« Après la pluie, le beau temps/14 » : différence entre les versions
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« Laissez-moi passer, Rame », dit Mlle Primerose.
{{sc|Rame}}. —
Non, vous pas passer.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Qu’est-ce qui vous prend donc ?
{{sc|Rame}}. —
Vous oublier petite maîtresse.
— Imbécile ! » s’écria Mlle Primerose en lui donnant un léger coup de poing dans l’estomac pour le faire reculer.
{{sc|Rame}}. —
Rame pas bouger. Rame pas content. »
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Geneviève s’approcha de Mlle Primerose qui était rouge de colère ; elle lançait à Rame des regards furieux et ne songeait plus à embrasser Geneviève.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Je vais vous faire gronder, monsieur Rame ; je dirai à mon cousin que vous êtes un grossier.
{{sc|Rame}}. —
Et Rame plus raconter d’histoires à mam’selle Primerose ; pas dire quoi dit moussu Dormère, pas raconter quoi fait moussu Georges, moussu Jacques. Mam’selle Primerose plus rien savoir. Voilà. »
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Elle tendit la main à Rame ; il se mit à rire.
{{sc|Rame}}. —
Moi savoir quoi vous aimer et moi pas peur. Mais moi pas serrer main qui donne coup dans l’estomac à Rame.
Mlle Primerose rit aussi et s’en retourna avec Geneviève.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Vois-tu, Geneviève, comme ma chambre est jolie ? Tu viendras prendre des leçons chez moi ; je t’apprendrai l’histoire, la géographie, le dessin, la musique, tout ce que tu ne sais pas.
{{sc|Geneviève}}. —
Oh ! que je serai contente, ma bonne cousine ! J’ai tant envie d’apprendre et je ne sais rien. »
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Mlle Primerose passa la première soirée à parler à M. Dormère de son désir de donner quelque instruction à Geneviève, mais il lui fallait, disait-elle, la permission de son cousin, qui la lui donna avec empressement.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Vous voulez donc bien, mon cousin, que je lui apprenne l’histoire, dont elle ne sait pas le premier mot ?
{{sc|M. Dormère}}. —
Sans doute, ma cousine ; cela va sans dire.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Vous comprenez, mon cousin, que l’histoire est une étude nécessaire pour une petite fille. Personne n’en a soufflé mot à cette enfant. Si je n’étais pas là pour la lui apprendre, elle serait ignorante comme une cruche. Il faudra aussi que je lui apprenne le calcul ; elle ne sait seulement pas que deux et deux font quatre, la pauvre enfant. Vous permettez, mon cousin, n’est-ce pas ?
{{sc|M.
Oui, oui, trois fois oui, ma cousine ; tout ce que vous voudrez : le chinois si vous voulez.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Oh ! le chinois ! Je n’en sais pas un mot ; comment voulez-vous que je lui apprenne le chinois ? Quelles idées vous avez en éducation ! À quoi lui servirait le chinois ? C’est absurde, le chinois. C’est fort heureux que vous ne vous soyez pas mêlé de l’éducation de Geneviève. Cette invention de lui apprendre le chinois !
{{sc|M.
Mais, ma chère cousine, c’est une plaisanterie que j’ai faite afin de icus faire voir que j’avais toute confiance en vous pour lui apprendre tout ce que vous voudrez.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Il ne faut jamais plaisanter sur l’éducation. C’est une chose très sérieuse que l’enseignement. — À propos, je dois vous prévenir que si je ne reste ici que quinze jours, je n’aurai le temps de lui rien apprendre. Dans l’intérêt de Geneviève, il faut que je vous demande de me garder plus longtemps.
{{sc|M. Dormère}}. —
C’est une bonne pensée dont je vous remercie, ma cousine.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Combien de temps puis-je passer chez vous ?
{{sc|M. Dormère}}. —
Tant que vous voudrez ; six mois, un an, dix ans si vous voulez.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Quelle exagération ! Dix ans ! Comme si je pouvais répondre de rester dix ans chez vous !
{{sc|M. Dormère}}. —
Enfin, ce sera le temps que vous jugerez nécessaire, ma cousine ; c’est vous qui déciderez la question. »
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« Petite maîtresse, petite maîtresse à Rame ! »
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Chut ! taisez-vous, Rame, il ne faut pas le dire avant que ce soit fini. Je veux faire une surprise à M. Dormère qui ne sait pas que nous dessinons.
{{sc|Rame}}. —
Moussu Dormère pas savoir ; Rame savoir. Rame bien content. Moi dire à mam’selle Pélagie.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Non, non, à personne ; M. Dormère le saurait.
{{sc|Rame}}. —
Quoi ça fait moussu Dormère saurait ? Moi dire à moussu : moussu pas parler ; pas dire à personne : mam’selle Primerose pas vouloir ? Quoi ça fait ?
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Cela fait qu’il le saurait, et je ne veux pas qu’il le sache.
{{sc|Rame}}. —
Moi comprends pas.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
C’est égal ; je ne veux pas que vous le disiez.
{{sc|Rame}}. —
Moi pas comprendre.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Ne comprenez pas, mon cher, mais taisez-vous. Faites comme si vous ne le saviez pas.
{{sc|Rame}}. —
Moi savoir pourtant. Moi peux pas pas savoir, puisque moi savoir.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Dieu ! qu’il est impatientant ! Geneviève, fais-lui comprendre qu’il se taise.
{{sc|Geneviève}}. —
Mon bon Rame, toi tu sais que ma cousine fait mon portrait, parce que tu es mon ami ; mais les autres ne sont pas mes amis, et nous ne leur dirons pas. Tu sais bien que les amis ne disent pas tout aux autres, parce qu’ils ont des secrets ; eh bien ! c’est un secret, et toi seul tu le sais parce que tu es mon ami. Comprends-tu ?
{{sc|Rame}}. —
Oui, moi comprendre petite maîtresse. Moi dire rien à personne.
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
C’est très bien ; quand j’aurai fini Geneviève, je ferai votre portrait à vous.
{{sc|Rame}}. —
À moi ? à Rame ?
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Oui, à vous-même.
{{sc|Rame}}. —
Comment mam’selle faire noir ?
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Avec de la couleur ; je peindrai votre portrait.
{{sc|Rame}}. —
Pourquoi mam’selle pas faire rose et blanc petite maîtresse ?
{{sc|Mademoiselle Primerose}}. —
Parce que c’est long à faire ; et à cause de ses leçons, Geneviève n’a pas le temps. »
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