« Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/579 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
m 72ALI : replace
72ALI (discussion | contributions)
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<br/>
A RÉSURKECTION 121

De deux choses l’une : ou bien elle s’était prise
De deux choses l’une : ou bien elle s’était prise
d’amour pour ce Simonson, et vraiment elle n’avait plus
d’amour pour ce Simonson, et vraiment elle n’avait plus
besoin du sacrifice de Nekhludov ; ou bien elle conti-
besoin du sacrifice de Nekhludov ; ou bien elle continuait
nuait a l’aimer, lui, Nekhludov, et c’était pour le dega-
à l’aimer, lui, Nekhludov, et c’était pour le dégager
ger de son fardeau qu’e1le nnissait sa vie a celle de
de son fardeau qu’elle unissait sa vie à celle de
Simonson.
Simonson.

Clairement, Nekhludov se rendit compte de cette alter-
Clairement, Nekhludov se rendit compte de cette alternative.
native. Et il eut honte. Il se sentit rougir.
Et il eut honte. Il se sentit rougir.
— Si tu l’aimes… dit-il. .

— Si tu l’aimes… dit-il.

— Moi, voyez-vous ? jamais je n’ai connu des hommes
— Moi, voyez-vous ? jamais je n’ai connu des hommes
de cette espèce-là ! Comment ne pas les aimer ? Et puis,
de cette espèce-là ! Comment ne pas les aimer ? Et puis,
Vladimir lvanovitch, il est si différent des autres !
Vladimir Ivanovitch, il est si différent des autres !

— Sans doute ! — reprit Nekhludov d’une voix trem-
— Sans doute ! — reprit Nekhludov d’une voix tremblante.
blante. — C’est un homme excellent, etje crois…
— C’est un homme excellent, et je crois…
Mais elle Pinterrompit de nouveau, comme si elle eût

Mais elle l’interrompit de nouveau, comme si elle eût
craint qu’il dît ce qu’il allait dire. Ou peut-être était-ce
craint qu’il dît ce qu’il allait dire. Ou peut-être était-ce
elle-même qui tenait a lui dire tout.
elle-même qui tenait à lui dire tout.

— Non, non. Il faudra que vous nous pardonniez de
— Non, non. Il faudra que vous nous pardonniez de
ne pas faire ce que vous voulez…, - murmura-t-elle. —
ne pas faire ce que vous voulez…, murmura-t-elle. —
C’est que vous, vous avez besoin de vivre !
C’est que vous, vous avez besoin de vivre !

Ce qu’il venait de se dire, ce qu’il s’était dit déja dans
Ce qu’il venait de se dire, ce qu’il s’était dit déjà dans
la chambre des enfants, chez le gouverneur, voici que
la chambre des enfants, chez le gouverneur, voici que
Katucha le lui répétait !
Katucha le lui répétait !

Mais déjà il avait cessé de se dire cela. De tout cela
Mais déjà il avait cessé de se dire cela. De tout cela
nulle trace déjà ne restait plus en lui 2 il avait de nouveau
nulle trace déjà ne restait plus en lui : il avait de nouveau
d’autres sentiments et d’autres pensées. Il avait honte,
d’autres sentiments et d’autres pensées. Il avait honte,
il avait peur, l’angoisse l’étreignait.
il avait peur, l’angoisse l’étreignait.

- Et ainsi tout est désormais fini entre nous ? —
Et ainsi tout est désormais fini entre nous ? —
demanda-t-il.
demanda-t-il.

— Mais oui, c’est à croire que oui ! — répondit-elle
— Mais oui, c’est à croire que oui ! — répondit-elle
avec un étrange sourire.
avec un étrange sourire.

— Je serais pourtant bien heureux de pouvoir te rendre
— Je serais pourtant bien heureux de pouvoir te rendre
service…
service…

— Nous n’avons besoin de rien ! (Elle regarda Nekhlu-
— Nous n’avons besoin de rien ! (Elle regarda Nekhludov
dov dans les yeux, en prononçant ce nous.) J e vous dois
dans les yeux, en prononçant ce nous.) Je vous dois
déja assez comme ça ! Sans vous…
déjà assez comme ça ! Sans vous…

Et elle voulut ajouter quelque chose ; mais soudain sa
Et elle voulut ajouter quelque chose ; mais soudain sa
voix faiblit. Elle baissa la tête et ne dit plus rien.
voix faiblit. Elle baissa la tête et ne dit plus rien.

— Je ne sais pas qui de nous deux doit le plus a
— Je ne sais pas qui de nous deux doit le plus à