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APPRÉCIATION DES RÉSULTATS

Le journal Le Temps apprécia, avec modération, les conséquences de ces élections, qui ont donné, selon lui, au Comité Central « un caractère de légalité relative ».

Il est clair aujourd’hui, dit-il, dans son numéro daté du jeudi 30 mars, qu’il fallait ou s’en tenir à l’abstention la plus complète et la plus rigoureuse, ou procurer à un scrutin le plus grand nombre de participants possible. L’un et l’autre résultats eussent mieux valu que ce qui arriva, ni l’un ni l’autre n’a pu être obtenu.

Le premier laissait aux auteurs de l’insurrection toute la responsabilité des conséquences de leurs actes, et leur faisait voir à eux-mêmes qu’ils étaient en minorité. Le second pouvait modifier considérablement les résultats du scrutin, et dans tous les cas, il amenait la plus grande somme de chances à cette transaction pacifique entre Paris et le pouvoir central de la nation, que le comité insurrectionnel a déclaré lui-même être dans ses vues. Sous le régime du suffrage universel, il ne faut jamais reculer devant le vote, quelles que soient les circonstances où il se présente.

Cependant l’abstention, mais l’abstention complète, avait, nous le répétons, aussi ses avantages et surtout sa dignité. Mais de la manière dont les circonstances se sont enchainées il faut reconnaître qu’elle n’était pas possible. Pour l’assurer, tout d’abord, il eût fallu que l’amiral Saisset n’ébranlât pas l’opinion par ses manifestes contradictoires, et surtout que les maires se démissent tous, comme M. Vacherot, au lieu d’intervenir par des démarches, de l’intention la plus louable, maïs d’une constante maladresse, au lieu de capituler finalement. Leur intervention, leur capitulation, et la mauvaise victoire de l’Assemblée contre Paris, devaient forcément produire ce demi-concours et cette demi-abstention, d’où est sorti le nouveau conseil municipal.

Cette solution a pu ajourner, conjurer même un péril momentané, et c’est là quelque chose, mais elle laissa toutes les difficultés intactes, elles les compliqua même, car les élections ont donnés au Comité Central un caractère de légalité relative.

Les populations partout, et à Paris plus qu’ailleurs peut-