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rente « Barre-de-Fer ». Il justifiait ce surnom par la rigidité de son caractère et la fermeté de ses convictions. Sa parole était claire et précise. Il évitait toute exagération. Il avait en horreur la rhétorique. Il fuyait, dans ses articles, dans ses discours, l’éloquence et l’amplification ; bien qu’il eût fait d’excellentes études juridiques et qu’il se fût même préparé au barreau, rien en lui ne rappelait l’avocasserie, si commune dans son entourage. Il avait le tempérament septentrional. Il était né dans le paisible pays chartrain, mais ses origines le rattachaient à nos provinces du nord. Dans les comparaisons avec les hommes de la Révolution, qui se présentaient volontiers à l’esprit de la génération de 1869, Gambetta paraissait rappeler Danton, Delescluze évoquait plutôt le souvenir de Robespierre, sans avoir la fâcheuse sentimentalité déiste de l’Incorruptible.

Il fut un journaliste plutôt secondaire. Ses articles, judicieux et vigoureux, dégageaient une sécheresse peu communicative. Son journal le Réveil ne passionnait guère les foules, amantes du tapage, se plaisant aux jeux de mots, admirant les vocables injurieux et se pâmant à la lecture des adjectifs insolents. La Lanterne et la Marseillaise. d’allures plus vives, de ton plus vulgaire, toutes pimentées de violences, de personnalités et de grosses ou brutales plaisanteries, amusaient et surexcitaient le public, qui trouvait le Réveil ennuyeux et Delescluze austère. Son opposition, sous l’empire, avait paru aussi trop grave de ton, et sa critique semblait trop sérieuse pour être goûtée du gros des lecteurs attirés et entrainés par les lazzis de Rochefort. Une de ses recommandations habituelles à ses collaborateurs pour leurs articles était : « Gardez-vous de l’épithète ! » La rigidité de ses mœurs se retrouvait dans sa polémique, et l’austérité de sa vie se reflétait dans son style. Célibataire, il vivait auprès de sa sœur, qui avait pour