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L’AMI FRITZ.

tendait leurs pas sur la lisière du bois ; ils marchaient en cadence.

Hâan et Kobus avaient entendu cent fois le vieux lied ; mais alors, il leur sembla si beau, si bien en rapport avec l’heure silencieuse, qu’ils l’écoutèrent dans une sorte de ravissement poétique. Mais Fritz éprouvait une bien autre émotion que celle de Hâan : parmi ces voix s’en trouvait une, douce, haute, pénétrante, qui commençait toujours le couplet et finissait la dernière, comme un soupir du ciel. Il croyait reconnaître cette voix fraîche, tendre, amoureuse, et son cœur tout entier était dans son oreille.

Au bout d’un instant, Hâan, qui tenait Foux par la bride, pour l’empêcher de secouer la tête, dit :

« Comme c’est juste ! C’est pourtant ainsi que chantent les enfants de la vieille Allemagne. Allez donc ailleurs…

— Chut ! » fit Kobus.

Le vieux lied recommençait en s’éloignant, et la même voix s’élevait toujours plus haute, plus touchante que les autres ; à la fin, un frémissement de feuillage la couvrit.

« C’est beau, ces vieilles chansons, dit le percepteur en remontant sur la voiture.

— Mais où sommes-nous donc ? lui demanda Fritz tout pâle.