« Contre l’antisémitisme » : différence entre les versions

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''« Je ne me suis pas placé sur le terrain confessionnel, poursuivez-vous, et M. Bernard Lazare sait mieux que personne que l'antisémitisme n'est pas une question religieuse, puisque les Arabes, qui adorent Mahomet, ont plus de haine encore pour les Juifs que les Chrétiens qui adorent Jésus. »'' Si M. Drumont connaissait les Arabes, il ne dirait pas, d'abord, qu'ils adorent Mahomet, il ne soutiendrait pas ensuite que les raisons de leur haine contre les Juifs, de même que les mobiles de leur haine contre les chrétiens, ne sont pas religieux. Je me permets de renvoyer M. Drumont à mon livre qu'il a sans doute mal lu. S'il l'avait bien lu, en effet, il ne ferait pas de moi un de ses auxiliaires, même temporaire.
 
C'est ici, d'ailleurs, le point important, pour M. Drumont, de son article. D'un ouvrage de 400 pages, il extrait ''trente-six lignes'' et, en les isolant, il dénature toute ma pensée. J'ai écrit qu'il y avait à l'antisémitisme universel des raisons profondes et sérieuses. Je le dis encore et pas plus aujourd'hui qu'hier je ne soutiens que Drumont l'a inventé. Drumont n'a rien inventé. J'ai écrit qu'il ne fallait pas croire que les manifestations antisémites furent, dans le passé, simplement dues à une guerre de religion. Je le maintiens encore. J'ai écrit que la raison de l'antisémitisme dans l'histoire fut que « partout et ''jusqu'à nos jours'' le Juif fut un être insociable ». Je le dis toujours. Mais à la suite de cette constatation qui se trouve dans le premier chapitre de mon livre, je déclarais que mon but était d'examiner « si ces causes générales persistent encore et si ce n'est pas ailleurs qu'il nous faudra chercher les raisons de l'antisémitisme moderne. ». Ces raisons je les ai étudiées minutieusement. J'ai constaté que le Juif n'était insociable que dans les pays comme la Roumanie, la Russie, la Perse, etc., où on le met hors la loi et où on l'oblige à se renfermer dans un ghetto qui lui crée un exclusivisme intellectuel et moral. J'ai établi que le reproche que fait l'antisémitisme moderne aux Juifs modernes, ce n'est pas d'être insociables, mais d'être trop sociables ; ce n'est pas de se livrer uniquement à l'usure ou à la finance, mais au contraire de porter leur activité sur d'autres points et de se mêler à toutes les manifestations de la vie contemporaine. Enfin, en terminant ce livre j'ai écrit (page 389 et 390) : « Les causes de l'antisémitisme sont nationales, religieuses, politiques et économiques, ce sont des causes profondes qui dépendent non seulement des Juifs, non seulement de ceux qui les entourent mais encore et surtout de l'état social ».
 
Je récrirais aujourd'hui ce livre que j'aurais sans doute bien des choses à y changer, bien des choses à y ajouter, mais si je me fais un reproche, c'est justement de n'avoir pas précisé les causes religieuses de l'antisémitisme, c'est de n'avoir pas suffisamment montré combien elles servent les intérêts économiques de certains capitalistes.
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Je maintiens donc toutes mes affirmations. Je pose de nouveau toutes mes questions, car ce sont celles auxquelles M. Drumont s'obstine à ne pas répondre et je répète :
 
« Croyez-vous que les travailleurs de France, dont le sort vous préoccupe tant, seront plus heureux quand ils seront sous la coupe des industriels qui font patronner leurs établissements par Notre-Dame-de-l'Usine ? Donnez-moi donc une fois votre avis sur le capital chrétien et dites-moi si sincèrement vous ignorez que l'antisémitisme sert uniquement leles intérêts des capitalistes catholiques, des petits bourgeois catholiques et que le dernier de ses soucis est précisément le sort du prolétariat ? »
 
Je ne sortirai pas de là et je saurai prouver une fois encore ce que j'ai si souvent avancé, même dans ce livre sur lequel M. Drumont veut faire porter sa polémique : L'antisémitisme est une forme du protectionnisme et il ne sert que les intérêts d'une fraction de la bourgeoisie.
 
 
''M. Édouard Drumont ne crut pas devoir me répondre. N'avait-il pas d'ailleurs écrit dans l'article auquel je répliquais : « On peut répondre une fois pour causer satisfaction à un confrère, fût-il sémite, on ne peut le faire continuellement. »''
''Malgré cela j'écrivis dans le '''Voltaire''' du 31 mai, les lignes qui suivent :''
 
''Malgré cela j'écrivis dans le '''Voltaire''' du 31 mai, les lignes qui suivent :''
 
== Ce que veut l'antisémitisme ==