« Aurore (Nietzsche)/Livre deuxième » : différence entre les versions

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''L’égoïsme apparent''. – La plupart des gens, quoi qu’ils puissent penser et dire de leur « égoïsme », ne font rien, leur vie durant, pour leur ego, mais seulement pour le fantôme d’ego qui s’est formé d’eux dans l’esprit de leur entourage avant de se communiquer à eux ; – par conséquent, ils vivent tous dans une nuée d’opinions impersonnelles, d’appréciations fortuites et fictives, l’un à l’égard de l’autre, et ainsi de suite toujours l’un dans l’esprit de l’autre. Singulier monde de fantasmes qui sait se donner une apparence si raisonnable ! Cette brume d’opinions et d’habitudes grandit et vit presque indépendamment des hommes qu’elle entoure ; d’elle dépend la prodigieuse influence des jugements d’ordre général que l’on porte sur « l’homme » – tous ces hommes inconnus l’un à l’autre croient à cette chose abstraite qui s’appelle « l’homme », c’est-à-dire à une fiction ; et tout changement tenté sur cette chose abstraite par les jugements d’individualités puissantes (telles que les princes et les philosophes) fait un effet extraordinaire et insensé sur le grand nombre. – Tout cela parce que chaque individu ne sait pas opposer, dans ce grand nombre, un ego véritable, qui lui est propre et qu’il a approfondi, à la pâle fiction universelle qu’il détruirait par là même.
''Le rêve et la responsabilité''. – Vous voulez être responsables de toutes choses ! Excepté de vos rêves ! Quelle misérable faiblesse, quel manque de courage logique ! Rien ne vous appartient plus en propre que vos rêves ! Rien n’est davantage votre œuvre ! Sujet, forme, durée, acteur, spectateur, – dans ces comédies vous êtes tout vous-mêmes ! Et c’est là justement que vous avez peur et que vous avez honte de vous-mêmes, (Œdipe déjà, le sage Œdipe, s’entendait à puiser une consolation dans l’idée que nous n’y pouvons rien, si nous rêvons telle ou telle chose ! J’en conclus que la grande majorité des hommes doit avoir à se reprocher des rêves épouvantables. S’il en était autrement, combien aurait-on exploité de poésie nocturne en faveur de l’orgueil de l’homme ! – faut-il ajouter que le sage Œdipe avait raison, que nous ne sommes vraiment pas responsables de nos rêves, pas davantage de notre état de veille, et que la doctrine du libre arbitre a son père et sa mère dans la fierté et dans le sentiment de puissance de l’homme ? Je dis cela peut-être trop souvent : mais ce n’est pas une raison pour que ce soit un mensonge.
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