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s’il est utile aux hommes d’être trompés ?

brassent la première partie du sujet proposé ; les quatre dernières se rapportent à la seconde. On n’en propose point de pareilles lorsqu’on craint d’entendre la vérité tout entière. Mais c’est à des sages qu’il faut la dire ; traiter ce sujet de manière que tout le monde pût en entendre les conséquences, ce serait avoir prononcé d’avance que, dans tous les cas, il est du devoir de l’homme de bien de dire publiquement et hautement tout ce qu’il croit être la vérité.

I. La première question, prise dans le sens abstrait, paraît facile à résoudre. Cependant elle peut avoir quelque difficulté. Il ne s’agit pas, en effet, ici, d’exciter, pour la vérité, un amour d’enthousiasme, et de répéter les déclamations éloquentes dont les philosophes anciens et modernes ont rempli leurs ouvrages. Fût-on mille fois plus éloquent, on pourrait entraîner la multitude ; mais on n’aurait rien dit à des sages. Il ne s’agit pas non plus de supposer d’abord que telle opinion est une vérité, que telle autre est une erreur ; d’établir ensuite que l’une est utile, que l’autre est nuisible. Car on ne nous demande point si une telle opinion est vraie ou fausse, si une telle opinion est utile ou nuisible ; mais, en général, si une opinion fausse peut être utile, ou, plus clairement, si de cela seul qu’une opinion est fausse, on doit en conclure qu’il ne peut pas être utile que cette opinion, quelle qu’elle soit, devienne une opinion nationale.

Si, en effet, on envisageait la question sous un autre point de vue, chaque homme, après avoir donné