« Accord de Nouméa » : différence entre les versions

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{{Titre|Accord sur la Nouvelle-Calédonie |signé à Nouméa le 5 mai 1998|(publié le 27 mai 1998 au ''Journal Officiel de la République française'')}}
 
==Préambule==
 
1. Lorsque la France prend possession de la Grande Terre, que James Cook avait dénommée « Nouvelle-Calédonie », le 24 septembre 1853, elle s'approprie un territoire selon les conditions du droit international alors reconnu par les nations d'Europe et d'Amérique, elle n'établit pas des relations de droit avec la population autochtone. Les traités passés, au cours de l'année 1854 et les années suivantes, avec les autorités coutumières, ne constituent pas des accords équilibrés mais, de fait, des actes unilatéraux.
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Leur approbation équivaudrait à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie.
 
==Document d'orientation==
 
===1. L'identité kanak===
Document d'orientation
 
1. L'identité kanak
 
L'organisation politique et sociale de la Nouvelle-Calédonie doit mieux prendre en compte l'identité kanak.
 
====1.1. Le statut civil particulier====
 
1.1. Le statut civil particulier
 
Certains kanak ont le statut civil de droit commun sans l'avoir souhaité.
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- le statut coutumier distinguera les biens situés dans les « terres coutumières » (nouveau nom de la réserve), qui seront appropriés et dévolus en cas de succession selon les règles de la coutume et ceux situés en dehors des terres coutumières qui obéiront à des règles de droit commun.
 
====1.2. Droit et structures coutumières====
 
1.2. Droit et structures coutumières
 
1.2.1. Le statut juridique du procès-verbal de palabre (dont le nom pourrait être modifié) doit être redéfini, pour lui donner une pleine force juridique, en fixant sa forme et en organisant une procédure d'appel permettant d'éviter toute contestation ultérieure. Le rôle de syndic des affaires coutumières, actuellement tenu par les gendarmes, sera exercé par un autre agent, par exemple de la commune ou de l'aire coutumière.
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1.2.5. Le Conseil coutumier de la Nouvelle-Calédonie deviendra un « Sénat coutumier », composé de seize membres (deux par aire coutumière), obligatoirement consulté sur les sujets intéressant l'identité kanak.
 
====1.3. Le patrimoine culturel====
 
1.3. Le patrimoine culturel
 
1.3.1. Les noms de lieux
 
Les noms kanak des lieux seront recensés et rétablis. Les sites sacrés selon la tradition kanak seront identifiés et juridiquement protégés, selon les règles applicables en matière de monuments historiques.
 
 
1.3.2. Les objets culturels
 
L'Etat favorisera le retour en Nouvelle-Calédonie d'objets culturels kanak qui se trouvent dans des musées ou des collections, en France métropolitaine ou dans d'autres pays. Les moyens juridiques dont dispose l'Etat pour la protection du patrimoine national seront mis en oeuvre à cette fin. Des conventions seront passées avec ces institutions pour le retour de ces objets ou leur mise en valeur.
 
 
1.3.3. Les langues
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Une académie des langues kanak, établissement local dont le conseil d'administration sera composé de locuteurs désignés en accord avec les autorités coutumières, sera mise en place. Elle fixera leurs règles d'usage et leur évolution.
 
 
1.3.4. Le développement culturel
 
La culture kanak doit être valorisée dans les formations artistiques et dans les médias. Les droits des auteurs doivent être effectivement protégés.
 
 
1.3.5. Le Centre culturel Tjibaou
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Sur l'ensemble de ces questions relatives au patrimoine culturel, l'Etat proposera à la Nouvelle-Calédonie de conclure un accord particulier.
 
====1.4. La terre====
 
1.4. La terre
 
L'identité de chaque Kanak se définit d'abord en référence à une terre.
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Les domaines de l'Etat et du territoire doivent faire l'objet d'un examen dans la perspective d'attribuer ces espaces à d'autres collectivités ou à des propriétaires coutumiers ou privés, en vue de rétablir des droits ou de réaliser des aménagements d'intérêt général. La question de la zone maritime sera également examinée dans le même esprit.
 
====1.5. Les symboles====
 
1.5. Les symboles
 
Des signes identitaires du pays, nom, drapeau, hymne, devise, graphismes des billets de banque devront être recherchés en commun pour exprimer l'identité kanak et le futur partagé entre tous.
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Une mention du nom du pays pourra être apposée sur les documents d'identité, comme signe de citoyenneté.
 
===2. Les institutions===
 
2. Les institutions
 
L'un des principes de l'accord politique est la reconnaissance d'une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie. Celle-ci traduit la communauté de destin choisie et s'organiserait, après la fin de la période d'application de l'accord, en nationalité, s'il en était décidé ainsi.
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La loi constitutionnelle le permettra.
 
====2.1. Les assemblées====
 
2.1. Les assemblées
 
2.1.1. Les assemblées de province seront composées, respectivement pour les îles Loyauté, le Nord et le Sud, de sept, quinze et trente-deux membres, également membres du Congrès, ainsi que de sept, sept et huit membres supplémentaires, non membres du Congrès lors de la mise en place des institutions. Les assemblées de province pourront réduire, pour les mandats suivants, l'effectif des conseillers non-membres du Congrès.
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2.1.5. Les limites des provinces et des communes devraient coïncider, de manière qu'une commune n'appartienne qu'à une province.
 
====2.2. Le corps électoral et le mode de scrutin====
 
2.2. Le corps électoral et le mode de scrutin
 
2.2.1. Le corps électoral
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2.2.2. Pour favoriser l'efficacité du fonctionnement des assemblées locales, en évitant les conséquences d'une dispersion des suffrages, le seuil de 5 % s'appliquera aux inscrits et non aux exprimés.
 
====2.3. L'Exécutif====
 
2.3. L'Exécutif
 
L'Exécutif de la Nouvelle-Calédonie deviendra un gouvernement collégial, élu par le Congrès, responsable devant lui.
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Le représentant de l'Etat sera informé de l'ordre du jour des réunions du Gouvernement et assistera à ses délibérations. Il recevra les projets de décisions avant leur publication et pourra demander une seconde délibération de l'Exécutif.
 
====2.4. Les communes====
 
2.4. Les communes
 
Les compétences des communes pourront être élargies en matière d'urbanisme, de développement local, de concessions de distribution d'électricité et de fiscalité locale. Elles pourront bénéficier de transferts domaniaux.
 
===3. Les compétences===
 
3. Les compétences
 
Les compétences détenues par l'Etat seront transférées à la Nouvelle-Calédonie dans les conditions suivantes :
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Le Congrès, à la majorité qualifiée des trois cinquièmes, pourra demander à modifier l'échéancier prévu des transferts de compétences, à l'exclusion des compétences de caractère régalien. L'Etat participera pendant cette période à la prise en charge financière des compétences transférées. Cette compensation financière sera garantie par la loi constitutionnelle.
 
====3.1. Les compétences nouvelles conférées à la Nouvelle-Calédonie====
 
3.1. Les compétences nouvelles conférées
 
à la Nouvelle-Calédonie
 
3.1.1. Les compétences immédiatement transférées
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- le domaine public maritime, transféré aux provinces.
 
 
3.1.2. Les compétences transférées dans une seconde étape
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- les règles applicables aux maîtres de l'enseignement privé sous contrat.
 
====3.2. Les compétences partagées====
 
3.2. Les compétences partagées
 
3.2.1. Les relations internationales et régionales
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Les relations de la Nouvelle-Calédonie avec le territoire des îles Wallis-et-Futuna seront précisées par un accord particulier. L'organisation des services de l'Etat sera distincte pour la Nouvelle-Calédonie et ce territoire.
 
 
3.2.2. Les étrangers
 
L'Exécutif de la Nouvelle-Calédonie sera associé à la mise en oeuvre de la réglementation relative à l'entrée et au séjour des étrangers.
 
 
3.2.3. L'audiovisuel
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Une convention pourra être conclue entre le CSA et la Nouvelle-Calédonie pour associer celle-ci à la politique de communication audiovisuelle.
 
 
3.2.4. Le maintien de l'ordre
 
L'Exécutif sera informé par le représentant de l'Etat des mesures prises.
 
 
3.2.5. La réglementation minière
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Un conseil des mines, composé de représentants des provinces et auquel assiste le représentant de l'Etat, sera consulté sur les projets de délibérations du Congrès ou des provinces en matière minière. Si son avis n'est pas conforme ou si le représentant de l'Etat exprime un avis défavorable, l'Exécutif de la Nouvelle-Calédonie se prononcera.
 
 
3.2.6. Les dessertes aériennes internationales
 
L'Exécutif sera associé aux négociations lorsque la compétence n'est pas entièrement confiée à la Nouvelle-Calédonie.
 
 
3.2.7. L'enseignement supérieur et la recherche scientifique
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L'Etat associera l'Exécutif à la préparation des contrats qui le lient aux organismes de recherche implantés en Nouvelle-Calédonie et à l'université, afin de permettre une meilleure prise en compte des besoins spécifiques de la Nouvelle-Calédonie en matière de formation supérieure et de recherche. La Nouvelle-Calédonie pourra conclure des conventions d'objectifs et d'orientation avec ces institutions.
 
====3.3. Les compétences régaliennes====
 
3.3. Les compétences régaliennes
 
La justice, l'ordre public, la défense et la monnaie (ainsi que le crédit et les changes), et les affaires étrangères (sous réserve des dispositions du 3.2.1) resteront de la compétence de l'Etat jusqu'à la nouvelle organisation politique résultant de la consultation des populations intéressées prévue au 5.
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Pendant cette période, des néo-calédoniens seront formés et associés à l'exercice de responsabilités dans ces domaines, dans un souci de rééquilibrage et de préparation de cette nouvelle étape.
 
===4. Le développement économique et social===
 
====4.1. La formation des hommes====
4. Le développement économique et social
 
4.1. La formation des hommes
 
4.1.1. Les formations devront, dans leur contenu et leur méthode, mieux prendre en compte les réalités locales, l'environnement régional et les impératifs de rééquilibrage. Des discussions s'engageront pour la reconnaissance mutuelle des diplômes et des formations avec les Etats du Pacifique. Le nouveau partage des compétences devra permettre aux habitants de la Nouvelle-Calédonie d'occuper davantage les emplois de formateur.
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Un programme spécifique, qui prendra la suite du programme « 400 cadres » et concernera les enseignements secondaire, supérieur et professionnel, tendra à la poursuite du rééquilibrage et à l'accession des kanak aux responsabilités dans tous les secteurs d'activités.
 
====4.2. Le développement économique====
 
4.2. Le développement économique
 
4.2.1. Des contrats de développement pluriannuels seront conclus avec l'Etat. Ils pourront concerner la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes et tendront à accroître l'autonomie et la diversification économiques.
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Un dispositif spécifique sera mis en place pour faciliter la restructuration et le redressement des entreprises.
 
====4.3. La politique sociale====
 
4.3. La politique sociale
 
4.3.1. L'effort en faveur du logement social sera poursuivi avec le concours de l'Etat. L'attribution des financements et les choix des opérateurs devront contribuer à un équilibre géographique. Une distinction sera effectuée entre les rôles de collecteur, de promoteur et de gestionnaire du parc social.
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4.3.2. Une couverture sociale généralisée sera mise en place.
 
====4.4. Le contrôle des outils de développement====
 
4.4. Le contrôle des outils de développement
 
La Nouvelle-Calédonie sera mise à même, au cours de la nouvelle période qui s'ouvre, de disposer d'une maîtrise suffisante des principaux outils de son développement. Lorsque l'Etat détient directement ou indirectement la maîtrise totale ou partielle de ces outils, la Nouvelle-Calédonie le remplacera selon des modalités et des calendriers à déterminer. Lorsque la Nouvelle-Calédonie le souhaitera, les établissements publics nationaux intervenant seulement en Nouvelle-Calédonie deviendront des établissements publics de la Nouvelle-Calédonie.
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Lorsque les organismes n'interviennent pas seulement en Nouvelle-Calédonie, celle-ci devra disposer des moyens de faire valoir ses orientations stratégiques en ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie par une participation dans le capital ou les instances dirigeantes.
 
===5. L'évolution de l'organisation politique de la Nouvelle-Calédonie===
 
5. L'évolution de l'organisation politique
 
de la Nouvelle-Calédonie
 
Au cours du quatrième mandat (de cinq ans) du Congrès, une consultation électorale sera organisée. La date de cette consultation sera déterminée par le Congrès, au cours de ce mandat, à la majorité qualifiée des trois cinquièmes.
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L'Etat reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à bénéficier, à la fin de cette période, d'une complète émancipation.
 
===6. Application de l'accord===
 
====6.1. Textes====
6. Application de l'accord
 
6.1. Textes
 
Le Gouvernement engagera la préparation des textes nécessaires à la mise en oeuvre de l'accord, et notamment du projet de loi de révision constitutionnelle en vue de son adoption au Parlement. Si cette révision ne pouvait être menée à bien et si les modifications constitutionnelles nécessaires à la mise en application des dispositions de l'accord ne pouvaient être prises, les partenaires se réuniraient pour en examiner les conséquences sur l'équilibre général du présent accord.
 
====6.2. Consultations====
 
6.2. Consultations
 
Des consultations seront organisées en Nouvelle-Calédonie auprès des organisations politiques, coutumières, économiques et sociales sur l'accord conclu, à l'initiative des signataires.
 
====6.3. Scrutin de 1998====
 
6.3. Scrutin de 1998
 
Un scrutin sera organisé avant la fin de l'année 1998 sur l'organisation politique de la Nouvelle-Calédonie, objet du présent accord.
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La loi constitutionnelle pour la Nouvelle-Calédonie permettra que ne se prononcent que les électeurs admis à participer au scrutin prévu à l'article 2 de la loi du 9 novembre 1988.
 
====6.4. Elections aux assemblées de province et au Congrès====
 
6.4. Elections aux assemblées de province et au Congrès
 
Des élections aux assemblées de province et au Congrès auront lieu dans les six mois suivant l'adoption des textes relatifs à l'organisation politique de la Nouvelle-Calédonie.
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Les mandats des membres des assemblées de province prendront fin à la date de ces élections.
 
====6.5. Comité des signataires====
 
6.5. Comité des signataires
 
Un comité des signataires sera mis en place pour :
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'''Le Premier ministre,'''
 
Lionel Jospin
 
'''Le secrétaire d'Etat à l'outre-mer,'''
 
Jean-Jack Queyranne
 
'''Pour le FLNKS :'''
 
Roch Wamytan
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Victor Tutugoro
 
'''Pour le RPCR :'''
 
Jacques Lafleur