« Ainsi parlait Zarathoustra/Deuxième partie/Des poètes » : différence entre les versions

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"Depuis que je connais mieux le corps, - disait Zarathoustra à l'un de ses disciples - l'esprit n'est plus pour moi esprit que dans une certaine mesure ; et tout ce qui est "impérissable" - n'est aussi que symbole."
 
"Je t'ai déjà entendu parler ainsi, répondit le disciple ; et alors tu as ajouté : "Mais les poètes mentent trop." Pourquoi donc disais-tu que les poètes mentent trop ?"
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Et il m'arrive aussi d'avoir dans mon colombier une bête qui n'est pas de mon colombier et qui m'est étrangère ; elle tremble lorsque j'y mets la main.
 
Pourtant que tu disais un jour Zarathoustra ? Que les poètes mentent trop. - Mais Zarathoustra lui aussi est un poète.
 
Crois-tu donc qu'en cela il ait dit la vérité ? Pourquoi le crois-tu ?"
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La foi ne me sauve point, dit-il, la foi en moi-même moins que toute autre.
 
Mais, en admettant que quelqu'un dise sérieusement que les poètes mentent trop : il aurait raison, - nous mentons trop.
 
Nous savons aussi trop peu de choses et nous apprenons trop mal : donc il faut que nous mentions.
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Et surtout au-dessus du ciel : car tous les dieux sont des symboles et des artifices de poète.
 
En vérité, nous sommes toujours attirés vers les régions supérieures - c'est-à-dire vers le pays des nuages : c'est là que nous plaçons nos ballons multicolores et nous les appelons Dieux et Surhumains.
 
Car ils sont assez légers pour ce genre de sièges ! - tous ces Dieux et ces Surhumains.
 
Hélas ! comme je suis fatigué de tout ce qui est insuffisant et qui veut à toute force être événement ! Hélas ! comme je suis fatigué des poètes !
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Un peu de volupté et un peu d'ennui : c'est ce qu'il y eut encore de meilleur dans leurs méditations.
 
Leurs arpèges m'apparaissent comme des glissements des fuites de fantômes ; que connaissaient-ils jusqu'à présent de l'ardeur qu'il y a dans les sons ! -
 
Ils ne sont pas non plus assez propres pour moi : ils troublent tous leurs eaux pour les faire paraître profondes.
 
Ils aiment à se faire passer pour conciliateurs, mais ils restent toujours pour moi des gens de moyens-termes et de demi-mesures, troubleurs et mal-propres ! -
 
Hélas ! j'ai jeté mon filet dans leurs mers pour attraper de bons poissons, mais toujours j'ai retiré la tête d'un dieu ancien.
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En vérité leur esprit lui-même est le paon le plus vain entre tous les paons et une mer de vanité !
 
L'esprit du poète veut des spectateurs : ne fût-ce que des buffles ! -
 
Pourtant je me suis fatigué de cet esprit : et je vois venir un temps où il sera fatigué de lui-même.
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J'ai déjà vu les poètes se transformer et diriger leur regard contre eux-mêmes.
 
J'ai vu venir des expiateurs de l'esprit : c'est parmi les poètes qu'ils sont nés. -