« Diloy le chemineau » : différence entre les versions

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Mais, pendant la promenade du retour, Laurent et Anne en parlèrent beaucoup.
 
{{TextQuality|100%}}===V - Le Chemineau et l’ours===
 
« Maman, ne trouvez-vous pas, dit Laurent, que ce pauvre chemineau est très bon, très honnête ? Moi je l’aime beaucoup.
 
MADAME{{sc|Madame D’ORVILLETd’Orvillet}}, ''souriant''<BR>. —
Ce qu’il a fait en venant faire des excuses est certainement d’un brave homme, mais c’est un peu bête.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Pourquoi cela, maman ?
 
{{sc|Madame d’Orvillet}}. —
MADAME D’ORVILLET<BR>
Parce qu’il devait penser que c’était honteux pour la petite Castelsot d’avoir été frappée par un chemineau, et surtout d’avoir, par ses grossièretés, mis cet homme en colère à ce point.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Mais je trouve, maman, que puisqu’il a eu tort, il a bien fait de demander pardon.
 
{{sc|Madame d’Orvillet}}. —
 
MADAME D’ORVILLET<BR>
Il aurait très bien fait s’il avait pu réparer le mal qu’il avait fait ; mais à quoi pouvaient servir ses excuses ? À rien, qu’à humilier les parents et la petite fille en faisant connaître cette ridicule histoire. C’est si vrai que, sans lui, nous n’en aurions jamais entendu parler, non plus que M. et Mme Castelsot. Et toi, Félicie, qui ne dis rien, que penses-tu de ce pauvre homme ?
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Moi, je trouve que c’est un abominable homme qu’on devrait enfermer.
 
{{sc|Madame d’Orvillet}}. —
MADAME D’ORVILLET<BR>
Ah ! mon Dieu ! comme tu es sévère ! Comme tu prends vivement parti pour les Castelsot.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
C’est parce que je les aime et que je comprends combien c’est désagréable pour Cunégonde.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Ta Cunégonde aurait joliment mérité que l’histoire lui fût réellement arrivée. J’aurais été très content de voir son orgueil puni. »
 
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« Je demande bien pardon à madame de ce qui s’est passé au château de M. le baron ; je croyais bien faire et j’ai fait une sottise, paraîtrait-il. Au fait, j’aurais dû comprendre que c’était l’idée d’un homme pris de vin, et que tout ça n’était qu’un rêve.
 
{{sc|Madame d’Orvillet}}. —
MADAME D’ORVILLET<BR>
Je ne vous en veux pas, mon ami ; vous ne m’avez manqué en rien. Merci de votre bonne intention et bonsoir.
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Pardon, excuse, madame, si je vous demande la permission de vous accompagner jusque chez vous. Vous êtes seule avec des enfants, ce n’est peut-être pas prudent.
 
{{sc|Madame d’Orvillet}}. —
MADAME D’ORVILLET<BR>
Merci, mon ami ; nous avons l’habitude de nous promener dans ces bois, et nous n’y courons aucun danger.
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Madame ne sait donc pas que depuis hier soir il y a un ours échappé d’une ménagerie, qui court les bois ; on l’a vu par ici ce matin, et je m’étais mis en observation pour le ravoir ; il y a cinquante francs de récompense pour celui qui en débarrassera le pays, et cent francs pour le ramener vivant.
 
MADAME{{sc|Madame D’ORVILLETd’Orvillet}}, ''effrayée''<BR>. —
Je n’en savais rien ; je vous remercie de m’en avertir, et j’accepte volontiers votre compagnie. Mais vous n’avez aucune arme pour vous défendre.
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Pardon, madame, j’ai mon gourdin et tout ce qu’il me faut dans ma poche. »
 
Les enfants, effrayés, se serrèrent contre leur mère.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Courons vite, maman, nous sommes encore loin.
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Restez tout près de votre maman, monsieur et mesdemoiselles. Je marcherai derrière vous. Comme ça, il n’y aura pas de danger. »
 
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Mme d’Orvillet et les enfants, terrifiés, regardaient avec anxiété le combat de l’ours contre le chemineau, qui recevait de temps à autre un coup des griffes terribles de l’animal. Enfin, les mouvements convulsifs cessèrent ; il resta étendu, râlant, presque étranglé, la gueule en sang. Le combat était fini, le chemineau restait vainqueur ; il lâcha un peu le nœud coulant, tira de sa poche une chaîne, la roula autour du cou de l’animal, fixa à un des chaînons le crochet qui était à un des bouts de la chaîne, et fixa l’autre bout à l’anneau de son gourdin, préparé exprès pour la circonstance, retira de dedans sa ceinture une petite barre de fer pointue, et, lâchant tout à fait le nœud coulant, laissa l’ours respirer librement, mais sans lui enlever le pieu qui maintenait la gueule ouverte.
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Bon ! te voilà pris, mon garçon, et prêt à rentrer en cage. Je t’ai soigné, je t’ai donné de l’air ; il n’y a que le bâillon qui te gêne, mais tu le garderas jusqu’à ce que je t’aie ramené à la ville. À mon tour, maintenant… Gredin d’ours, m’a-t-il arrangé les jambes ; de la hanche au talon il a laissé ses marques partout. Heureusement qu’il a les griffes coupées. S’il les avait eues, il m’aurait enlevé la peau du haut en bas.
 
{{sc|Madame d’Orvillet}}. —
MADAME D’ORVILLET<BR>
Mon pauvre homme, vous perdez tout votre sang ; laissez-moi vous bander cette blessure à la jambe ; le sang coule en abondance.
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Que madame s’abaisse jusqu’à me bander la jambe ! je ne souffrirai pas cela.
 
{{sc|Madame d’Orvillet}}. —
MADAME D’ORVILLET<BR>
C’est bien le moins, mon ami, que je vous témoigne ma reconnaissance pour nous avoir sauvés, mes enfants et moi. Laissez-moi faire. Je vous assure que vous avez besoin d’être soigné. »
 
Ligne 845 ⟶ 844 :
« Écoutez, mon ami, lui dit-elle, vous n’êtes pas en état de marcher jusqu’à la ville. Restez ici ; nous allons nous dépêcher de rentrer ; je vous enverrai une carriole ; vous y monterez avec votre ours, et on vous mènera où vous voudrez. »
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Bien des remerciements, ma bonne chère dame ; je crois, en effet, que je n’irai pas loin… Allons, Martin, sois sage, ne bouge pas, et tu iras en voiture retrouver ton maître, qui va te donner des coups de trique pour t’apprendre à courir les bois. Je t’en ai donné une bonne dose, mais cela ne comptera pas ; nous n’en dirons rien au maître. »
 
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Le chemineau bénit Dieu de sa journée ; sa femme pleura de joie ; ses enfants pleurèrent de lui voir du sang ; le calme se rétablit ; le chemineau raconta ses aventures, sauf la rencontre de la petite demoiselle battue, et ils passèrent une heureuse nuit.
 
 
===VI - Récit des enfants à leur bonne===
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