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Il ne faudrait pas généraliser ni renforcer ces aspirations sociales, encore faibles, contenues dans quelques poitrines. Ce serait une sorte d’anachronisme que de placer au 26 mars une manifestation socialiste triomphante. On ne doit pas, comme Karl Marx et ses disciples, interpréter le Dix-Huit mars comme un brusque avènement du prolétariat. Les sociétés, comme la nature, en dépit des cataclysmes, procèdent par des évolutions. La défaite de la Commune fut sans doute celle du prolétariat, mais son triomphe provisoire, au 26 mars, ne pouvait être qu’une indication en faveur de ce prolétariat, devant désormais participer plus directement aux affaires. La Commune ne put, à raison de la brièveté de sa durée, et au milieu des combats qu’elle dut soutenir sans relâche, qu’apporter l’espoir aux réformateurs sociaux.

Cet espoir suffisait, avec la certitude de la guerre civile évitée, croyait-on, pour donner aux physionomies un aspect joyeux, le jour du vote. On oubliait les souffrances passées et les déceptions subies ; on recommençait une existence. Les vieux, ceux qui avaient connu les luttes, avec les représailles d’autrefois, juin et décembre, n’y pensaient plus. Ils considéraient les défaites anciennes et les longues nuits de l’empire autoritaire comme un mauvais cauchemar disparu. Ils se gaudissaient dans la sécurité optimiste du réveil. Les jeunes jouissaient du présent avec une inconscience béate, comme d’un bien tout naturel, qui leur était dû, qui devait durer, qui était sûr autant que le lever du jour, et leurs narines frémissantes humaient l’avenir avec délices.

Sauf quelques têtus adversaires de la démocratie, tout le monde accordait crédit au nouveau régime dont les bulletins de vole allaient former les fondations. Même les adversaires passionnés du Comité Central, les militants de la