« Ainsi parlait Zarathoustra/Première partie/Le prologue de Zarathoustra » : différence entre les versions

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===1.===
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Lorsque Zarathoustra eut atteint sa trentième année, il quitta sa patrie et le lac de sa patrie et s'en alla dans la montagne. Là il jouit de son esprit et de sa solitude et ne s'en lassa point durant dix années. Mais enfin son coeur se transforma, - et un matin, se levant avec l'aurore, il s'avança devant le soleil et lui parla ainsi :
 
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Ainsi commença le déclin de Zarathoustra.
 
 
===2.===
 
 
 
Zarathoustra descendit seul des montagnes, et il ne rencontra personne. Mais lorsqu'il arriva dans les bois, soudain se dressa devant lui un vieillard qui avait quitté sa sainte chaumière pour chercher des racines dans la forêt. Et ainsi parla le vieillard et il dit à Zarathoustra :
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Mais quand Zarathoustra fut seul, il parla ainsi à son coeur : "Serait-ce possible ! Ce vieux saint dans sa forêt n'as pas encore entendu dire que ''Dieu est mort !''"
 
 
===3.===
 
 
 
Lorsque Zarathoustra arriva dans la ville voisine qui se trouvait le plus près des bois, il y vit une grande foule rassemblée sur la place publique : car on avait annoncé qu'un danseur de corde allait se montrer. Et Zarathoustra parla au peuple et lui dit :
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Quand Zarathoustra eut parlé ainsi, quelqu'un de la foule s'écria : "Nous avons assez entendu parler du danseur de corde ; faites-nous-le voir maintenant !" Et tout le peuple rit de Zarathoustra. Mais le danseur de corde qui croyait que l'on avait parlé de lui se mit à l'ouvrage.
 
 
 
===4.===
 
 
 
Zarathoustra, cependant, regardait le peuple et s'étonnait. Puis il dit :
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Voici, je suis un visionnaire de la foudre, une lourde goutte qui tombe de la nue : mais cette foudre s'appelle le ''Surhumain''.
 
 
 
===5.===
 
 
 
Quand Zarathoustra eut dit ces mots, il considéra de nouveau le peuple et se tut, puis il dit à son coeur : "Les voilà qui se mettent à rire ; ils ne me comprennent point, je ne suis pas la bouche qu'il faut à ces oreilles.
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Et les voilà qui me regardent et qui rient : et tandis qu'ils rient ils me haïssent encore. Il y a de la glace dans leur rire."
 
 
 
===6.===
 
 
 
Mais alors il advint quelque chose qui fit taire toutes les bouches et qui fixa tous les regards. Car pendant ce temps le danseur de corde s'était mis à l'ouvrage : il était sorti par une petite poterne et marchait sur la corde tendue entre deux tours, au-dessus de la place publique et de la foule. Comme il se trouvait juste à mi-chemin, la petite porte s'ouvrit encore une fois et un gars bariolé qui avait l'air d'un bouffon sauta dehors et suivit d'un pas rapide le premier. "En avant, boiteux, cria son horrible voix, en avant paresseux, sournois, visage blême ! Que je ne te chatouille pas de mon talon ! Que fais-tu là entre ces tours ? C'est dans la tour que tu devrais être enfermé ; tu barres la route à un meilleur que toi !" - Et à chaque mot il s'approchait davantage ; mais quand il ne fut plus qu'à un pas du danseur de corde, il advint cette chose terrible qui fit taire toutes les bouches et qui fixa tous les regards : - le bouffon poussa un cri diabolique et sauta par-dessus celui qui lui barrait la route. Mais le danseur de corde, en voyant la victoire de son rival, perdit la tête et la corde ; il jeta son balancier et, plus vite encore, s'élança dans l'abîme, comme un tourbillon de bras et de jambes. La place publique et la foule ressemblaient à la mer, quand la tempête s'élève. Tous s'enfuyaient en désordre et surtout à l'endroit où le corps allait s'abattre.
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Quand Zarathoustra eut dit cela, le moribond ne répondit plus ; mais il remua la main, comme s'il cherchait la main de Zarathoustra pour le remercier.
 
 
 
===7.===
 
 
 
Cependant le soir tombait et la place publique se voilait d'ombres : alors la foule commença à se disperser, car la curiosité et la frayeur mêmes se fatiguent. Zarathoustra, assis par terre à côté du mort, était noyé dans ses pensées : ainsi il oubliait le temps. Mais, enfin, la nuit vint et un vent froid passa sur le solitaire. Alors Zarathoustra se leva et il dit à son coeur :
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Sombre est la nuit, sombres sont les voies de Zarathoustra. Viens, compagnon rigide et glacé ! Je te porte à l'endroit où je vais t'enterrer de mes mains."
 
 
 
===8.===
 
 
 
Quand Zarathoustra eut dit cela à son coeur, il chargea le cadavre sur ses épaules et se mit en route. Il n'avait pas encore fait cent pas qu'un homme se glissa auprès de lui et lui parla tout bas à l'oreille - et voici ! celui qui lui parlait était le bouffon de la tour.
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Ensuite Zarathoustra marcha de nouveau pendant deux heures, se fiant à la route et à la clarté des étoiles : car il avait l'habitude des marches nocturnes et aimait à regarder en face tout ce qui dort. Quand le matin commença à poindre, Zarathoustra se trouvait dans une forêt profonde et aucun chemin ne se dessinait plus devant lui. Alors il plaça le corps dans un arbre creux, à la hauteur de sa tête - car il voulait le protéger contre les loups - et il se coucha lui-même à terre sur la mousse. Et aussitôt il s'endormi, fatigué de corps, mais l'âme tranquille.
 
 
 
===9.===
 
 
 
Zarathoustra dormit longtemps et non seulement l'aurore passa sur son visage, mais encore le matin. Enfin ses yeux s'ouvrirent et avec étonnement Zarathoustra jeta un regard sur la forêt et dans le silence, avec étonnement il regarda en lui-même. Puis il se leva à la hâte, comme un matelot qui tout à coup voit la terre, et il poussa un cri d'allégresse : car il avait découvert une vérité nouvelle. Et il parla à son coeur et il lui dit :
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Je marche vers mon but, je suis ma route ; je sauterai par-dessus les hésitants et les retardataires. Ainsi ma marche sera le déclin !
 
 
 
===10.===
 
 
 
Zarathoustra avait dit cela à son coeur, alors que le soleil était à son midi : puis il interrogea le ciel du regard - car il entendait au-dessus de lui le cri perçant d'un oiseau. Et voici ! Un aigle planait dans les airs en larges cercles, et un serpent était suspendu à lui, non pareil à une proie, mais comme un ami : car il se sentait enroulé autour de son cou.