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de la poudre sans fumée fabriquée en France, et la connaîtrions-nous, que nous n’aurions garde de la divulguer. La poudre que l’on fabrique aujourd’hui en France pour le fusil Lebel est, pour ainsi dire, un patrimoine national, et celui qui, pour satisfaire la curiosité de ses lecteurs, en dévoilerait le secret, commettrait une coupable imprudence.
de la poudre sans fumée fabriquée en France, et la connaîtrions-nous, que nous n’aurions garde de la divulguer. La poudre que l’on fabrique aujourd’hui en France pour le fusil Lebel est, pour ainsi dire, un patrimoine national, et celui qui, pour satisfaire la curiosité de ses lecteurs, en dévoilerait le secret, commettrait une coupable imprudence.


On fait usage aujourd’hui, en France et en Allemagne, d’une poudre qui jouit de propriétés balistiques remarquables, et qui, à cause de sa couleur brune, a été désignée sous le nom de ''poudre chocolat''. La composition de la ''poudre chocolat'' est restée secrète, ainsi que la manière de la préparer, mais, d’après les analyses qui en ont été publiées, c’est un mélange de soufre, de salpêtre, de charbon et d’une matière résineuse. Au point de vue balistique, cette poudre présente les caractères des poudres très lentes, et n’est utilisée que dans des canons ayant une longueur d’âme supérieure à 30 calibres.
On fait usage aujourd’hui, en France et en Allemagne, d’une poudre qui jouit de propriétés balistiques remarquables, et qui, à cause de sa couleur brune, a été désignée sous le nom de ''poudre chocolat''. La composition de la ''poudre chocolat'' est restée secrète, ainsi que la manière de la préparer, mais, d’après les analyses qui en ont été publiées, c’est un mélange de soufre, de salpêtre, de charbon et d’une matière résineuse. Au point de vue balistique, cette poudre présente les caractères des poudres très lentes, et n’est utilisée que dans des canons ayant une longueur d’âme supérieure à 30 calibres.
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L’expérience a montré que pour tirer le meilleur parti possible d’une bouche à feu il convient d’employer des grains de poudre « d’autant plus gros et plus denses que le diamètre du canon est plus grand. » Pour ce motif, on a renoncé, en France, à se servir, comme avant 1870, de la même poudre pour toutes les bouches à feu.


On fabrique, dans nos poudreries, dix espèces de poudre pour l’artillerie de terre et l’infanterie, onze espèces de poudres pour la marine et pour la chasse, enfin, trois espèces de poudre de mine. Chacun des types de ces poudres est désigné par une lettre affectée d’un indice.
L’expérience a montré que pour tirer le meilleur parti possible d’une bouche à feu il convient d’employer des grains de poudre « d’autant plus gros et plus denses que le diamètre du canon est plus grand. » Pour ce motif, on a renoncé, en France, à se servir, comme avant 1870, de la même poudre pour toutes les bouches à feu.


Toutes les poudres françaises sont des poudres grenées ; ''les poudres à grains fins'' présentent des formes anguleuses ; ''les poudres à gros grains'' ont une forme sphérique régulière. Pour les canons du système Reffye, la charge est constituée au moyen de rondelles de ''poudre comprimée''. Par la compression de la poudre, on a pu augmenter la charge sans risquer de briser les parois du canon ; mais l’emploi des poudres comprimées n’est considéré que comme un simple expédient servant à diminuer les effets brisants de la poudre. On en a reconnu, en effet, tous les inconvénients.
On fabrique, dans nos poudreries, dix espèces de poudre pour l’artillerie de terre et l’infanterie, onze espèces de poudres pour la marine et pour la chasse, enfin, trois espèces de poudre de mine. Chacun des types de ces poudres est désigné par une lettre affectée d’un indice.


Quand on enflamme une charge de poudre, le feu se communique d’abord à la partie extérieure de cette charge, de sorte que la poudre brûle par couches successives. À mesure que l’inflammation se propage l’épaisseur des couches diminue, ainsi que le volume des gaz produits. Il est facile de comprendre que, si la poudre brûlait brusquement, la pression des gaz subitement développés déterminerait la rupture de la bouche à feu et peut-être l’éclatement du projectile dans l’âme de la pièce. De là la nécessité de créer des ''poudres progressives''.
Toutes les poudres françaises sont des poudres grenées ; ''les poudres à grains fins'' présentent des formes anguleuses ; ''les poudres à gros grains'' ont une forme sphérique régulière. Pour les canons du système Reffye, la charge est constituée au moyen de rondelles de ''poudre comprimée''. Par la compression de la poudre, on a pu augmenter la charge sans risquer de briser les parois du canon ; mais l’emploi des poudres comprimées n’est considéré que comme un simple expédient servant à diminuer les effets brisants de la poudre. On en a reconnu, en effet, tous les inconvénients.


La ''poudre française'', inventée par le colonel Castan, est une poudre éminemment progressive. Chaque grain de cette poudre est un parallélipipède de très faible hauteur, et qui brûle par couches successives, en produisant toujours le même volume de gaz.
Quand on enflamme une charge de poudre, le feu se communique d’abord à la partie extérieure de cette charge, de sorte que la poudre brûle par couches successives. À mesure que l’inflammation se propage l’épaisseur des couches diminue, ainsi que le volume des gaz produits. Il est facile de comprendre que, si la poudre brûlait brusquement, la pression des gaz subitement développés déterminerait la rupture de la bouche à feu et peut-être l’éclatement du projectile dans l’âme de la pièce. De là la nécessité de créer des ''poudres progressives''.


L’artillerie russe emploie une poudre prismatique, dont chaque grain a six faces et est percé, suivant son épaisseur, de sept canaux. Quand on met le feu à l’un de ces grains, l’inflammation se communique par l’intermédiaire des canaux. Seulement, les cloisons qui séparent ces canaux les uns des autres se détruisent tout à coup, sous l’influence de la combustion, et, à ce moment, le feu se communique dans toute l’étendue du grain, de sorte que l’inflammation progressive, obtenue au début, fait place, presque aussitôt après, à une inflammation brusque.
La ''poudre française'', inventée par le colonel Castan, est une poudre éminemment progressive. Chaque grain de cette poudre est un parallélipipède de très faible hauteur, et qui brûle par couches successives, en produisant toujours le même volume de gaz.

L’artillerie russe emploie une poudre prismatique, dont chaque grain a six faces et est percé, suivant son épaisseur, de sept canaux. Quand on met le feu à l’un de ces grains, l’inflammation se communique par l’intermédiaire des canaux. Seulement, les cloisons qui séparent ces canaux les uns des autres se détruisent tout à coup, sous l’influence de la combustion, et, à ce moment, le feu se communique dans toute l’étendue du grain, de sorte que l’inflammation progressive, obtenue au début, fait place, presque aussitôt après, à une inflammation brusque.


En résumé, nos poudreries fabriquent, pour l’artillerie, les poudres progressives
En résumé, nos poudreries fabriquent, pour l’artillerie, les poudres progressives