« Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/368 » : différence entre les versions

72ALI (discussion | contributions)
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{numérotation|RÉSURRECTION||364}}
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 4 : Ligne 4 :
tristesse venait, avant tout, de ce que la décision du
tristesse venait, avant tout, de ce que la décision du
Sénat eût confirmé la peine monstrueuse infligée à la
Sénat eût confirmé la peine monstrueuse infligée à la
Maslova. Tristement aussi il songeait que cette décision
Maslova. Tristement aussi il songeait que cette décision du Sénat allait rendre plus dure, pour lui, la réalisation
du Sénat allait rendre plus dure, pour lui, la réalisation
de son projet d’unir sa destinée à celle de la Maslova. Et
de son projet d’unir sa destinée à celle de la Maslova. Et
toutes ces histoires que l’avocat lui débitait si complaisamment
toutes ces histoires que l’avocat lui débitait si complaisamment achevaient encore de le désoler, en lui montrant partout le triomphe du mal, sans compter que, malgré lui, il revoyait toujours le froid et malveillant
achevaient encore de le désoler, en lui montrant
partout le triomphe du mal, sans compter que,
malgré lui, il revoyait toujours le froid et malveillant
regard de ce Sélénine, jadis si franc, si affectueux, et si
regard de ce Sélénine, jadis si franc, si affectueux, et si
bon.
bon.


Quand il arriva chez sa tante, le portier lui remit avec
Quand il arriva chez sa tante, le portier lui remit avec
une nuance de dédain une lettre qu’une « femme », —
une nuance de dédain une lettre qu’une « femme », — comme disait le portier, — était venue apporter pour lui. Cette lettre était de la mère de la Choustova. Cette personne
remerciait en termes émus le « bienfaiteur », le « sauveur » de sa fille, et elle le suppliait de ne pas quitter Pétersbourg sans venir la voir. C’était, ajoutait-elle,
comme disait le portier, — était venue apporter pour lui.
Cette lettre était de la mère de la Choustova. Cette personne
remerciait en termes émus le « bienfaiteur », le
« sauveur » de sa fille, et elle le suppliait de ne pas
quitter Pétersbourg sans venir la voir. C’était, ajoutait-elle,
dans l’intérêt de Vera Bogodouchovska.
dans l’intérêt de Vera Bogodouchovska.


Après toutes les déceptions éprouvées durant son séjour à Pétersbourg, Nekhludov se sentait profondément découragé. Les projets qu’il avait formés quelques jours auparavant lui paraissaient à présent aussi irréalisables que ces rêves de jeunesse où, jadis, il s’était plu à s’abandonner. En rentrant dans sa chambre, il tira des
Après toutes les déceptions éprouvées durant son
papiers de son portefeuille ; et il était en train de dresser une liste de ce qui lui restait à faire avant de repartir, lorsqu’un valet de chambre vint lui dire que la comtesse le priait de descendre au salon pour prendre le thé.
séjour à Pétersbourg, Nekhludov se sentait profondément
découragé. Les projets qu’il avait formés quelques
jours auparavant lui paraissaient à présent aussi irréalisables
que ces rêves de jeunesse où, jadis, il s’était plu à
s’abandonner. En rentrant dans sa chambre, il tira des
papiers de son portefeuille ; et il était en train de dresser
une liste de ce qui lui restait à faire avant de repartir,
lorsqu’un valet de chambre vint lui dire que la comtesse
le priait de descendre au salon pour prendre le thé.


Nekhludov replaça ses papiers dans son portefeuille et
Nekhludov replaça ses papiers dans son portefeuille et
descendit au salon. Par la fenêtre de l’escalier, sur son
descendit au salon. Par la fenêtre de l’escalier, sur son
chemin, il aperçut le landau de Mariette, arrêté devant
chemin, il aperçut le landau de Mariette, arrêté devant la maison : et soudain il eut l’impression que son cœur s’égayait. Un désir le prit d’être jeune, et de sourire.
la maison : et soudain il eut l’impression que son cœur
s’égayait. Un désir le prit d’être jeune, et de sourire.


Mariette, coiffée cette fois d’un chapeau clair, et vêtue
Mariette, coiffée cette fois d’un chapeau clair, et vêtue