beau se développait chez les Athéniens entre tous les Grecs. Si élevée
 
[Illustration: Fig. 17.]
 
que soit la doctrine de Platon, si merveilleux que soit le <i>Phédon</i>, comme
grandeur et sérénité de la pensée, il ressort évidemment de
Ligne 2 182 ⟶ 2 166 :
c'est d'un déplorable exemple, mais c'est grec et bien grec; et ce monument
était fort prisé par les Grecs, puisqu'il fut considéré comme la
septième merveille des arts. Pouvons-nous admettre que les Grecs ne s'y
septième
connaissaient pas?
merveille des arts. Pouvons-nous admettre que les Grecs ne s'y
</div>
connaissaient
[[Image:Sculpture.portail.cathedrale.Reims.png|center]]
pas?
<div class=prose>
 
La statue du roi de Carie est presque entièrement conservée, compris la
tête; et tout le personnage rappelle singulièrement une des statues du portail
Ligne 2 207 ⟶ 2 191 :
serait-il pas plus libéral que de repaître notre jeunesse de banalités et
d'entretenir au milieu d'elle une ignorance qui, si les choses continuent
 
[Illustration: Fig. 18.]
 
ainsi, nous fera honte en Europe<span id="note21"></span>[[#footnote21|<sup>21</sup>]]? Si dans des salles on plaçait parallèlement des figures grecques de l'époque éginétique et des figures du
XII<sup>e</sup> siècle de la statuaire française, on serait frappé des analogies de
Ligne 2 308 ⟶ 2 289 :
exécution.
Tel bas-relief des métopes de Sélinonte, quoique d'une exécution
primitive, roide, telle sculpture du XII<sup>e</sup> siècle qui présente les mêmes im-*imperfections, sont profondément empreints de l'idée dramatique, en ce que
perfections, sont profondément empreints de l'idée dramatique, en ce que
ces sculptures transportent l'esprit du spectateur bien au delà du champ
restreint rempli par l'artiste. Il est à remarquer d'ailleurs que la qualité
Ligne 2 383 ⟶ 2 363 :
qui fait pressentir les défauts de cette école inclinant vers le
maniéré.
</div>
 
[[Image:Sculpture.choeur.cathedrale.Bamberg.png|center]]
<div class=prose>
La clôture du chœur oriental de la cathédrale de Bamberg représente,
sous une arcature, des apôtres groupés deux par deux qui accusent bien
les tendances de cette école rhénane si intéressante à étudier. La
figure 19 donne l'un de ces groupes. Il y a dans les gestes, dans les
figure
expressions de ces personnages qui discutent, un sentiment dramatique
19 donne l'un de ces groupes. Il y a dans les gestes, dans les
expressions
de ces personnages qui discutent, un sentiment dramatique
prononcé, penchant vers le réalisme, qu'on ne trouve à cette époque
dans aucune autre école. Mais ce sentiment dramatique manque de
l'élévation que possède la statuaire de l'Île-de-France. Cette province est
l'élévation
que possède la statuaire de l'Île-de-France. Cette province est
l'Attique du moyen âge. C'est à son école qu'il est bon de recourir quand
on veut se rendre compte du développement de la statuaire soit comme
pensée, soit comme exécution.
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.centrale.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Nous avons parlé déjà des scènes qui garnissent les voussures de la
porte centrale de Notre-Dame de Paris (côté des damnés) et de l'expression
Ligne 2 410 ⟶ 2 391 :
s'appelait
<i>la Mort</i> et l'enfer le suivait; et le pouvoir lui fut donné sur la quatrième
 
[Illustration: Fig. 19.]
 
partie de la terre, pour y faire mourir les hommes par l'épée, par la
famine, par la mortalité et par les bêtes sauvages»<span id="note23"></span>[[#footnote23|<sup>23</sup>]]. L'apparition des
Ligne 2 434 ⟶ 2 412 :
renversé,
sont des œuvres de sculpture remarquables et dont notre figure
 
[Illustration: Fig. 20.]
 
ne peut donner qu'une idée fort incomplète; on retrouve ce sentiment
dramatique dans un grand nombre de bas-reliefs de la même époque,
Ligne 2 487 ⟶ 2 462 :
l'antiquité, d'obtenir une exécution d'autant plus simple que l'objet est
plus grand et d'insister sur certaines parties qu'il s'agit de faire valoir.
</div>
 
[[Image:Sculpture.galerie.des.rois.cathedrale.Amiens.png|center]]
[Illustration: Fig. 21.]
<div class=prose>
 
Voyons, par exemple, comme sont traitées les statues colossales de la
galerie des rois de la cathédrale d'Amiens. La plupart de ces statues sont
Ligne 2 508 ⟶ 2 483 :
sous les pommettes, afin de laisser la lumière accuser vivement les points
saillants du visage. Les mêmes procédés sont employés pour les
draperies, pour les nus; sacrifice des détails, simplicité de moyens,
draperies,
exagération des parties qui peuvent faire ressortir l'ossature de la figure.
pour les nus; sacrifice des détails, simplicité de moyens,
exagération
des parties qui peuvent faire ressortir l'ossature de la figure.
Très-fréquemment voit-on dans les monuments de la première moitié du
XIII<sup>e</sup> siècle des statues qui produisent un effet excellent à leur
place et qui moulées, posées dans un musée, sont défectueuses. Le contraire a
place et
qui moulées, posées dans un musée, sont défectueuses. Le contraire a
trop souvent lieu aujourd'hui; des statues satisfaisantes dans l'atelier de
l'artiste sont défectueuses une fois mises en place. La question se borne
Ligne 2 561 ⟶ 2 533 :
sculpteur, par la manière dont sont traités les figures, ait évidemment
pensé à leur éclairage. Mais comme dimension, qu'est-ce que le
Parthénon comparé à la cathédrale de Reims? C'est dans ce dernier édifice où
Parthénon
comparé à la cathédrale de Reims? C'est dans ce dernier édifice où
l'on peut constater plus particulièrement la science expérimentale des
statuaires du moyen âge. Les statues qui garnissent les grands pinacles
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jambes courtes, le sommet de la tête développé en largeur et en hauteur.
Cependant la pratique la plus ordinaire de la perspective fait
reconnaître que ces défauts sont calculés pour obtenir un effet satisfaisant du point
reconnaître
que ces défauts sont calculés pour obtenir un effet satisfaisant du point
où l'on peut voir ces statues. On ne saurait donner géométriquement les
règles que dans des cas pareils les statuaires doivent observer; c'est là
Ligne 2 579 ⟶ 2 549 :
ou accompagnées d'autres figures. Ce n'est donc pas à nous à dédaigner
les œuvres de ces maîtres qui avaient su acquérir une si parfaite
connaissance des effets de la statuaire monumentale et qui ont tant produit dans
connaissance
des effets de la statuaire monumentale et qui ont tant produit dans
des genres si divers.
 
Ligne 2 602 ⟶ 2 571 :
le sentiment moral sur la forme plastique, ce n'est pas douteux et
c'est en grande partie ce qui constitue leur originalité, mais ce
sentiment moral, empreint sur les physionomies, dans les gestes, est plutôt énergique
sentiment
moral, empreint sur les physionomies, dans les gestes, est plutôt énergique
que maladif, plutôt indépendant et ferme qu'humble ou contrit. On
ne saurait nier, par exemple, que les statues qui décorent la façade de
la maison des Musiciens, à Reims<span id="note24"></span>[[#footnote24|<sup>24</sup>]], statues forte nature, n'aient toute la vie que comporte un pareil sujet. Le joueur de harpe (fig. 22), par sa pose,
vie que comporte un pareil sujet. Le joueur de harpe (fig. 22), par sa pose,
l'expression fine de ses traits, la simplicité charmante du vêtement, est
bien loin de ce type banal que l'on prête à la statuaire du XIII<sup>e</sup>
siècle. Et à propos de cette statue posée à 6 ou 7 mètres au-dessus du pavé d'une rue
siècle. Et à
propos de cette statue posée à 6 ou 7 mètres au-dessus du pavé d'une rue
étroite, nous observerons comment le sculpteur a tenu compte de la place.
Vue à son niveau, cette figure a le corps trop développé pour les jambes,
mais de la rue, à cause du peu de reculée, les jambes prennent de l'importance
 
[Illustration: Fig. 22.]
 
et le corps diminue, si bien que l'ensemble est parfaitement en
proportion. Et ce n'est pas là l'effet d'une maladresse ou de
l'ignorance de l'artiste; toutes les figures assises de cette façade sont dans le
l'ignorance
de l'artiste; toutes les figures assises de cette façade sont dans le
même cas. De même, on pourra remarquer que les statues posées à
quelques mètres au-dessus du sol, dans les monuments du moyen âge, ont,
quelques
mètres au-dessus du sol, dans les monuments du moyen âge, ont,
les bras relativement courts et très-rarement abandonnés le long du
corps. C'était un moyen de donner de la grandeur aux figures et de la
Ligne 2 636 ⟶ 2 597 :
par des artifices, des raccourcis, ou une diminution de la dimension
réelle.
</div>
 
[[Image:Sculpture.Maison.des.Musiciens.Reims.png|center]]
<div class=prose>
Mais il est une qualité, dans la bonne statuaire du moyen âge, dont
on
Ligne 2 671 ⟶ 2 634 :
moyens, noblesse de style. Cette composition peut rivaliser avec les belles
œuvres de l'antiquité. Cette figure n'a rien de la roideur archaïque que
 
[Illustration: Fig. 23.]
 
l'on prête si volontiers à la statuaire du moyen âge; elle n'est ni grêle,
ni enveloppée de ces plis en tuyaux d'orgues. Mais, pas plus que dans la
Ligne 2 689 ⟶ 2 649 :
bien comprises comme bas-reliefs et d'un style tout à fait remarquable,
ainsi qu'on pourra tout à l'heure en juger.
</div>
 
[[Image:Bas.relief.facade.occidentale.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Cependant, comme il arrive toujours au sein d'une école de statuaire
déjà développée, on inclinait à admettre un <i>canon</i> du beau. Ce canon qui
Ligne 2 744 ⟶ 2 706 :
de passions ou de sentiments robustes, mais de l'assouplir au
contraire par un régime doux et facile à suivre.
</div>
 
[[Image:Sculpture.portail.nord.Notre.Dame.Paris.png|center]]
[Illustration: Fig. 24.]
<div class=prose>
 
Cette Vierge du portail Nord de Notre-Dame de Paris, dont nous
donnons
la tête (fig. 24), est une femme de bonne maison, une noble dame.
L'intelligence, l'énergie tempérée par la finesse des traits, ressortent sur
 
cette figure délicatement modelée. À coup sûr, rien dans cette tête ne
rappelle la statuaire grecque comme type. C'est une physionomie toute
Ligne 2 774 ⟶ 2 735 :
Il faut citer encore parmi les bons ouvrages de statuaire du milieu
du XIII<sup>e</sup> siècle, quelques figures tombales des églises abbatiales de
Saint-Denis<span id="note25"></span>[[#footnote25|<sup>25</sup>]], de Royaumont; les apôtres de la Sainte-Chapelle du Palais à Paris; certaines statues du portail occidental de Notre-Dame de
Reims et des porches de Notre-Dame de Chartres<span id="note26"></span>[[#footnote26|<sup>26</sup>]]. Il résulte toutefois de cet examen qu'alors, sous le règne de saint Louis, la meilleure école de
à Paris; certaines statues du portail occidental de Notre-Dame de
statuaire était celle de l'Île-de-France. On ne trouve pas une figure médiocre dans la statuaire de Notre-Dame de Paris, tandis qu'à Amiens, à Chartres, à Reims, au milieu d'œuvres hors ligne, on en rencontre qui sont très-inférieures, soit comme style, soit comme exécution. À Reims
Reims
particulièrement, les ébrasements des portes du nord sont décorés de statues
et des porches de Notre-Dame de Chartres<span id="note26"></span>[[#footnote26|<sup>26</sup>]]. Il résulte toutefois de cet
examen qu'alors, sous le règne de saint Louis, la meilleure école de
statuaire
était celle de l'Île-de-France. On ne trouve pas une figure médiocre dans la statuaire de Notre-Dame de Paris, tandis qu'à Amiens, à
Chartres,
à Reims, au milieu d'œuvres hors ligne, on en rencontre qui sont
très-inférieures, soit comme style, soit comme exécution. À Reims
particulièrement,
les ébrasements des portes du nord sont décorés de statues
du plus mauvais travail; sauf deux ou trois qui sont bonnes. L'école
de l'Île-de-France tenait la tête alors et la ville de Paris était la capitale des
de
l'Île-de-France tenait la tête alors et la ville de Paris était la capitale des
travaux intellectuels et d'art, comme elle était déjà la capitale politique.
Ce n'est pas à dire que les autres êcoles n'eussent pas leur valeur; l'école
champenoise, l'école picarde et l'école bourguignonne fournissaient alors
une belle carrière, possédaient leur caractère particulier. L'école rhénane qui avait jeté déjà au XII<sup>e</sup> siècle un vif éclat, se distinguait entre les précédentes par une tendance prononcée vers la manière, l'exagération, la recherche. Moins pénétré du beau idéal, elle inclinait vers un réalisme
souvent près de la laideur. Cette disposition de l'école rhénane a eu sur
rhénane
les opinions que l'on se fait de la statuaire du moyen âge une fâcheuse influence. Comme nous sommes naturellement portés en France à considérer les œuvres d'art en raison directe de la distance où elles se
qui avait jeté déjà au XII<sup>e</sup> siècle un vif éclat, se distinguait
entre les précédentes
par une tendance prononcée vers la manière, l'exagération, la
recherche. Moins pénétré du beau idéal, elle inclinait vers un réalisme
souvent près de la laideur. Cette disposition de l'école rhénane a eu
sur
les opinions que l'on se fait de la statuaire du moyen âge une fâcheuse
influence. Comme nous sommes naturellement portés en France à
considérer
les œuvres d'art en raison directe de la distance où elles se
trouvent de notre centre, beaucoup de personnes qui n'avaient jamais jeté
les yeux sur la statuaire des cathédrales de Paris, d'Amiens ou de Chartres,
Ligne 2 833 ⟶ 2 776 :
mais discerner, au milieu de ces restaurations successives, les ouvrages
qui réellement appartiennent au beau moment de cette école.
</div>
 
[[Image:Sculpture.cathedrale.Strasbourg.png|center]]
<div class=prose>
Que de fois des critiques, peu familiers avec la pratique de l'art, ont
établi des jugements, voire des théories ou des systèmes, sur des œuvres
de sculpture qui ne sont que de faibles copies ou des pastiches
maladroits. Il en est de la statuaire du moyen âge comme de la statuaire
maladroits.
grecque; il est bien des ouvrages mal restaurés ou refaits, bien des copies
Il en est de la statuaire du moyen âge comme de la statuaire
grecque;
il est bien des ouvrages mal restaurés ou refaits, bien des copies
qu'il ne faut pas confondre avec les œuvres originales. Que d'amateurs
s'extasient sur de faux antiques, les supposant de bon aloi! Combien
d'autres mettent sur le compte de l'art du moyen âge les défauts
grossiers de mauvais pastiches et jugent ainsi toute une école, d'après un exemple
grossiers
de mauvais pastiches et jugent ainsi toute une école, d'après un exemple
dû à quelque ciseau maladroit, à quelque pauvre praticien ignorant. Il
est une qualité de cette statuaire du moyen âge du bon temps qui se
fait toujours reconnaître, même dans les œuvres de second ordre,
c'est la fermeté du modelé, la simplicité des moyens, l'observation fine du gestes
c'est la
fermeté du modelé, la simplicité des moyens, l'observation fine du gestes
de la physionomie, du jet des draperies. Cette qualité ne s'acquiert qu'après
de longues études, aussi ne la trouve-t-on pas dans les pastiches,
surout lorsque ceux-ci ont été faits par des artistes qui, prétendant ne trouver
surout
lorsque ceux-ci ont été faits par des artistes qui, prétendant ne trouver
dans cet art qu'une naïveté grossière, se faisaient plus maladroits
qu'ils ne l'étaient réellement, afin, supposaient-ils, de se rapprocher de la simplicité de cet art. Simplicité d'aspect seulement, car lorsqu'on étudie les
qu'ils
 
[Illustration: Fig. 25.]
 
ne l'étaient réellement, afin, supposaient-ils, de se rapprocher de la simplicité de cet art. Simplicité d'aspect seulement, car lorsqu'on étudie les
œuvres de la statuaire du moyen âge on reconnaît bientôt que ces
imagiers ne sont rien moins que naïfs. On n'atteint la simplicité dans tous les
imagiers
ne sont rien moins que naïfs. On n'atteint la simplicité dans tous les
arts et particulièrement dans la sculpture, qu'après une longue pratique,
une longue expérience et une observation scrupuleuse de principes définis.
Ligne 2 930 ⟶ 2 865 :
des bas-reliefs, comme dans les arcs de triomphe par exemple. Mais à
la rigueur, ces sculptures peuvent disparaître sans que l'aspect
général du monument perde ses lignes.
du monument perde ses lignes.
 
L'alliance entre les deux arts est bien plus intime pendant le moyen
Ligne 2 968 ⟶ 2 902 :
indifférence, bien qu'il y ait des lois punissant la mutilation des édifices
publics<span id="note27"></span>[[#footnote27|<sup>27</sup>]].
</div>
 
[[Image:Sculpture.soubassement.cathedrale.Auxerre.png|center]]
[Illustration: Fig. 26.]
<div class=prose>
 
Mais, tout à l'heure, nous parlions des porches de la cathédrale de
Chartres comme réunissant d'une manière plus intime l'architecture et
Ligne 2 984 ⟶ 2 918 :
d'autant plus remarquable, qu'à cette époque déjà les maîtres des
œuvres, séduits par les combinaisons géométriques, tendaient à
restreindre le champ du statuaire.
le champ du statuaire.
 
Dès les premières années du XIII<sup>e</sup> siècle, il s'était fait dans l'art de la
Ligne 3 125 ⟶ 3 058 :
au moins produite par des artistes isolés, fort surpris de trouver leurs
œuvres mêlées.
</div>
 
[[Image:Sculpture.eglise.Sainte.Croix.Montmajour.png|center]]
[Illustration: Fig. 27.]
<div class=prose>
 
Tout autre est l'école de Toulouse; celle-là abandonne franchement,
au XII<sup>e</sup> siècle, l'imitation de la sculpture d'ornement
Ligne 3 159 ⟶ 3 092 :
de ces rinceaux perlés empruntés à des menus objets rapportés
d'Orient et aussi au génie local qui, par les émigrations des Visigoths,
 
[Illustration: Fig. 28.]
 
[Illustration: Fig. 28^<i>bis</i>.]
 
a bien quelques rapports avec celui des peuplades indo-européennes du
Nord. Les figures 28, 28 <i>bis</i> et 28 <i>ter</i> donnent des exemples de ces ornements
où le byzantin se mêle à cet art que nos voisins d'Angleterre
appellent saxon et dont nous aurons tout à l'heure l'occasion de parler.
</div>
[[Image:Sculpture.ecole.Toulouse.png|center]]
 
[[Image:Sculpture.ecole.Toulouse.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 28^<i>ter</i>.]
<div class=prose>
 
Mais où l'école d'ornements de Toulouse déploie un génie particulier,
c'est dans la composition des chapiteaux dont la forme générale, l'épannelage,
Ligne 3 199 ⟶ 3 129 :
languedocienne ou dans quelques villes environnantes, telles que Moissac,
Saint-Antonin, Carcassonne.
</div>
 
[[Image:Sculpture.portail.occidental.cathedrale.Saint.Sernin.Toulouse.png|center]]
[Illustration: Fig. 29.]
<div class=prose>
 
Cette dernière ville possède des sculptures d'ornement dans l'ancienne
cathédrale de Saint-Nazaire, antérieures à celles de Saint-Sernin, c'est-à-dire
Ligne 3 214 ⟶ 3 144 :
sont simples, tracées d'après ces principes primitifs que l'on retrouve
dans les arts qui commencent en recourant à l'observation de la nature.
</div>
 
[[Image:Sculpture.cathedrale.Saint.Nazaire.Carcassonne.png|center]]
[Illustration: Fig. 30.]
<div class=prose>
 
Bien que ces sculpteurs occidentaux aient été chercher la forme typique
dont ils s'inspirent au milieu d'arts en décadence--car il faut toujours,
Ligne 3 282 ⟶ 3 212 :
Mais, dans la plupart de ces chapiteaux, la statuaire se mêle à l'ornementation
avec un rare bonheur, fait que l'on ne trouve pas dans
l'architecture byzantine, et qui semble, à cette époque, appartenir aux écoles
l'architecture
occidentales, né de leur initiative.
byzantine, et qui semble, à cette époque, appartenir aux écoles
</div>
occidentales,
[[Image:Chapiteau.eglise.mere.Cluny.png|center]]
né de leur initiative.
<div class=prose>
 
Il y avait donc au centre des établissements de Cluny une forte école
de statuaire et d'ornementation dès le commencement du XII<sup>e</sup> siècle, école
Ligne 3 297 ⟶ 3 227 :
bien que toutes trois se fussent inspirées des arts romano-grecs de
l'Orient.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.nef.eglise.Vezelay.png|center]]
<div class=prose>
Si nous pénétrons dans les provinces de l'ouest, nous reconnaîtrons
encore la présence d'une quatrième école d'ornementation dont le caractère
Ligne 3 338 ⟶ 3 270 :
leurs sépultures, attestent tous la même forme, la même ornementation,
et cette ornementation est, on n'en peut guère douter, d'origine
nord-orientale. Or, les manuscrits dits saxons, exécutés avec une rare perfection,
nord-orientale.
Or, les manuscrits dits saxons, exécutés avec une rare perfection,
nous présentent encore cette ornementation étrange, entrelacement
d'animaux qui se mordent, de filets, le tout peint des plus vives et des
plus harmonieuses couleurs. Comme exemple, nous donnons ici (fig. 33),
une copie de deux fragments de ces vignettes<span id="note34"></span>[[#footnote34|<sup>34</sup>]]. Pour qui a visité les monuments du Poitou et de la Saintonge, il est impossible de méconnaître les
les monuments
du Poitou et de la Saintonge, il est impossible de méconnaître les
rapports qui existent entre la sculpture d'ornement des monuments de ces
provinces et certaines peintures de manuscrits saxons, ou encore les objets
ciselés que les peuplades émigrantes du nord ont laissés dans leurs sépultures.
Ce fragrnentfragment de corniche A de la façade de Notre-Dame-la-Grande, à
Poitiers, et ce petit tympan B des arcatures ornées de statues sur la
même façade (fig. 34), ne rappellent pas la sculpture
Ligne 3 356 ⟶ 3 285 :
d'autres influences orientales, évidemment, mais venues par le Nord et
par la voie de mer.
</div>
 
[[Image:Vignette.manuscrit.saxon.png|center]]
[Illustration: Fig. 33.]
<div class=prose>
 
Dans cette province, comme dans les autres qui composent la France
actuelle, l'art de la sculpture ne se réveille qu'à la fin du XI<sup>e</sup>
Ligne 3 385 ⟶ 3 314 :
traces de l'art romain local. La fusion entre ces deux premiers éléments
se fait de manière à composer presque un art original.
</div>
 
[[Image:Sculpture.corniche.Notre.Dame.la.Grande.Poitiers.png|center]]
[Illustration: Fig. 34.]
<div class=prose>
 
Ce chapiteau (fig. 35), provenant de la nef de l'église Saint-Hylaire de
Melle (Deux-Sèvres), est un de ces exemples où les trois éléments se re-*
Ligne 3 395 ⟶ 3 324 :
il y a du gallo-romain dans le modelé et les dentelures des feuillages,
d'un travail un peu lourd et mou.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.nef.eglise.Saint.Hylaire.Melle.Deux.Sevres.png|center]]
[Illustration: Fig. 35.]
<div class=prose>
 
En commençant cet article, nous avons dit combien il est périlleux, en
archéologie, de prétendre classer d'une manière absolue les divers styles
Ligne 3 732 ⟶ 3 661 :
Tel est par exemple celui-ci (fig. 36). L'ornementation du tailloir appartient
au roman empreint des arts gréco-romains. Les figures d'un meilleur style que celles du Poitou et de la Saintonge<span id="note36"></span>[[#footnote36|<sup>36</sup>]] rappellent la
statuaire de Toulouse.
</div>
de Toulouse.
[[Image:Chapiteau.eglise.du.Mas.Agen.png|center]]
 
<div class=prose>
[Illustration: Fig. 36.]
 
Cahors présente également, au XII<sup>e</sup> siècle, en ornementation comme en
statuaire, un mélange d'influences dues aux provinces occidentales et
Ligne 3 744 ⟶ 3 672 :
qui tient à la fois du génie nord-hindou dont nous avons trouvé des traces
à Poitiers et des arts byzantins. Dans la composition bizarre du pilier de
 
[Illustration: Fig. 37.]
 
gauche tenant à la porte de l'église abbatiale de Souillac (fig. 37), on peut
signaler certains rapports avec le système de composition de la figure 33,
Ligne 3 753 ⟶ 3 678 :
qui agit si puissamment à Moissac dont la sculpture dérive de
l'école de Toulouse. Ces animaux du pilier de Souillac, qui se mordent
et se nattentbattent, ne se rencontrent ni dans la sculpture gallo-romaine, ni
dans la sculpture ou la peinture gréco-romaine de Syrie. Pour trouver
des analogues à cet art, il faut recourir aux monuments scandinaves,
Ligne 3 771 ⟶ 3 696 :
ne saurions indiquer une corrélation entre ces bas-reliefs et les piliers, si
toutefois les artistes y ont songé.
</div>
 
[[Image:Pilier.eglise.abbatiale.Souillac.png|center]]
<div class=prose>
À Moissac, on retrouve, sur le trumeau de la grande porte de l'église,
des réminiscences de cet art nord-européen ou nord-hindou, dans ces
Ligne 3 781 ⟶ 3 708 :
antiquité par des expéditions scandinaves ou normandes, tandis que l'école
de Toulouse n'obéissait qu'à des traditions gallo-romaines
profondément modifiées par un apport byzantin.
modifiées par un apport byzantin.
 
Il est loin de notre pensée de vouloir établir des systèmes ou des classifications
Ligne 3 805 ⟶ 3 731 :
composition d'ornements (fig. 38), qui rappelle fort les chapiteaux, non
plus byzantins, mais arabes, d'une époque reculée<span id="note37"></span>[[#footnote37|<sup>37</sup>]].
</div>
 
[[Image:Chapiteau.eglise.Saint.Martin.Brives.png|center]]
[Illustration: Fig. 38.]
<div class=prose>
 
L'église Saint-Martin de Brives est d'ailleurs un édifice remarquable.
Ses parties les plus anciennes datent des premières années du XII<sup>e</sup> siècle,
Ligne 3 817 ⟶ 3 743 :
affecte, dans ces constructions de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, un caractère
oriental très-prononcé.
</div>
 
[[Image:Chapiteau.cloitre.cathedrale.Puy.png|center]]
[Illustration: Fig. 39.]
<div class=prose>
 
Les monuments du XII<sup>e</sup> siècle dans le Limousin, ou plutôt dans cette
contrée qu'occupent aujourd'hui les départements de la Creuse, de la
Ligne 3 854 ⟶ 3 780 :
des sculpteurs, choque par le défaut d'unité, soit dans l'ensemble,
soit dans les détails.
</div>
 
[[Image:Corniche.cloitre.cathedrale.Puy.png|center]]
[Illustration: Fig. 40.]
<div class=prose>
 
Par sa situation géographique même, l'école de sculpture de l'Auvergne
reste indécise entre ses voisines puissamment établies. Elle reflète tantôt
Ligne 3 869 ⟶ 3 795 :
l'art de la sculpture se relève dans cette province, avec l'importation des
arts du Nord.
</div>
[[Image:Sculpture.porche.meridional.cathedrale.Puy.png|center]]
 
[[Image:Sculpture.porche.meridional.cathedrale.Puy.2.png|center]]
<div class=prose>
Il n'en fut pas ainsi dans le Berri. Cette province centrale est une de
 
[Illustration: Fig. 41. Du porche sud de la cathédrale de Puy.]
 
celles qui, à côté de traditions gallo-romaines assez puissantes, admit
certains éléments byzantins très-purs. Nous en avons un exemple des plus
Ligne 3 895 ⟶ 3 822 :
la taille, les inscriptions, appartiennent à cette époque. D'ailleurs, sous
le tympan, un cartouche contient cette légende:
 
[Illustration: Fig. 41.^bis.]
 
Voici (fig. 42) une partie de cette porte qui indique clairement ces
Ligne 3 907 ⟶ 3 832 :
fragment
en B.
</div>
 
[[Image:Sculpture.porte.monastere.Saint.Ursin.Bourges.png|center]]
<div class=prose>
On voit apparaître dans le Berry, à Châteauroux (église de Déols), à
Saint-Benoît-sur-Loire, à Saint-Aignan, à Neuvy-Saint-Sépulcre, etc., dans
Ligne 3 916 ⟶ 3 843 :
dans le roman du Midi, celui de Cluny ou celui de l'Ouest. Ces artistes
tâtonnent pendant presque toute la première moitié du XII<sup>e</sup> siècle, sans
 
[Illustration: Fig. 42.]
 
parvenir à fondre entièrement ces deux éléments. À côté d'une imitation
très-fine de la sculpture byzantine est un morceau lourdement inspiré
Ligne 3 985 ⟶ 3 909 :
historiques, nous ne pouvons résoudre. Les poser, c'est déjà quelque
chose, c'est ouvrir des horizons nouveaux.
</div>
 
[[Image:Sculpture.eglise.abbatiale.Morienval.Oise.png|center]]
[Illustration: Fig. 43.]
<div class=prose>
 
Sans se lancer dans le champ des hypothèses, on en sait assez
aujourd'hui