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SUR VOLTAIRE.


sa perte ; que Sully, terrible aux courtisans, voulait ménager le peuple, et que Colbert sacrifia toujours le peuple à la cour.

Sully n’encouragea le commerce des blés que par des permissions particulières d’exporter, plus fréquentes, à la vérité, que du temps de Colbert, mais qu’il faisait aussi quelquefois acheter ; conduite qu’un ministre même très-corrompu n’oserait avouer de nos jours.

Tous deux n’encouragèrent de même les manufactures que par des dons et des privilèges. Ils ne songèrent ni l’un ni l’autre à rendre moins onéreuses les lois fiscales : si elles furent moins dures sous Sully, il faut moins en faire honneur à son caractère qu’aux circonstances, qui n’auraient point permis cet abus de l’autorité loyale.

En un mot, Sully fut un homme vertueux pour son siècle, parce qu’on n’eut à lui reprocher aucune action regardée dans son siècle comme vile ou criminelle ; mais on ne peut dire qu’il fût un grand ministre, et encore moins le proposer pour modèle. Un général qui de nos jours ferait la guerre comme Du Guesclin serait vraisemblablement battu.

Sully eut des défauts et des faiblesses. Ami de Henri IV, il était trop jaloux de sa faveur ; fier avec les grands ses égaux, il eut avec ses inférieurs toutes les petitesses de la vanité ; sa probité était incorruptible, mais il aimait à s’enrichir, et ne négligea aucun des moyens regardés alors comme permis. Obligé de se retirer après la mort de Henri IV, il eut la faiblesse de regretter sa place, et de se conduire en