« L’Auberge de l’Ange Gardien » : différence entre les versions

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« Mes amis, dit-il, mes enfants, le général a acheté l’auberge dans laquelle il aurait péri victime des misérables assassins sans le courage de M. Moutier et de vous tous qui êtes accourus à l’appel de notre brave sergent. Il a voulu témoigner sa reconnaissance à la famille qui devient celle de Moutier, en faisant l’acquisition de cette auberge pour répandre ses bienfaits dans notre pays ; bien plus, mes enfants, il a daigné consacrer la somme énorme de cent cinquante mille francs pour réparer et embellir notre pauvre église, pour fonder une maison de Sœurs de charité, un hospice, une salle d’asile et des secours aux malades et infirmes de la commune. Voilà, mes enfants, ce que nous devrons à la générosité du
''Général reconnaissant''. Que cette enseigne rappelle à jamais ses bienfaits. »
 
Les cris, les vivats redoublèrent. On entoura le général, on voulut le porter jusqu’en dedans de la maison. Il s’y opposa d’abord avec calme et dignité, puis la rougeur aux joues, avec quelques jurons à mi-voix et des mouvements de bras, de jambes et d’épaules un peu trop prononcés, puis enfin par des évolutions si violentes que chacun se recula et lui laissa le passage libre.
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{{sc|Le général}}. — Mon cher curé, voici mon idée à moi. Quand la guerre sera finie, ce qui va arriver un de ces jours, il faudra que je retourne en Russie ; j’emmènerai Dérigny…
 
Attendez, vous ne savez pas ce que je vais vous dire… J’emmènerai ses enfants ; voilà déjà qu’ils restent avec leur père et qu’ils sont à l’abri de ce que je redoute pour eux. Pour prix du sacrifice que me fera le père, j’achète, avec votre aide, et je lui donne les terres qui entourent mon auberge
''Au général reconnaissant''. D’ici là, je le décide à réunir ses enfants à maman Blidot dont il fera sa femme et la vraie mère de ses enfants ; je donne au ménage l’auberge et les terres. Et, après une absence d’un an, je viens mourir en France, chez vous, car, entre nous, je ne crois pas en avoir pour longtemps ; d’ici à trois ans je serai couché dans votre cimetière, après être mort entre vos bras. Et voilà où j’ai besoin de votre aide : c’est à disposer maman Blidot à devenir Mme Dérigny. Vous lui ferez savoir en gros tout ce que je viens de vous dire.
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Moutier sourit ; les larmes d’Elfy firent place à un rire joyeux, et l’attendrissement du général se dissipa comme par enchantement.
 
{{sc|Le général}}. — Ouf ! c’est fini ! Je suis content. Voyez un peu la jolie figure que j’aurais faite, pleurant avec Elfy et Moutier. Sapristi ! je sue d’y penser. Un général en grand uniforme pleurant comme un enfant qui a reçu le fouet ! À présent, mes bons amis, vous avez tout vu, vous êtes bien contents comme moi, mais bien fatigués comme moi, et vous avez besoin d’être seuls comme moi. Laissez-moi renvoyer tout ce monde ; promenez-vous tout doucement sur vos terres en causant et laissez-moi surveiller le retour de l’ordre dans votre maison… Pas de réplique ! Je veux ce que je veux. Envoyez-moi Dérigny et les enfants ; dites que je désire qu’on s’en aille, et demandez au notaire de venir me parler. »
 
Elfy baisa la main du général en signe de soumission et alla avec Moutier exécuter ses ordres. Bientôt la foule défila devant lui, et à chacun il disait :