« Aurore (Nietzsche)/Livre deuxième » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
YannBot (discussion | contributions)
m Correction des redirects après renommage
YannBot (discussion | contributions)
m Correction des redirects après renommage
Ligne 1 :
{{TextQuality|75%}}<div class="text">
{{Navigateur|[[Aurore - Livre deuxième - § 105120]]|[[Aurore/Livre deuxième]]|[[Aurore - Livre deuxième - § 107122]]}}
 
''« Effet et cause ! »''. – Sur ce miroir – et notre intellect est un miroir – il se passe quelque chose qui manifeste de la régularité, une chose déterminée suit chaque fois une autre chose déterminée, – c’est ce que nous appelons, lorsque nous nous en apercevons, et que nous voulons lui donner un nom, cause et effet – insensés que nous sommes ! Comme si, dans ce cas, nous avions compris quelque chose, pu comprendre quelque chose ! Or, nous n’avons rien vu que les images des « effets » et des « causes » ! Et c’est précisément cette vision en images qui rend impossible d’apercevoir un rapport plus essentiel que celui de la succession !
''Contre la définition du but moral''. – De tous côtés on entend maintenant dire que le but de la morale est quelque chose comme la conservation et l’avancement de l’humanité ; mais c’est là vouloir posséder une formule et rien de plus. Conservation de quoi ? faut-il demander avant tout, avancement vers quoi ? – N’a-t-on pas oublié l’essentiel dans la formule : la réponse à ce « de quoi », à ce « vers quoi » ? Qu’en résulte-t-il pour la doctrine des devoirs de l’homme qui n’ait pas été fixé déjà tacitement et sans y penser ? Cette formule dit-elle suffisamment s’il faut viser à prolonger le plus l’existence de l’espèce humaine, ou à faire sortir autant que possible l’homme de l’animalité ? Combien différents devraient être dans les deux cas les moyens, c’est-à-dire la morale pratique ! En admettant que l’on veuille rendre l’humanité aussi raisonnable que possible, cela ne garantirait certes pas sa plus longue durée ! Ou bien, en admettant que l’on songe à son « plus grand bonheur », pour répondre à ce « de quoi », à ce « vers quoi » : songe-t-on alors au plus haut degré de bonheur que quelques individus pourraient atteindre peu à peu ? Ou bien à une félicité moyenne, indéfinissable, mais que tous pourraient atteindre ? Et pourquoi choisirait-on la moralité pour arriver à ce but ? La moralité n’a-t-elle pas, dans son ensemble, créé une telle source de déplaisir que l’on pourrait plutôt prétendre qu’avec chaque affinement de la moralité l’homme est devenu plus mécontent de lui-même, de son prochain et de son sort dans l’existence ? L’homme qui jusqu’à présent a été le plus moral n’a-t-il pas cru que le seul état de l’homme qui puisse se justifier vis-à-vis de la morale était la plus profonde misère ?
</div>
{{A2}}