« Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti » : différence entre les versions

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== AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR. ==
 
Nous n'avons pas la prétention de peindre Al-fteriAlfieri en tête d'un livre où il a si bien réussi à se peindre lui-même, et de recommencer une biogra­phie écrite, année par année, dans ce livre. En­core moins voulons-nous caractériser son œuvre dramatique ; qui l'oserait d'ailleurs après les belles leçons de M. Villemain ? Le lecteur, sans doute, aimera mieux les relire, et, au lieu de patience pour s'arrêter à une préface que nous lui épar­gnons, nous lui demandons plutôt un peu d'in­dulgence pour un travail hérissé de si grandes difficultés.
 
Toutefois, le traducteur des ''Prisons ''de Silvio Pellico éprouve le besoin de dire d'où lui est venue la pensée de traduire cette ''vie ''d'ÀlfieriAlfieri. Il le dira en deux mots. Au spectacle d'une âme douce et rési~ gnéerésignée il a voulu opposer la rude image d'un esprit en proie à toutes les agitations de l'orgueil. Le pa­rallèle ne saurait s'étendre plus loin, sans rappro­cher ce qui ne se ressemble nullement ; mais dans un siècle qui chaque jour se prend d'un goût plus vif pour ces retours du génie sur lui-même, il de­vait nous être permis de placer à côté du poète qui se dérobe humblement dans la foi ces éloquentes confessions du plus violent des écrivains.
 
Ce n'est donc point par sympathie pour AlfieiiAlfieri que je donne cette nouvelle traduction de ses mé­moires. Je n'aime point cet homme ; mais il a une volonté si ferme, si indomptable, si persévérante, et à travers toutes ses petitesses, il a le coeur si na­turellement porté au grand, qu'on ne saurait se défendre, en le lisant, d'une sorte d'admiration mêlée de colère et d'effroi.
'''Il AVANT-PROPOS.'''
 
Aussi l'ai-je laissé tel qu'il a voulu se montrer, et me suis-je attaché seulement à retrouver l'ac­cent énergique de sa passion ; je l'ai cherché euen dehors même de ce livre, et dans tout ce que Al­fieri a écrit.
un siècle qui chaque jour se prend d'un goût plus vif pour ces retours du génie sur lui-même, il de­vait nous être permis de placer à côté du poète qui se dérobe humblement dans la foi ces éloquentes confessions du plus violent des écrivains.
 
AÀ une autre époque, et sous un autre gouverne­ment, de généreux scrupules ont porté le premier traducteur à effacer de ces mémoires je ne sais quelles misérables injures jetées à la France et à sa glorieuse révolution. J'honore ces scrupules, mais j'ai compris autrement la dignité de la France. 11Il m'a paru qu'il n'était pas si petite nation qui ne fût au-dessus des insultes même d'un homme de génie, et quand cette nation s'appelle la France, l'outrage est ridicule. C'est un trait de plus dans un carac­tère original, voilà tout.
Ce n'est donc point par sympathie pour Alfieii que je donne cette nouvelle traduction de ses mé­moires. Je n'aime point cet homme; mais il a une volonté si ferme, si indomptable, si persévérante, et à travers toutes ses petitesses, il a le coeur si na­turellement porté au grand, qu'on ne saurait se défendre, en le lisant, d'une sorte d'admiration mêlée de colère et d'effroi.
 
Fallait-il aussi perdre le temps à défendre con­tre Alfieri la langue de Racine et de Fénélon ? on a préféré le laisser dire ; c'était assez sans doute de le condamner à parler une fois encore, au risque de lui donner raison, l'idiome dont il a dit tant de mal.
Aussi l'ai-je laissé tel qu'il a voulu se montrer, et me suis-je attaché seulement à retrouver l'ac­cent énergique de sa passion ; je l'ai cherché eu dehors même de ce livre, et dans tout ce que Al­fieri a écrit.
 
Peut-être enfin me reprochera-t-on d'avoir con­servé ici certains détails un peu libres. J'aurais voulu qu'Alfieri, le premier, n'eûtpaseût pas cru devoir s'en souvenir ; mais enfin, puisqu'il s'en est souvenu, était-ce au traducteur à les oublier ? Dans un livre comme celnicelui-ci, que chacun supprime le trait qui le blesse, et bientôt il ne restera plus de la person­nalité la plus vive qu'une ombre insignifiante.
A une autre époque, et sous un autre gouverne­ment, de généreux scrupules ont porté le premier traducteur à effacer de ces mémoires je ne sais quelles misérables injures jetées à la France et à sa glorieuse révolution. J'honore ces scrupules, mais j'ai compris autrement la dignité de la France. 11 m'a paru qu'il n'était pas si petite nation qui ne fût au-dessus des insultes même d'un homme de génie, et quand cette nation s'appelle la France, l'outrage est ridicule. C'est un trait de plus dans un carac­tère original, voilà tout.
 
Fallait-il aussi perdre le temps à défendre con­tre Alfieri la langue de Racine et de Fénélon? on a
 
<div style="text-align: right;">ANTOINE DE LATOUR.
'''AVANT-PKOI'OS. 111'''
 
'''Paris, le 7 mai 1840.'''</div>
préféré le laisser dire ; c'était assez sans doute de le condamner à parler une fois encore, au risque de lui donner raison, l'idiome dont il a dit tant de mal.
 
Peut-être enfin me reprochera-t-on d'avoir con­servé ici certains détails un peu libres. J'aurais voulu qu'Alfieri, le premier, n'eûtpas cru devoir s'en souvenir; mais enfin, puisqu'il s'en est souvenu, était-ce au traducteur à les oublier? Dans un livre comme celni-ci, que chacun supprime le trait qui le blesse, et bientôt il ne restera plus de la person­nalité la plus vive qu'une ombre insignifiante.
 
'''ANTOINE DE LATOUR.'''
 
'''Paris, le 7 mai 1840.'''
 
 
'''VIE DE VICTOR ALFIERÏ.'''
<div style="text-align: center;">'''VIE DE VICTOR ALFIERI.'''</div>
 
== INTRODUCTION. ==