« Diloy le chemineau » : différence entre les versions

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C’est égal, je m’en plaindrai tout de même à sa mère. Son cœur n’en deviendra peut-être pas meilleur, mais elle n’osera toujours pas recommencer. »
 
{{TextQuality|100%}}===III - Le Chemineau===
 
Félicie avait mangé ses cerises ; elle appela sa bonne.
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« Ma bonne, il faut nous en aller ; il y a longtemps que nous sommes ici ; maman a dit que nous soyons revenus dans une heure.
 
{{sc|Laurent}}. —
 
LAURENT<BR>
Oh non ! pas encore, ma bonne ; nous ramasserons encore des cerises oubliées et puis nous les mettrons sur des feuilles de chou, dans deux grands paniers, pour que Germain nous les apporte. N’est-ce pas, Germain, vous voulez bien les porter ? C’est trop lourd pour nous.
 
{{sc|Germain}}. —
GERMAIN<BR>
Pour ça, oui, et de grand cœur, mon bon petit monsieur Laurent.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Tout cela sera trop long ; il faut nous en aller tout de suite.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Va-t’en seule si tu veux, nous restons avec ma bonne.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Je veux que ma bonne vienne avec moi.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Non, elle ne s’en ira pas ; elle n’est pas obligée de t’obéir… Anne, aide-moi à retenir ma bonne. »
 
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« Vous n’avez pas besoin de me retenir de force, mes enfants, je n’ai pas envie de m’en aller. Vous avez encore un bon quart d’heure à rester ici. Félicie nous attendra.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Je n’attendrai pas et je m’en irai seule.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Et votre maman vous grondera ; sans compter que vous pouvez faire quelque mauvaise rencontre en chemin.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Ça m’est bien égal ; je ne crains personne.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Mais, tout de même, vous nous attendrez ; je ne veux pas que vous vous en alliez seule, et je ne veux pas que Laurent et Anne soient privés pour vous de leur quart d’heure de récréation. »
 
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« Au fait, dit-elle, je ne peux pas la retenir de force, et je ne peux pas laisser mes deux pauvres petits pour courir après elle ; elle court plus vite que moi. Je ne pense pas qu’il lui arrive d’accident ; il n’y a pas à se tromper de chemin ; d’ailleurs une petite fille de près de douze ans peut bien se tirer d’affaire, quand elle s’obstine à faire la grande dame.
 
{{sc|Germain}}. —
GERMAIN<BR>
Tout de même, mademoiselle Valérie, j’ai bonne envie de lui faire escorte sans qu’elle s’en doute, en suivant l’autre côté de la haie jusqu’à l’avenue du château.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Je veux bien, père Germain : je serai plus tranquille quand je vous saurai là. Emportez, par la même occasion, un de nos paniers de cerises qui est prêt ; nous vous préparons l’autre pour un second voyage ; c’est lourd à porter, vous en aurez assez d’un à la fois. »
 
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« Mon brave homme, dit-il quand ils se furent rejoints, j’ai entendu crier tout à l’heure ; sauriez-vous ce que c’est ? »
 
LE{{sc|Le CHEMINEAUchemineau}}, ''d’une voix avinée''<BR>. —
Si je le sais ! Je crois bien que je le sais ! Ah ! ah ! ah ! elle en a eu et c’était bien fait.
 
PÈRE{{sc|Père GERMAINGermain}}, ''inquiet''<BR>. —
Qui ça, ''elle'' ? Qu’est-il arrivé ?
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Elle ! La petite, donc. Elle avait beau gigoter, me cracher à la figure, elle l’a eu tout de même.
 
{{sc|Germain}}. —
GERMAIN<BR>
Mais quoi ? Qu’a-t-elle eu ? Expliquez-vous donc, que je vous comprenne.
 
{{sc|Le chemineau}}. —
LE CHEMINEAU<BR>
Il y a qu’une petite demoiselle courait ; le chemin était juste pour passer, à cause d’un tas de fagots versés au milieu du passage. La petite était embarrassée pour enjamber les fagots. Moi qui suis bonhomme et affectionné aux enfants, je lui prends les mains pour lui venir en aide ; elle me dit :
 
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Et le brave Germain continua son chemin. En approchant de l’avenue du château, il trouva Félicie assise au pied d’un arbre. Il s’approcha d’elle.
 
FÉLICIE{{sc|Félicie}}, ''durement''<BR>. —
Que voulez-vous ? Pourquoi venez-vous ici ? Pourquoi êtes-vous venu avant ma bonne ?
 
{{sc|Germain}}. —
GERMAIN<BR>
J’apporte un panier de cerises, mademoiselle. Il y en a un second ; ils étaient un peu lourds, j’ai mieux aimé faire deux voyages que les mettre ensemble sur une brouette ; les cerises n’aiment pas à être secouées, vous savez. Où faut-il les porter ?
 
FÉLICIE{{sc|Félicie}}, ''de même''<BR>. —
Je n’en sais rien ; demandez aux domestiques. Pourquoi me regardez-vous ? Pourquoi m’avez-vous suivie ? Avez-vous rencontré quelqu’un ?
 
{{sc|Germain}}. —
GERMAIN<BR>
Personne que je connaisse, mademoiselle. Et mademoiselle n’a besoin de rien ?
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Je n’ai besoin de personne ; j’attends ma bonne. Laissez-moi. »
 
Ligne 527 ⟶ 526 :
Félicie se mit à pleurer, le visage caché dans ses mains. Elle ne vit pas approcher sa bonne, son frère et sa sœur, qui s’étaient arrêtés devant elle et qui la regardaient pleurer.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Qu’est-ce que tu as donc ? Pourquoi pleures-tu ?
 
Félicie se leva avec difficulté.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Je ne pleure pas, pourquoi veux-tu que je pleure ?
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Mais ton visage est tout mouillé, pauvre Félicie.
 
FÉLICIE{{sc|Félicie}}, ''embarrassée''<BR>. —
Je m’ennuie. Vous avez été si longtemps à revenir.
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Pourquoi n’es-tu pas rentrée à la maison ?
 
FÉLICIE{{sc|Félicie}}, ''de même''<BR>. —
J’avais peur que maman ne… ne… grondât ma bonne pour m’avoir laissée revenir seule.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Mais ce n’était pas la faute de ma bonne. C’est toi qui t’es sauvée ; ma bonne ne pouvait pas nous laisser chez Germain pour courir après toi.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Si c’est pour moi que vous pleuriez, Félicie, vous pouvez sécher vos larmes, car je n’ai rien fait pour être grondée, et je ne crains rien.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Dis tout simplement la vérité : c’est toi qui as peur d’être grondée.
 
{{sc|Félicie}}. —
FÉLICIE<BR>
Pas du tout ; tu m’ennuies.
 
LAURENT{{sc|Laurent}}, ''riant''<BR>. —
Parce que je te dis la vérité.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Allons, rentrons, mes enfants ; je crois que nous sommes en retard. »
 
Félicie se remit à marcher, mais elle allait lentement et restait en arrière.
 
{{sc|Laurent}}. —
LAURENT<BR>
Avance donc ! Comme tu vas lentement ! Maman ne sera pas contente ; tu vas nous faire arriver trop tard. »
 
Anne se retournait de temps en temps.
 
{{sc|Anne}}. —
ANNE<BR>
Ma bonne, je t’assure que Félicie a mal ; je crois qu’elle est tombée et qu’elle ne veut pas le dire. »
 
La bonne regarda Félicie.
 
{{sc|La bonne}}. —
LA BONNE<BR>
Non ; elle boude et fait semblant d’être fatiguée, comme tantôt avec votre maman.
 
Ils arrivèrent enfin ; Mme d’Orvillet gronda un peu, parce qu’on était en effet en retard d’une demi-heure. Personne ne dit rien ; la bonne ne parla pas de ce qui s’était passé chez les Germain, ni de l’escapade de Félicie.
 
 
===IV - Le Chemineau s’explique===
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