« Ainsi parlait Zarathoustra/Troisième partie/Des trois maux » : différence entre les versions

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Avec quelle certitude mon rêve a regardé ce monde fini ! Ce n'était de sa part ni curiosité, ni indiscrétion, ni crainte, ni prière : - comme si une grosse pomme s'offrait à ma main, une pomme d'or, mûre, à pelure fraîche et veloutée - ainsi s'offrit à moi le monde : - comme si un arbre me faisait signe, un arbre à larges branches, ferme dans sa volonté, courbé et tordu en appui et en reposoir pour le voyageur fatigué : ainsi le monde était placé sur mon promontoire : - comme si des mains gracieuses portaient un coffret à ma rencontre, - un coffret ouvert pour le ravissement des yeux pudiques et vénérateurs : ainsi le monde se porte à ma rencontre : - pas assez énigme pour chasser l'amour des hommes, pas assez intelligible pour endormir la sagesse des hommes : - une chose humainement bonne, tel me fut aujourd'hui le monde que l'on calomnie tant !
 
Combien je suis reconnaissant à mon rêve du matin d'avoir ainsi pesé le monde à la première heure ! Il est venu à moi comme une chose humainement bonne, ce rêve et ce consolateur de coeurcœur !
 
Et, afin que je fasse comme lui, maintenant que c'est le jour, et pour que ce qu'il y a de meilleur me serve d'exemple : je veux mettre maintenant dans la balance les trois plus grands maux et peser humainement bien. -
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Volupté - c'est pour la canaille le feu lent où l'on brûle la canaille ; pour tout le bois vermoulu et les torchons nauséabonds le grand fourneau ardent.
 
Volupté - c'est pour les coeurscœurs libres quelque chose d'innocent et de libre, le bonheur du jardin de la terre, la débordante reconnaissance de l'avenir pour le présent.
 
Volupté - ce n'est un poison doucereux que pour les flétris, mais pour ceux qui ont la volonté du lion, c'est le plus grand cordial, le vin des vins, que l'on ménage religieusement.
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Volupté - cependant je veux mettre des clôtures autour de mes pensées et aussi autour de mes paroles : pour que les cochons et les exaltées n'envahissent pas mes jardins ! -
 
Désir de dominer - c'est le fouet cuisant pour les plus durs de tous les coeurscœurs endurcis, l'épouvantable martyre qui réserve même au plus cruel la sombre flamme des bûchers vivants.
 
Désir de dominer - c'est le frein méchant mis aux peuples les plus vains, c'est lui qui raille toutes les vertus incertaines, à cheval sur toutes les fiertés.
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Que quelqu'un soit servile devant les dieux et les coups de pieds divins ou devant des hommes et de stupides opinions d'hommes : à ''toute'' servilité il crache au visage, ce bienheureux égoïsme !
 
Mauvais : - c'est ainsi qu'elle appelle tout ce qui est abaissé, cassé, chiche et servile, les yeux clignotants et soumis, les coeurscœurs contrits, et ces créatures fausses et fléchissantes qui embrassent avec de larges lèvres peureuses.
 
Et sagesse fausse : - c'est ainsi qu'elle appelle tous les bons mots des valets, des vieillards et des épuisés ; et surtout l'absurde folie pédante des prêtres !