« Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/195 » : différence entre les versions

72ALI (discussion | contributions)
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{numérotation|RÉSURRECTION||191}}
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<br/>
<br/>


Nekhludov examina, l’un après l’autre, les visages des prisonnières appuyées contre la grille : la Maslova n’était point dans le nombre. Mais, cachée derrière la rangée du premier plan, une femme se tenait debout, et Nekhludov devina que c’était elle. Aussitôt il sentit son
Nekhludov examina, l’un après l’autre, les visages
souffle s’arrêter et redoubler les battements de son cœur. La minute décisive approchait.
des prisonnières appuyées contre la grille : la Maslova
n’était point dans le nombre. Mais, cachée derrière la
rangée du premier plan, une femme se tenait debout, et
Nekhludov devina que c’était elle. Aussitôt il sentit son
souffle s’arrêter et redoubler les battements de son
cœur. La minute décisive approchait.


Il s’avança jusqu’au grillage, parvint péniblement à
Il s’avança jusqu’au grillage, parvint péniblement à se frayer une place, et fixa son regard sur la Maslova.
se frayer une place, et fixa son regard sur la Maslova.


Elle s’était placée derrière la paysanne aux yeux bleus
Elle s’était placée derrière la paysanne aux yeux bleus et paraissait écouter, en souriant, son entretien avec son mari. Au lieu du sarrau gris qu’elle portait l’avant veille, elle était toute vêtue de blanc. Sous son fichu apparaissaient les boucles charmantes de ses cheveux noirs.
et paraissait écouter, en souriant, son entretien avec
son mari. Au lieu du sarrau gris qu’elle portait l’avant veille,
elle était toute vêtue de blanc. Sous son fichu
apparaissaient les boucles charmantes de ses cheveux
noirs.


— Allons ! il faut prendre parti ! — songea Nekhludov.
— Allons ! il faut prendre parti ! — songea Nekhludov. — Mais comment l’appeler ? Si elle pouvait me voir et venir d’elle-même !
— Mais comment l’appeler ? Si elle pouvait me
voir et venir d’elle-même !


Elle, cependant, n’en eut point l’idée. Elle s’attendait
Elle, cependant, n’en eut point l’idée. Elle s’attendait toujours à voir arriver Berthe ou Claire, et ne soupçonnait pas que cet élégant visiteur pût être là pour elle.
toujours à voir arriver Berthe ou Claire, et ne soupçonnait
pas que cet élégant visiteur pût être là pour elle.


— Qui désirez-vous voir ? — demanda à Nekhludov
— Qui désirez-vous voir ? — demanda à Nekhludov la surveillante, s’arrêtant devant lui.
la surveillante, s’arrêtant devant lui.


— Catherine Maslov ! — répondit Nekhludov, parlant
— Catherine Maslov ! — répondit Nekhludov, parlant à grand’peine.
à grand’peine.


— Hé ! la Maslova ! — cria la surveillante, — du monde
— Hé ! la Maslova ! — cria la surveillante, — du monde pour toi !
pour toi !


<br/>
<br/>
Ligne 42 : Ligne 24 :
<br/>
<br/>


La Maslova se retourna brusquement, et, levant la tête, la poitrine droite, avec cette expression d’empressement que lui avait autrefois connue Nekhludov, elle s’approcha de la grille, après s’être glissée entre deux prisonnières. Et elle se mit à regarder Nekhludov avec
La Maslova se retourna brusquement, et, levant la
un mélange de surprise et d’interrogation. Elle ne le reconnaissait toujours pas. Mais elle eut vite fait de
tête, la poitrine droite, avec cette expression d’empressement
que lui avait autrefois connue Nekhludov, elle
s’approcha de la grille, après s’être glissée entre deux
prisonnières. Et elle se mit à regarder Nekhludov avec
un mélange de surprise et d’interrogation. Elle ne le
reconnaissait toujours pas. Mais elle eut vite fait de