« Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/338 » : différence entre les versions

 
(Aucune différence)

Dernière version du 27 novembre 2021 à 07:26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un pays suspect, on néglige toutes sortes de précautions : chacun chasse de son côté, et souvent on ne trouverait pas deux ou trois guerriers ensemble ; mais à quelque distance qu’on ait pu s’écarter, tout le monde se rassemble à l’heure et dans le lieu marqué par le chef. On campe long-temps avant le coucher du soleil. L’usage commun est de laisser devant le camp un grand espace ; environné d’une palissade, ou plutôt d’une espèce de treillage, pour y déposer les Manitous. On les y invoque le soir, pendant une heure entière ; et cet acte de religion se renouvelle tous les matins avant le départ. Il dissipe toutes les craintes ; et l’armée dort ou marche tranquillement sous la protection des esprits. L’expérience n’ayant jamais détrompé ces barbares, on ne peut attribuer une si forte confiance qu’à l’excès de leur ignorance ou de leur paresse.

Lorsqu’ils arrivent à l’entrée des terres ennemies, ils s’arrêtent pour une cérémonie fort étrange. Le soir on fait un festin, après lequel on s’endort. Au réveil, ceux qui se souviennent d’avoir eu quelque songe vont de feu en feu, chantant leur chanson de mort, dans laquelle ils font entrer leurs songes, mais sous des expressions énigmatiques. Chacun s’efforce de les deviner ; et si personne n’y réussit, il est permis à ceux qui les ont eus de s’en retourner à leur bourgade. Cet usage est d’une grande ressource pour les poltrons. On fait ensuite de nouvelles invocations aux esprits ; on s’anime