« Le Rouge et le Noir/Chapitre LXIII » : différence entre les versions

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<[[Le Rouge et le Noir]]
| [[Auteur:Stendhal|Stendhal]]
| [[Le Rouge et le Noir]]
| '''Chapitre XXXIII'''<br>''L’enfer de la faiblesse''<br><br>
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| [[Le Rouge et le Noir - Tome second, Chapitre XXXIV|Chapitre XXXIV]]
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En taillant ce diamant, un lapidaire<br>malhabile lui a ôté quelques-unes de ses<br>plus vives étincelles. Au Moyen Âge, que<br>dis-je ? encore sous Richelieu, le Français<br>avait la force de vouloir.
::::::M<small>IRABEAU</small>.
 
Julien trouva le marquis furieux : pour la première fois de sa vie, peut-être, ce seigneur fut de mauvais ton ; il accabla Julien de toutes les injures qui lui vinrent à la bouche. Notre héros fut étonné, impatienté, mais sa reconnaissance n’en fut point ébranlée. Que de beaux projets depuis longtemps chéris au fond de sa pensée le pauvre homme voit crouler en un instant ! Mais je lui dois de lui répondre, mon silence augmenterait sa colère. La réponse fut fournie par le rôle de Tartufe.
CHAPITRE XXXIII
 
— ''Je ne suis pas un ange''... Je vous ai bien servi, vous m’avez payé avec générosité... J’étais reconnaissant, mais j’ai vingt-deux ans... Dans cette maison, ma pensée n’était comprise que de vous, et de cette personne aimable...
L'ENFER DE LA FAIBLESSE
 
— Monstre ! s’écria le marquis. Aimable ! aimable ! Le jour où vous l’avez trouvée aimable, vous deviez fuir.
En taillant ce diamant, un lapidaire malhabile lui a ôté quelques-unes de ses plus vives étincelles. Au Moyen Age, que dis-je? encore sous Richelieu, le Français avait la force de vouloir.
 
— Je l’ai tenté ; alors, je vous demandai de partir pour le Languedoc.
MIRABEAU.
 
Las de se promener avec fureur, le marquis, dompté par la douleur, se jeta dans un fauteuil ; Julien l’entendit se dire à demi-voix : Ce n’est point là un méchant homme.
 
— Non, je ne le suis pas pour vous, s’écria Julien en tombant à ses genoux. Mais il eut une honte extrême de ce mouvement, et se releva bien vite.
 
Le marquis était réellement égaré. À la vue de ce mouvement il recommença à l’accabler d’injures atroces et dignes d’un cocher de fiacre. La nouveauté de ces jurons était peut-être une distraction.
 
— Quoi ! ma fille s’appellera Mme Sorel ! quoi ! ma fille ne sera pas duchesse ! Toutes les fois que ces deux idées se présentaient aussi nettement, M. de La Mole était torturé et les mouvements de son âme n’étaient plus volontaires. Julien craignit d’être battu.
 
Dans les intervalles lucides, et lorsque le marquis commençait à s’accoutumer à son malheur, il adressait à Julien des reproches assez raisonnables :
Julien trouva le marquis furieux: pour la première fois de sa vie, peut-être, ce seigneur fut de mauvais ton; il accabla Julien de toutes les injures qui lui vinrent à la bouche. Notre héros fut étonné, impatienté, mais sa reconnaissance n'en fut point ébranlée. Que de beaux projets depuis longtemps chéris au fond de sa pensée le pauvre homme voit crouler en un instant! Mais je lui dois de lui répondre, mon silence augmenterait sa colère. La réponse fut fournie par le rôle de Tartufe.
 
— Il fallait fuir, monsieur, lui disait-il... Votre devoir était de fuir... Vous êtes le dernier des hommes...
-- Je ne suis pas un ange... Je vous ai bien servi, vous m'avez payé avec générosité... J'étais reconnaissant, mais j'ai vingt-deux ans... Dans cette maison, ma pensée n'était comprise que de vous, et de cette personne aimable...
 
Julien s’approcha de la table et écrivit :
-- Monstre! s'écria le marquis. Aimable! aimable! Le jour où vous l'avez trouvée aimable, vous deviez fuir.
 
« ''Depuis longtemps la vie m’est insupportable, j’y mets un terme. Je prie monsieur le marquis d’agréer, avec l’expression d’une reconnaissance sans bornes, mes excuses de l’embarras que ma mort dans son hôtel peut causer.'' »
-- Je l'ai tenté; alors, je vous demandai de partir pour le Languedoc.
 
— Que monsieur le marquis daigne parcourir ce papier... Tuez-moi, dit Julien, ou faites-moi tuer par votre valet de chambre. Il est une heure du matin, je vais me promener au jardin vers le mur du fond.
Las de se promener avec fureur, le marquis, dompté par la douleur, se jeta dans un fauteuil; Julien l'entendit se dire à demi-voix: Ce n'est point là un méchant homme.
 
— Allez à tous les diables, lui cria le marquis comme il s’en allait.
-- Non, je ne le suis pas pour vous, s'écria Julien en tombant à ses genoux. Mais il eut une honte extrême de ce mouvement, et se releva bien vite.
 
— Je comprends, pensa Julien ; il ne serait pas fâché de me voir épargner la façon de ma mort à son valet de chambre... Qu’il me tue, à la bonne heure, c’est une satisfaction que je lui offre... Mais, parbleu, j’aime la vie... Je me dois à mon fils.
Le marquis était réellement égaré. A la vue de ce mouvement il recommença à l'accabler d'injures atroces et dignes d'un cocher de fiacre. La nouveauté de ces jurons était peut-être une distraction.
 
Cette idée, qui pour la première fois paraissait aussi nettement à son imagination, l’occupa tout entier après les premières minutes de promenade données au sentiment du danger.
-- Quoi! ma fille s'appellera Mme Sorel! quoi! ma fille ne sera pas duchesse! Toutes les fois que ces deux idées se présentaient aussi nettement, M. de La Mole était torturé et les mouvements de son âme n'étaient plus volontaires. Julien craignit d'être battu.
 
Cet intérêt si nouveau en fit un être prudent. Il me faut des conseils pour me conduire avec cet homme fougueux... Il n’a aucune raison, il est capable de tout. Fouqué est trop éloigné, d’ailleurs il ne comprendrait pas les sentiments d’un cœur tel que celui du marquis.
Dans les intervalles lucides, et lorsque le marquis commençait à s'accoutumer à son malheur, il adressait à Julien des reproches assez raisonnables:
 
Le comte Altamira... Suis-je sûr d’un silence éternel ? Il ne faut pas que ma demande de conseils soit une action, et complique ma position. Hélas ! il ne me reste que le sombre abbé Pirard... Son esprit est rétréci par le jansénisme... Un coquin de jésuite connaîtrait le monde, et serait mieux mon fait... M. Pirard est capable de me battre, au seul énoncé du crime.
-- Il fallait fuir, monsieur, lui disait-il... Votre devoir était de fuir... Vous êtes le dernier des hommes...
 
Le génie de Tartufe vint au secours de Julien : Eh bien, j’irai me confesser à lui. Telle fut la dernière résolution qu’il prit au jardin après s’être promené deux grandes heures. Il ne pensait plus qu’il pouvait être surpris par un coup de fusil ; le sommeil le gagnait.
Julien s'approcha de la table et écrivit:
 
Le lendemain, de très grand matin, Julien était à plusieurs lieues de Paris, frappant à la porte du sévère janséniste. Il trouva, à son grand étonnement, qu’il n’était point trop surpris de sa confidence.
« Depuis longtemps la vie m'est insupportable, j'y mets un terme. Je prie monsieur le marquis d'agréer, avec l'expression d'une reconnaissance sans bornes, mes excuses de l'embarras que ma mort dans son hôtel peut causer. »
 
— J’ai peut-être des reproches à me faire, se disait l’abbé plus soucieux qu’irrité. J’avais cru deviner cet amour. Mon amitié pour vous, petit malheureux, m’a empêché d’avertir le père...
-- Que monsieur le marquis daigne parcourir ce papier... Tuez-moi, dit Julien, ou faites-moi tuer par votre valet de chambre. Il est une heure du matin, je vais me promener au jardin vers le mur du fond.
 
— Que va-t-il faire ? lui dit vivement Julien.
-- Allez à tous les diables, lui cria le marquis comme il s'en allait.
 
(Il aimait l’abbé en ce moment, et une scène lui eût été fort pénible.)
-- Je comprends, pensa Julien; il ne serait pas fâché de me voir épargner la façon de ma mort à son valet de chambre... Qu'il me tue, à la bonne heure, c'est une satisfaction que je lui offre... Mais, parbleu, j'aime la vie... Je me dois à mon fils.
 
— Je vois trois partis, continua Julien : 1° M. de La Mole peut me faire donner la mort ; et il raconta la lettre de suicide qu’il avait laissée au marquis ; 2° me faire tirer au blanc par le comte Norbert, qui me demanderait un duel.
Cette idée, qui pour la première fois paraissait aussi nettement à son imagination, l'occupa tout entier après les premières minutes de promenade données au sentiment du danger.
 
— Vous accepteriez ? dit l’abbé furieux, et se levant.
Cet intérêt si nouveau en fit un être prudent. Il me faut des conseils pour me conduire avec cet homme fougueux... Il n'a aucune raison, il est capable de tout. Fouqué est trop éloigné, d'ailleurs il ne comprendrait pas les sentiments d'un coeur tel que celui du marquis.
 
— Vous ne me laissez pas achever. Certainement je ne tirerais jamais sur le fils de mon bienfaiteur.
Le comte Altamira... Suis-je sûr d'un silence éternel? Il ne faut pas que ma demande de conseils soit une action, et complique ma position. Hélas! il ne me reste que le sombre abbé Pirard... Son esprit est rétréci par le jansénisme... Un coquin de jésuite connaîtrait le monde, et serait mieux mon fait... M. Pirard est capable de me battre, au seul énoncé du crime.
 
3° Il peut m’éloigner. S’il me dit : Allez à Edimbourg, à New-York, j’obéirai. Alors on peut cacher la position de Mlle de La Mole ; mais je ne souffrirai point qu’on supprime mon fils.
Le génie de Tartufe vint au secours de Julien: Eh bien, j'irai me confesser à lui. Telle fut la dernière résolution qu'il prit au jardin après s'être promené deux grandes heures. Il ne pensait plus qu'il pouvait être surpris par un coup de fusil; le sommeil le gagnait.
 
— Ce sera là, n’en doutez point, la première idée de cet homme corrompu...
Le lendemain, de très grand matin, Julien était à plusieurs lieues de Paris, frappant à la porte du sévère janséniste. Il trouva, à son grand étonnement, qu'il n'était point trop surpris de sa confidence.
 
À Paris, Mathilde était au désespoir. Elle avait vu son père vers les sept heures. Il lui avait montré la lettre de Julien, elle tremblait qu’il n’eût trouvé noble de mettre fin à sa vie : Et sans ma permission ? se disait-elle avec une douleur qui était de la colère.
-- J'ai peut-être des reproches à me faire, se disait l'abbé plus soucieux qu'irrité. J'avais cru deviner cet amour. Mon amitié pour vous, petit malheureux, m'a empêché d'avertir le père...
 
— S’il est mort, je mourrai, dit-elle à son père. C’est vous qui serez cause de sa mort... Vous vous en réjouirez peut-être... Mais je le jure à ses mânes, d’abord je prendrai le deuil, et serai publiquement Mme veuve Sorel ; j’enverrai mes billets de faire-part, comptez là-dessus... Vous ne me trouverez ni pusillanime ni lâche.
-- Que va-t-il faire? lui dit vivement Julien.
 
Son amour allait jusqu’à la folie. À son tour, M. de La Mole fut interdit.
(Il aimait l'abbé en ce moment, et une scène lui eût été fort pénible.)
 
Il commença à voir les événements avec quelque raison. Au déjeuner, Mathilde ne parut point. Le marquis fut délivré d’un poids immense, et surtout flatté, quand il s’aperçut qu’elle n’avait rien dit à sa mère.
-- Je vois trois partis, continua Julien: 1° M. de La Mole peut me faire donner la mort; et il raconta la lettre de suicide qu'il avait laissée au marquis; 2° Me faire tirer au blanc par le comte Norbert, qui me demanderait un duel.
 
Julien descendait de cheval. Mathilde le fit appeler, et se jeta dans ses bras presque à la vue de sa femme de chambre. Julien ne fut pas très reconnaissant de ce transport, il sortait fort diplomate et fort calculateur de sa longue conférence avec l’abbé Pirard. Son imagination était éteinte par le calcul des possibles. Mathilde, les larmes aux yeux, lui apprit qu’elle avait vu sa lettre de suicide.
-- Vous accepteriez? dit l'abbé furieux, et se levant.
 
— Mon père peut se raviser ; faites-moi le plaisir de partir à l’instant même pour Villequier. Remontez à cheval, sortez de l’hôtel avant qu’on ne se lève de table.
-- Vous ne me laissez pas achever. Certainement je ne tirerais jamais sur le fils de mon bienfaiteur.
 
Comme Julien ne quittait point l’air étonné et froid, elle eut un accès de larmes.
3° Il peut m'éloigner. S'il me dit: Allez à Edimbourg, à New-York, j'obéirai. Alors on peut cacher la position de Mlle de La Mole; mais je ne souffrirai point qu'on supprime mon fils.
 
— Laisse-moi conduire nos affaires, s’écria-t-elle avec transport, et en le serrant dans ses bras. Tu sais bien que ce n’est pas volontairement que je me sépare de toi. Écris sous le couvert de ma femme de chambre, que l’adresse soit d’une main étrangère, moi je t’écrirai des volumes. Adieu ! fuis.
-- Ce sera là, n'en doutez point, la première idée de cet homme corrompu...
 
A Paris, Mathilde était au désespoir. Elle avait vu son père vers les sept h eures. Il lui avait montré la lettre de Julien, elle tremblait qu'il n'eût trouvé noble de mettre fin à sa vie: Et sans ma permission? se disait-elle avec une douleur qui était de la colère.
 
-- S'il est mort, je mourrai, dit-elle à son père. C'est vous qui serez cause de sa mort... Vous vous en réjouirez peut-être... Mais je le jure à ses mânes, d'abord je prendrai le deuil, et serai publiquement Mme veuve Sorel ; j'enverrai mes billets de faire-part, comptez là-dessus... Vous ne me trouverez ni pusillanime ni lâche.
 
Son amour allait jusqu'à la folie. A son tour, M. de La Mole fut interdit.
 
Il commença à voir les événements avec quelque raison. Au déjeuner, Mathilde ne parut point. Le marquis fut délivré d'un poids immense, et surtout flatté, quand il s'aperçut qu'elle n'avait rien dit à sa mère.
 
[Variante : Vers les midi Julien arriva. On entendit le pas du cheval retentir dans la cour. Julien descendit.] Julien descendait de cheval. Mathilde le fit appeler, et se jeta dans ses bras presque à la vue de sa femme de chambre. Julien ne fut pas très reconnaissant de ce transport, il sortait fort diplomate et fort calculateur de sa longue conférence avec l'abbé Pirard. Son imagination était éteinte par le calcul des possibles. Mathilde, les larmes aux yeux, lui apprit qu'elle avait vu sa lettre de suicide.
 
--Mon père peut se raviser; faites-moi le plaisir de partir à l'instant même pour Villequier. Remontez à cheval, sortez de l'hôtel avant qu'on ne se lève de table.
 
Comme Julien ne quittait point l'air étonné et froid, elle eut un accès de larmes.
 
-- Laisse-moi conduire nos affaires, s'écria-t-elle avec transport, et en le serrant dans ses bras. Tu sais bien que ce n'est pas volontairement que je me sépare de toi. Ecris sous le couvert de ma femme de chambre, que l'adresse soit d'une main étrangère, moi je t'écrirai des volumes. Adieu! fuis.
 
Ce dernier mot blessa Julien, il obéit cependant. Il est fatal, pensait-il, que, même dans leurs meilleurs moments, ces gens-là trouvent le secret de me choquer.
 
Mathilde résista avec fermeté à tous les projets prudents de son père. Elle ne voulut jamais établir la négociation sur d'autresd’autres bases que celles-ci : Elle serait Mme Sorel, et vivrait pauvrement avec son mari en Suisse, ou chez son père à Paris. Elle repoussait bien loin la proposition d'und’un accouchement clandestin.
 
-- Alors commencerait pour moi la possibilité de la calomnie et du déshonneur. Deux mois après le mariage, j'iraij’irai voyager avec mon mari, et il nous sera facile de supposer que mon fils est né à une époque convenable.
 
D'abordD’abord accueillie par des transports de colère, cette fermeté finit par donner des doutes au marquis.
 
Dans un moment d'attendrissementd’attendrissement :
 
-- Tiens ! dit-il à sa fille, voilà une inscription de dix mille livres de rente, envoie-la à ton Julien, et qu'ilqu’il me mette bien vite dans l'impossibilitél’impossibilité de la reprendre.
 
Pour obéir à Mathilde, dont il connaissait l'amourl’amour pour le commandement, Julien avait fait quarante lieues inutiles : il était à Villequier, réglant les comptes des fermiers ; ce bienfait du marquis fut l'occasionl’occasion de son retour. Il alla demander asile à l'abbél’abbé Pirard, qui, pendant son absence, était devenu l'alliél’allié le plus utile de Mathilde. Toutes les fois qu'ilqu’il était interrogé par le marquis, il lui prouvait que tout autre parti que le mariage public serait un crime aux yeux de Dieu.
 
-- Et par bonheur, ajoutait l'abbél’abbé, la sagesse du monde est ici d'accordd’accord avec la religion. Pourrait-on compter un instant, avec le caractère fougueux de Mlle de La Mole, sur le secret qu'ellequ’elle ne se serait pas imposé à elle-même ? Si l'onl’on n'admetn’admet pas la marche franche d'und’un mariage public, la société s'occuperas’occupera beaucoup plus longtemps de cette mésalliance étrange. Il faut tout dire en une fois, sans apparence ni réalité du moindre mystère.
 
-- Il est vrai, dit le marquis pensif. Dans ce système, parler de ce mariage après trois jours, devient un rabâchage d'hommed’homme qui n'an’a pas d'idéesd’idées. Il faudrait profiter de quelque grande mesure anti-jacobine du gouvernement pour se glisser incognito à la suite.
 
Deux ou trois amis de M. de La Mole pensaient comme l'abbél’abbé Pirard. Le grand obstacle, à leurs yeux, était le caractère décidé de Mathilde. Mais après tant de beaux raisonnements, l'âmel’âme du marquis ne pouvait s'accoutumers’accoutumer à renoncer à l'espoirl’espoir du tabouret pour sa fille.
 
Sa mémoire et son imagination étaient remplies des roueries et des faussetés de tous genres qui étaient encore possibles dans sa jeunesse. Céder à la nécessité, avoir peur de la loi lui semblait chose absurde et déshonorante pour un homme de son rang. Il payait cher maintenant ces rêveries enchanteresses qu'ilqu’il se permettait depuis dix ans sur l'avenirl’avenir de cette fille chérie.
 
Qui l'eûtl’eût pu prévoir ? se disait-il. Une fille d'und’un caractère si altier, d'und’un génie si élevé, plus fière que moi du nom qu'ellequ’elle porte ! dont la main m'étaitm’était demandée d'avanced’avance par tout ce qu'ilqu’il y a de plus illustre en France !
 
Il faut renoncer à toute prudence. Ce siècle est fait pour tout confondre ! nous marchons vers le chaos.
 
 
 
 
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