« Diloy le chemineau » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 2 667 :
Tout fut préparé pour la pêche du lendemain ; l’étang se trouvait à quelques centaines de pas du château. Les enfants furent très joyeux de cette bonne pensée de leur oncle et de l’arrivée de leurs cousines Gertrude et Juliette qu’on leur annonça pour le lendemain.
 
{{TextQuality|100%}}===XVI - Arrivée de Gertrude===
 
Félicie n’était pas très contente de l’arrivée de Gertrude, dont la simplicité, la bonté, la douceur contrastaient avec sa hauteur et ses habitudes impérieuses. Laurent et Anne étaient très heureux de revoir leurs cousines, Juliette surtout, qui n’avait que huit ans et qui serait leur compagne de jeux.
Ligne 2 673 :
Longtemps avant l’heure de l’arrivée, les enfants étaient dans l’agitation de l’attente. Laurent demanda à sa bonne s’il y avait des joujoux dans la chambre de Juliette.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Non, mon cher petit ; il n’y a rien du tout : vous lui prêterez les vôtres quand elle viendra jouer avec vous.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Mais dans sa chambre elle s’ennuiera.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Vous verrez cela avec elle, quand elle sera arrivée.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Je voudrais bien lui en donner un peu d’avance. Voyons, Anne, qu’est-ce que nous porterons chez Juliette ?
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Demandons à maman la belle poupée de cire et le beau trousseau que m’a donnés mon oncle quand il est arrivé.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
C’est ça ! Et moi, je vais lui donner… Quoi donc ? Mon grand cheval ?…
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Ce n’est pas un joujou de fille.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
C’est vrai !… Et mon théâtre avec des personnages ?
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Ce serait très bien ; elle jouera des comédies.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Et toi, Félicie, qu’est-ce que tu leur donneras ?
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Je ne leur donnerai rien du tout. Gertrude est trop grande et Juliette est trop petite.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Si tu mettais chez Gertrude des livres ? Par exemple les huit volumes de ''La Semaine des enfants'' ?
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Non ; c’est trop beau ; elle les abîmerait.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Oh ! pauvre Gertrude ! elle n’aura donc rien ?
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Elle n’a besoin de rien ; elle apportera avec elle ce qu’il lui faut.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Tu es avare. Ce n’est pas gentil ça.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Je ne suis pas avare, mais je ne veux pas qu’on me salisse mes beaux livres.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Je te dis qu’elle les soignera très bien.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Et moi je te dis que je ne veux pas les donner ; donne tes affaires si tu veux : moi je garde les miennes.
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Alors, puisque tu es si méchante, je vais lui donner {{sc|Jean Bourreau}} et {{sc|les Défauts horribles}}.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Ce sera joliment bête ! Gertrude qui a quatorze ans et qui fait la grande dame !
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Non ; elle ne fait pas la grande dame ; elle est très bonne, bien meilleure que toi.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Tu cherches toujours à me dire des choses désagréables.
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Et toi donc ? Tu en dis à tout le monde.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Ce n’est pas vrai.
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Si, c’est vrai. Le pauvre chemineau, tu as été très méchante pour lui.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Je te prie de ne plus me parler de ce chemineau ;***, cela m’ennuie.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Tiens ! hier tu lui as donné la main.
 
FÉLICIE{{sc|Félicie}}, ''embarrassée''<BR>. —
Ce n’était pas pour lui, c’était pour faire plaisir à mon oncle.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Pas du tout, pas du tout ; c’est parce que tu as été bonne une minute, et parce que tu t’es rappelé qu’il t’a sauvée de l’ours. Et à présent voilà que tu l’oublies de nouveau et que tu redeviens méchante.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Dieu ! que ces enfants sont insupportables !
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Voyons, mes enfants. Laissez votre sœur tranquille ; elle a eu un bon mouvement, j’espère qu’elle en aura d’autres encore, mais il ne faut pas la taquiner là-dessus. Et puis, il ne faut pas l’obliger à donner ses livres à Gertrude parce que vous donnez vos joujoux à Juliette. Quand vos cousines seront ici, je suis bien sûre que Félicie ne refusera pas de prêter ses livres à Gertrude, mais il ne faut pas l’y obliger d’avance.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Certainement que je veux bien les prêter, mais plus tard.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Alors c’est très bien ; et que chacun reste maître de ses affaires. »
 
Ligne 2 779 :
Mme d’Orvillet et le général les aidèrent à descendre de voiture ; Gertrude et Juliette furent embrassées dix et vingt fois.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Comme tu es grandie, Juliette !
 
{{sc|Juliette}}. —
JULIETTE<BR>
Et toi donc ! je ne t’aurais pas reconnu. Anne est aussi très grandie.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Gertrude a la tête de plus que moi.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Tu me rattraperas bientôt. D’ailleurs j’ai presque trois ans de plus que toi.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Oui, tu n’es plus une petite fille : tu es une demoiselle.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Une demoiselle qui est aussi petite fille que toi et que Laurent pour le jeu et les courses dans les champs.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Ah ! tu joues encore ?
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Comment, si je joue ? Demande à Juliette : c’est moi qui suis à la tête de tous les jeux et des dînettes du voisinage.
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Et Félicie qui ne veut plus jouer avec nous, parce que nous sommes trop petits et trop bêtes pour elle. »
 
Ligne 2 810 :
« Tu verras que Félicie apprendra à jouer et à courir tout comme nous. Je lui montrerai différents jeux très amusants.
 
LE{{sc|Le GÉNÉRALgénéral}}, ''embrassant Gertrude''<BR>. —
Je vois que tu es toujours la bonne, l’excellente Gertrude d’il y a trois ans, lorsque je t’ai quittée.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
On m’a fait cette réputation, que je ne mérite guère, mon oncle ; on est trop bon pour moi ; mais je fais tous mes efforts pour arriver un jour à la mériter. »
 
Ligne 2 822 :
« Et toi, pauvre Gertrude, dit Anne, tu n’as rien. Je t’ai seulement donné {{sc|Jean Bourreau}} et {{sc|les Défauts horribles}} ; c’est très amusant, mais je n’ai plus rien.
 
GERTRUDE{{sc|Gertrude}}, ''l’embrassant''<BR>. —
Merci, ma bonne petite Anne ; tu es bien gentille. Cela m’amusera beaucoup.
 
– Veux-tu que je te l’explique tout de suite ? dit Anne, enchantée de la reconnaissance de Gertrude.
 
GERTRUDE{{sc|Gertrude}}, ''souriant''<BR>. —
Merci, chère petite ; pas à présent, parce que je vais me lisser les cheveux, me laver les mains, et qu’ensuite on va déjeuner. Mais plus tard ; tu m’aideras à comprendre les images.
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Oui, oui, je t’aiderai beaucoup, parce que je les connais très bien. »
 
Laurent et Anne emmenèrent Juliette dans leur chambre pour voir Valérie et les joujoux. Gertrude et Félicie restèrent seules. Félicie était un peu gênée au commencement.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Es-tu fatiguée, Gertrude ?
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Fatiguée ? pas du tout ; nous sommes parties à huit heures et nous sommes arrivées à onze. Le voyage n’est pas long.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Et à quelle heure t’es-tu levée ?
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
À six heures, comme d’habitude. J’ai été à la messe de sept heures, comme toujours ; j’ai déjeuné et nous sommes parties.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Avec qui vas-tu à la messe ?
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Avec ma tante de Saintluc quand maman ne peut m’y mener. Pauvre maman ! la voilà bien loin de moi. Pourvu que je ne lui manque pas trop ! Elle est si bonne ; elle m’aime tant ! »
 
Ligne 2 859 :
« Tu pleures pour un mois de séparation ? lui dit-elle.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Je n’ai jamais quitté maman, et je l’aime tant ! »
 
Félicie ne disait rien. Gertrude essuya ses yeux et chercha à reprendre sa gaieté.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Tu as raison ; c’est bête ! Tu vois comme je suis enfant ; entre nous deux, c’est toi qui es la plus raisonnable. »
 
Félicie, flattée, l’embrassa. La cloche du déjeuner sonna.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Tu n’as plus qu’un quart d’heure pour t’arranger.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Vite, vite, de l’eau, du savon. »
 
Ligne 2 881 :
« Ma petite Gertrude, tu as pleuré ? Est-ce que Félicie… ?
 
GERTRUDE{{sc|Gertrude}}, ''vivement''<BR>. —
Non, non, mon oncle, c’est que j’ai pensé à pauvre maman, et alors…
 
{{sc|Le général}}. —
LE GÉNÉRAL<BR>
Et alors ton cœur s’est fondu, et tu vas recommencer si je continue bêtement à t’interroger. »
 
Ligne 2 891 :
« Sais-tu que tu pourras faire beaucoup de bien à notre pauvre Félicie ?
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Comment cela, mon oncle ?
 
{{sc|Le général}}. —
LE GÉNÉRAL<BR>
Par ton exemple et tes conseils. Je te parlerai de cela plus tard, quand nous serons seuls.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Est-ce qu’elle a toujours un peu… de fierté ?
 
{{sc|Le général}}. —
LE GÉNÉRAL<BR>
Plus que jamais, mon enfant.
 
{{sc|Gertrude}}. —
GERTRUDE<BR>
Ce ne sera rien, mon oncle ; cela passera, vous verrez…
 
{{sc|Le général}}. —
LE GÉNÉRAL<BR>
Cela passera, peut-être, toi aidant. »
 
Ligne 2 913 :
« Tant mieux, dit le général en offrant le bras à Mme de Saintluc ; je meurs de faim.
 
{{sc|Madame de Saintluc}}. —
MADAME DE SAINTLUC<BR>
C’est nous qui vous faisons déjeuner trop tard.
 
{{sc|Le général}}. —
LE GÉNÉRAL<BR>
Pas du tout ; onze heures et demie est l’heure accoutumée, et c’est pour cela que j’ai si faim.
 
MADAME{{sc|Madame DEde SAINTLUCSaintluc}}, ''souriant''<BR>. —
Ah oui ! l’exactitude militaire. »
 
 
===XVII - Gertrude est charmante===
84 322

modifications