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d’affreux hurlemens, s’armèrent, les uns de tisons ardens, les autres de fers rougis au feu, et fondirent sur lui tous ensemble. Ils les reçut avec une vigueur qui les fit reculer ; le feu lui servit de retranchement d’un côté ; il s’en fit un autre avec les échelles dont on s’était servi pour monter sur l’échafaud, et, cantonné dans son propre bûcher, il fut quelque temps la terreur d’une bourgade entière. Un faux pas qu’il fit en voulant éviter un tison qui lui fut lancé, le fit tomber au pouvoir de ses ennemis, et ces furieux lui firent payer bien cher la frayeur qu’il venait de leur causer. Après avoir épuisé leurs propres forces à le tourmenter, ils le jetèrent au milieu d’un grand brasier, et l’y laissèrent, dans l’opinion qu’il y serait bientôt étouffé. Ils furent trompés : lorsqu’ils y pensaient le moins, ils le virent descendre de l’échafaud armé de tisons, et courir vers le village comme s’il y eût voulu mettre le feu. Tout le monde en fut glacé d’effroi, et personne n’eut la hardiesse de se présenter à lui pour l’arrêter ; mais, à quelques pas des premières cabanes, un bâton qu’on lui jeta de loin entre les jambes le fit tomber, et l’on alla sur lui avant qu’il eût pu se relever. On lui coupa d’abord les pieds et les mains ; on le roula sur des charbons embrasés ; enfin on le mit sur un tronc d’arbre tout en feu. Alors toute la bourgade fit un cercle autour de lui pour goûter le plaisir de le voir brûler. Son sang, qui coulait de toute part, éteignait presque le feu ;