« Ainsi parlait Zarathoustra/Troisième partie/Le voyageur » : différence entre les versions

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Mais toi, ô Zarathoustra ! tu voulais apercevoir toutes les raisons et l'arrière-plan des choses : il te faut donc passer sur toi-même pour monter — au delà, plus haut, jusqu'à ce que tes étoiles elles-mêmes soient au-dessous de toi !
 
Oui ! Regarder en bas sur moi-même et sur mes étoiles : ceci seul serait pour moi le sommet, ceci demeure pour moi le dernier sommet à gravir ! -
 
Ainsi se parlait à lui-même Zarathoustra, tandis qu'il montait, consolant son cœur avec de dures maximes : car il avait le cœur plus blessé que jamais. Et lorsqu'il arriva sur la hauteur de la crête, il vit l'autre mer qui était étendue devant lui : alors il demeura immobile et il garda longtemps le silence. Mais à cette hauteur la nuit était froide et claire et étoilée.
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D'où viennent les plus hautes montagnes ? c'est que j'ai demandé jadis. Alors, j'ai appris qu'elles viennent de la mer.
 
Ce témoignage est écrit dans leurs rochers et dans les pics de leurs sommets. C'est du plus bas que le plus haut doit atteindre son sommet. -
 
Ainsi parlait Zarathoustra au sommet de la montagne où il faisait froid ; mais lorsqu'il arriva près de la mer et qu'il finit par être seul parmi les récifs, il se sentit fatigué de sa route et plus que jamais rempli de désir.
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Hélas ! je suis triste avec toi, monstre obscur, et je m'en veux à moi-même à cause de toi.
 
Hélas ! pourquoi ma main n'a-t-elle pas assez de force ! Que j'aimerais vraiment te délivrer des mauvais rêves ! -
 
Tandis que Zarathoustra parlait ainsi, il se mit à rire sur lui-même avec mélancolie et amertume. Comment ! Zarathoustra ! dit-il, tu veux encore chanter des consolations à la mer ?
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Tu voulais caresser tous les monstres. Le souffle d'une chaude haleine, un peu de souple fourrure aux pattes — : et immédiatement tu étais prêt à aimer et à attirer à toi.
 
L'amour est le danger du plus solitaire ; l'amour de toute chose pourvu qu'elle soit vivante ! Elles prêtent vraiment à rire, ma folie et ma modestie dans l'amour ! -
 
Ainsi parlait Zarathoustra et il se mit à rire une seconde fois : mais alors il pensa à ses amis abandonnés, et, comme si, dans ses pensées, il avait péché contre eux, il fut fâché contre lui-même à cause de sa pensée. Et aussitôt il advint que tout en riant il se mit à pleurer : — Zarathoustra pleura amèrement de colère et de désir.