« Émaux et Camées/Les Néréides » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|[[Émaux et camées]]|Théophile Gautier|Les Néréides}}
[[Catégorie:Poésie|Les Néréides]]
[[Catégorie:XIXe siècle|Les Néréides]]
[[Catégorie:Émaux et camées|Les Néréides]]
[[Catégorie:Théophile Gautier|Les Néréides]]
 
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{{TitrePoeme|[[Émaux et camées]]|Théophile Gautier|{{PAGENAME}}}}
 
J’ai dans ma chambre une aquarelle<br>
 
Bizarre, et d’un peintre avec qui<br>
[[category:Émaux et camées|Nereides]]
Mètre et rime sont en querelle,<br>
 
— Théophile Kniatowski.<br>
 
<br>
:J'ai dans ma chambre une aquarelle
Sur l’écume blanche qui frange<br>
:Bizarre, et d'un peintre avec qui
Le manteau glauque de la mer<br>
:Mètre et rime sont en querelle,
Se groupent en bouquet étrange<br>
:- Théophile Kniatowski.
Trois nymphes, fleurs du gouffre amer.<br>
 
<br>
 
Comme des lis noyés, la houle<br>
:Sur l'écume blanche qui frange
Fait dans sa volute d’argent<br>
:Le manteau glauque de la mer
Danser leurs beaux corps qu’elle roule,<br>
:Se groupent en bouquet étrange
Les élevant, les submergeant.<br>
:Trois nymphes, fleurs du gouffre amer.
<br>
 
Sur leurs têtes blondes, coiffées<br>
 
De pétoncles et de roseaux,<br>
:Comme des lis noyés, la houle
Elles mêlent, coquettes fées,<br>
:Fait dans sa volute d'argent
L’écrin et la flore des eaux.<br>
:Danser leurs beaux corps qu'elle roule,
<br>
:Les élevant, les submergeant.
Vidant sa nacre, l’huître à perle<br>
 
Constelle de son blanc trésor<br>
 
Leur gorge, où le flot qui déferle<br>
:Sur leurs têtes blondes, coiffées
Suspend d’autres perles encor.<br>
:De pétoncles et de roseaux,
<br>
:Elles mêlent, coquettes fées,
Et, jusqu’aux hanches soulevées<br>
:L'écrin et la flore des eaux.
Par le bras des Tritons nerveux,<br>
 
Elles luisent, d’azur lavées,<br>
 
Sous l’or vert de leurs longs cheveux.<br>
:Vidant sa nacre, l'huître à perle
<br>
:Constelle de son blanc trésor
Plus bas, leur blancheur sous l’eau bleue<br>
:Leur gorge, où le flot qui déferle
Se glace d’un visqueux frisson,<br>
:Suspend d'autres perles encor.
Et le torse finit en queue,<br>
 
Moitié femme, moitié poisson.<br>
 
<br>
:Et, jusqu'aux hanches soulevées
Mais qui regarde la nageoire<br>
:Par le bras des Tritons nerveux,
Et les reins aux squameux replis,<br>
:Elles luisent, d'azur lavées,
En voyant les bustes d’ivoire<br>
:Sous l'or vert de leurs longs cheveux.
Par le baiser des mers polis&#x2009;?<br>
 
<br>
 
A l’horizon, — piquant mélange<br>
:Plus bas, leur blancheur sous l'eau bleue
De fable et de réalité, —<br>
:Se glace d'un visqueux frisson,
Paraît un vaisseau qui dérange<br>
:Et le torse finit en queue,
Le chœur marin épouvanté.<br>
:Moitié femme, moitié poisson.
<br>
 
Son pavillon est tricolore&#x2009;;<br>
 
Son tuyau vomit la vapeur&#x2009;;<br>
:Mais qui regarde la nageoire
Ses aubes fouettent l’eau sonore,<br>
:Et les reins aux squameux replis,
Et les nymphes plongent de peur.<br>
:En voyant les bustes d'ivoire
<br>
:Par le baiser des mers polis ?
Sans crainte elles suivaient par troupes<br>
 
Les trirèmes de l’Archipel,<br>
 
Et les dauphins, arquant leurs croupes,<br>
:A l'horizon, - piquant mélange
D’Arion attendaient l’appel.<br>
:De fable et de réalité, -
<br>
:Paraît un vaisseau qui dérange
Mais le steam-boat avec ses roues,<br>
:Le chœur marin épouvanté.
Comme Vulcain battant Vénus,<br>
 
Souffletterait leurs belles joues<br>
 
Et meurtrirait leurs membres nus.<br>
:Son pavillon est tricolore ;
Adieu, fraîche mythologie&#x2009;!<br>
:Son tuyau vomit la vapeur ;
Le paquebot passe et, de loin,<br>
:Ses aubes fouettent l'eau sonore,
Croit voir sur la vague élargie<br>
:Et les nymphes plongent de peur.
Une culbute de marsouin.<br>
 
</div>
 
:Sans crainte elles suivaient par troupes
:Les trirèmes de l'Archipel,
:Et les dauphins, arquant leurs croupes,
:D'Arion attendaient l'appel.
 
 
:Mais le steam-boat avec ses roues,
:Comme Vulcain battant Vénus,
:Souffletterait leurs belles joues
:Et meurtrirait leurs membres nus.
 
:Adieu, fraîche mythologie !
:Le paquebot passe et, de loin,
:Croit voir sur la vague élargie
:Une culbute de marsouin.