« La pensée française des origines à la Révolution » : différence entre les versions

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** '''[[w:Paul Thiry d'Holbach|D'Holbach]] et [[Claude-Adrien Helvétius|Helvétius]]'''
 
A côté de Diderot se placent tout naturellement d'Holbach et Helvétius. D'Holbach (1723-1789) était un homme fort riche, et les réceptions auxquelles il conviait ses amis le firent surnommer « le maître d'hôtel de la philosophie ». Il écrivit des articles de chimie pour l'Encyclopédie, un certain nombre de livres antireligieux (Le Christianisme dévoilé, Théologie portative), mais c'est surtout son Système de la Nature qui l'a rendu célèbre. Publié pour des raisons de prudence sous le nom d'un auteur mort depuis longtemps, il constitue un des exposés les plus méthodiques de la conception matérialiste du monde. Les autres livres d'Holbach en poursuivent les conséquences pour l'homme et le système social dont il fait partie. C'est dans l'expérience, nous explique-t-il, que nous devons rechercher les lois de la nature : « Les hommes se tromperont toujours quand ils abandonneront l'expérience pour des systèmes enfantés par l'imagination ». Puis c'est le développement de la conception scientifique du monde : l'univers ne nous offre partout que de la matière et du mouvement, mouvement qui est une façon d'être qui découle nécessairement de l'essence de la matière. C'est dans la matière et son mouvement que doit être recherchée l'explication de tout ce qui est. Par, là est rendue,: abse)lument. rétrograde, l'idée d'ares supérieurs extérieurs à rfu,.tf é-, re-- l'Arne immortelle. Certains pensaient démontrer I existtnee Dieu par l'ordre qui règne darm nature. Mais, si nous dé. on que, cet ordre est une conséquence nécessaire de regme!Ty:e de la matiee elle-même : que les Halsonl par exemple n' r<;3-ultent pas d'un de la providence, mais de la gravitatifili des 1a preuvc, l'existence de Dieu se retourne contre ses auteurs. De.,,s lors, ment va se poser le problème de la morale, des rapvertzi entre hommes vivant en société ? Les principes de la rellgir)n 3firit traires à ceux d'une morale naturelle : elle veut que désire pas ce qu'il- est dans sa nature de désirer, et peur cela ele invente des peines et des récompenses imaginaires. Qui donc a pu forger et maintenir de pareilles inventions ? Assurément, ceux Tut grâce à elles, font des hommes ce qu'ils veulent, c'est-à-dire prêtres. La religion apparaît donc ici non entièrement comme reflet de l'impuissance de l'homme devant les forces de la na+_-;7=: mais comme l'invention des prêtres. Il faudra donc transforrner notre législation : « La vraie morale, ainsi que la vraie polios :e. est celle qui cherche à rapprocher les hommes, afin de les fair travailler par des efforts réunis à leur bonheur mutuel. Toute mo-rale qui sépare nos intérêts de ceux de nos associés est fausse, in-sensée, contraire à la nature. »
 
Claude Helvétius (1715-1771), très riche fermier général, fut un des protecteurs des Encyclopédistes. Son livre essentiel, De l'esprit. publié en 1758, fut condamné et brûlé. Il se propose pour but de trai-ter la morale « comme toutes les autres sciences et faire une mo-rale comme une physique expérimentale /›. Les aptitudes physiques et l'amour-propre, l'intérêt personnel bien compris doivent être le fondement de cette morale. Mais les hommes naissent naturelle-ment bons, les intelligences humaines sont toutes égales dPns leur nature, mais c'est la société, c'est l'éducation qui les modifie, leur donne défauts ou qualités. Tout l'accent -va donc être mis sur le caractère social de l'esprit humain. C'est en fonction de la société qu'il est apprécié. Le bonheur social ne dépend donc en dernière analyse que du législateur et surtout de l'éducateur. Ne croit-on pas entendre une voix d'aujourd'hui quand il écrit : « Le malheur presque universel des hommes et des peuples dépend de l'imperfec-tion de leurs lois et du partage trop inégal des richesses. Il n'est dans la plupart des royaumes que deux classes de citoyens : l'une qui manque du nécessaire, l'autre qui regorge de superflu... Que faire pour y rappeler le bonheur ? Diminuer la richesse des uns ; augmenter celle des autres ; mettre le pauvre en un état d'aisance qu'il puisse, par un travail de sept ou huit heures, abondamment subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. »
 
Julien Offray de La Mettrie (1709-1751) était un médecinqui. banni successivement de France puis de Hollande à cause de ses publications, trouva asile auprès du roi de Prusse Frédéric II. Nous avons vu comment Descartes concevait l'animal sur le modèle mé-canique (animal-machine). Déjà du vivant de Descartes, le médecin Leroy avait appliqué la conception de Descartes à l'âme humaine • déclarant que les idées n'étaient rien d'autre que des mouvements' mécaniques. Leroy croyait même que Descartes avait dissimulé sa véritable pensée, ce contre quoi Descartes protesta. La Mettrie devait poursuivre jusqu'au bout dans cette voie, et son homme-machine est fait selon le modèle de l'homme-animal de Descartes. Les automates que fabriquait alors l'ingénieur Vaucanson venaient encore renforcer cette opinion.