« Aurore (Nietzsche)/Livre premier » : différence entre les versions

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''La disposition d’esprit comme argument''. — D’où vient la joyeuse résolution qui s’empare de nous devant l’action ? — C’est là une question qui a beaucoup préoccupé les hommes. La réponse la plus ancienne, qui demeure toujours courante, c’est qu’il faut en faire remonter la cause à Dieu qui nous donne à entendre par là qu’il approuve notre décision. Lorsque l’on interrogeait autrefois les oracles on voulait rentrer chez soi en rapportant cette joyeuse résolution ; et chacun répondait aux doutes qui lui venaient, lorsque se présentaient à son âme plusieurs actions possibles : « Je ferai la chose qui sera accompagnée d’un pareil sentiment. » On ne se décidait donc pas pour ce qu’il y avait de plus raisonnable, mais pour le projet dont l’image rendait l’âme courageuse et pleine d’espérance. La bonne disposition pesait dans la balance comme un argument plus lourd que la raison : puisque la disposition d’esprit était interprétée d’une façon superstitieuse, comme l’effet d’un dieu qui promet la réussite et qui veut ainsi faire parler, à sa raison, le langage de la sagesse supérieure. Or, considérez les conséquences d’un pareil préjugé, lorsque des hommes rusés et avides de puissance s’en servaient — lorsqu’ils s’en servent encore ! « Disposer favorablement les esprits ! » — avec cela on peut remplacer tous les arguments et vaincre toutes les objections !
''Pauvre humanité'' ! — Une goutte de sang de plus ou de moins dans le cerveau peut rendre notre vie indiciblement misérable et pénible, si bien que nous souffrons plus de cette goutte que Prométhée de son vautour. Mais cela n’est vraiment tout à fait épouvantable que lorsque l’on ne sait même pas que c’est cette goutte qui en est la cause. Et que l’on se figure que c’est « le diable » ! Ou « le péché » !
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